Comme nombreux de ses homologues de la Tech, Meta a procédé à des licenciements massifs mercredi 9 novembre. Sur les 80 000 salariés que compte le groupe, 11 000 ont été prévenus par email qu’ils étaient mis à la porte. Gary Yuen, Product Manager pour Facebook, était l’un d’entre eux. Il dévoile les coulisses de ce limogeage.
Les entreprises de la Tech commencent à payer leurs errances stratégiques. Pour Meta, c’est avant tout ses investissements dans le métavers qui inquiètent les investisseurs. Il faut dire que le groupe comptait sur 500 000 utilisateurs actifs par mois. Il y en a moitié moins aujourd’hui. Pire encore, Horizon Worlds ne retient pas les internautes qui l’essaient. Ces derniers abandonnent très souvent cet univers virtuel après un mois.
Résultat des courses, l’action de Meta plonge. En un an, la valorisation du groupe a chuté de 65,68%. Meta vaut aujourd’hui 310 milliards de dollars. Une conséquence corolaire est la dégringolade de Mark Zuckerberg dans le classement des hommes les plus riches du monde. L’entrepreneur possède en effet un nombre important d’actions de Meta. En un an, sa fortune a baissé de 81 milliards de dollars. Son patrimoine s’élèverait, d’après Bloomberg, à 44,5 milliards de dollars.
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Meta : des licenciements sans préavis
Meta a procédé à des licenciements de la même manière que d’autres géants de la Tech (Uber, Twitter…). Les salariés ont été prévenus, le matin même, par email, qu’ils n’auraient plus accès à leur ordinateur et à leur messagerie dans la journée. Les salariés limogés n’ont même pas pu dire au revoir à leurs collègues avec qui ils travaillaient parfois depuis plusieurs années.
Aux États-Unis, la loi protège beaucoup moins les travailleurs qu’en France. Cependant, une législation fédérale régit les licenciements collectifs, ce qui est le cas ici. Si un préavis n’est pas obligatoire pour licencier des salariés, les licenciements collectifs obligent les employeurs à prévenir leurs collaborateurs 60 jours en avance, une précaution que Meta n’a pas prise avant de se séparer de 11 000 employés.
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Le témoignage de Gary Yuen, Product Manager de Facebook
Parmi les personnes licenciées du groupe Meta se trouve Gary Yuen. Gary était Product Manager chez Facebook. Il a travaillé pour Mark Zuckerberg et son réseau social pendant plus de trois ans et demi. Il a lui aussi été mis à la porte sans aucun préavis. Sur LinkedIn, l’ex-salarié de Meta partage un témoignage poignant sur la manière dont se sont déroulés ces licenciements, mais aussi l’impact que cela a eu sur les salariés, une dimension qu’on oublie trop souvent. Voici une traduction de son message :
« Comment dire à mes deux filles que j’ai été licencié ? Mercredi dernier, je faisais partie des 11 000 salariés limogés de Meta.
Ces dernières semaines, j’ai commencé à devenir anxieux en voyant Twitter, Stripe, Lyft et d’autres grosses entreprises annoncer des plans de licenciement. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si cela arriverait à Facebook. J’étais inquiet.
Mercredi matin, à 5 heures du matin, ma chambre était encore plongée dans le noir et froide. Ma femme et mes deux filles dormaient paisiblement. J’ai pris mon téléphone pro avec beaucoup d’anxiété, j’ai rafraichi mes mails sur Outlook. Meta m’informait que j’étais licencié et je suis resté estomaqué.
Pendant un court instant, j’ai pu envoyer quelques derniers messages à mon équipe.
D’abord j’étais perdu : « Je ne peux accéder à Unix, je suppose que cela signifie qu’on me licencie. »
Puis bon nombre d’entre nous avons reçu l’info : « Salut les gars, j’ai reçu l’email. C’était un plaisir de travailler avec vous les gars. »
Et puis, finalement, nous avons eu le message d’erreur : « Votre message n’a pas été envoyé. »
Je me suis senti si rapidement exclu de mon équipe et des connexions que j’avais pu créer avec eux que ça en a été presque surréaliste.
Heureusement, mes collègues et amis m’ont contacté par LinkedIn. Je suis reconnaissant pour tous les messages d’amis et d’ex-collègues qui m’ont écrit pour me soutenir.
Désormais, nous avons un groupe Whatsapp avec mes collègues afin de nous soutenir les uns les autres.
Pour l’instant, je vais me concentrer sur ce que je peux maîtriser et chercher un nouveau job de Product Manager. Je vais aussi prendre du recul sur tout ce que j’ai appris après trois ans et demi d’expérience [chez Meta].
Et qu’est-ce que je vais dire à mes filles ? Je vais pouvoir leur dire que je passerai plus de temps avec elles !
Merci de m’envoyer toute opportunité de Product Manager qui pourrait correspondre à mon profil. »