Procrastination : définition
Le Larousse définit la procrastination comme la « tendance à ajourner, à remettre systématiquement au lendemain. » Concrètement, il s’agit de l’habitude que l’on a tous de toujours trouver une bonne raison pour ne pas réaliser une tâche jugée ennuyeuse. Qui n’a jamais repoussé le moment de faire les courses ou à manger, cédant parfois même à la livraison de repas à domicile, pour éviter de se confronter à ce moment que beaucoup voient comme ennuyeux ?
Cette pratique de la vie quotidienne s’invite de plus en plus dans notre travail. Chaque jour, nous passons du temps consacré à notre activité professionnelle sur d’autres tâches moins importantes, voire sur Facebook ou Instagram. Le fait de procrastiner ne consiste pas à s’affranchir d’une tâche, mais réellement de repousser son échéance, le moment où l’on s’y attèlera, ce qui n’empêche pas le fait de déplacer son échéance continuellement. Cependant, il ne faut pas confondre la procrastination avec les différentes pauses de 15-20 minutes qui sont nécessaires aux collaborateurs pour leur permettre de reprendre du poil de la bête.
Quel type de procrastinateur es-tu ?
Connaître son type de procrastinateur est important pour combattre le problème à sa source. Il existe trois types :
- Le procrastinateur perfectionniste : Si tu fais partie de ce type de personnes perfectionnistes, tu auras tendance à procrastiner de peur d’être jugé par les autres sur la qualité de ton travail. Tu passes alors plus de temps sur des détails, plutôt que d’avancer sur la globalité du projet. Tu te retrouves alors à commettre de nombreuses erreurs, ce qui te plonge dans un cercle vicieux de peur et de jugement externe.
- Le procrastinateur chanceux : Dans ce cas, le profil correspond à des personnes qui travaillent efficacement que lorsqu’elles sont sous pression. C’est pour cette raison qu’elles reportent constamment leurs tâches à la dernière minute. Travailler contre la montre devient donc leur passion.
- Le procrastinateur craintif : Ce type de procratinateur reporte ses obligations sans cesse dans la mesure où il perçoit son travail comme décourageant et désagréable. Cela est étroitement lié au manque de motivation inhérent aux tâches qui deviennent répétitives et vides de sens. Les supérieurs hiérarchiques ne délivrent pas non plus de retours constructifs pour motiver les salariés.
Les sources de la procrastination
L’échec d’auto-régulation émotionnelle
La procrastination résulte de l’incapacité à gérer ses émotions et à constamment vouloir privilégier le plaisir immédiat à l’accomplissement de tâches contraignantes et source de tracas. L’instinct animal de l’homme prend le dessus et pousse l’esprit à chercher des moyens d’évasion.
Xavier Cornette, coach et formateur en Intelligence Relationnelle, alerte sur la question du plaisir momentané : « Le plaisir doit être une conséquence, pas un moteur ». L’avancement sur tes tâches doit être perçu comme une source de satisfaction et de fierté. Entre deux missions, tu peux t’accorder un moment de détente pour te féliciter de ton bon boulot.
Timothy Pychyl, spécialiste en procrastination explique : « Les procrastinateurs savent ce qu’ils doivent faire mais sont incapables de s’y mettre : ils sont dans le fossé entre l’action et l’intention. » Le contrôle émotionnel est donc directement lié à la tendance de procrastination. La peur de l’échec ou de la frustration, le perfectionnisme ou encore la faible estime de soi peuvent être des raisons psychologiques qui favorisent la procrastination.
L’époque dans laquelle nous vivons n’arrange pas non plus la situation et nous incite à constamment repousser l’action.
L’ère des nouvelles technologies
Les nouvelles technologies ont révolutionnés notre manière de fonctionner et d’agir. Ils ont eu un effet d’accélération sur le temps en rendant tout immédiat et à portée de main.
La psychothérapeute Brigitte Prot a mené une analyse sur les raisons de la procrastination et affirmait dans un article du Monde : « Ces dernières années, les nouvelles technologies ont eu pour effet d’accélérer le temps et d’instaurer l’hégémonie de l’immédiat. »
D’après son analyse, le travail est devenu pour la plupart des salariés source d’ennui et de stress. La navigation sur internet, les jeux vidéos et les réseaux sociaux sont a contrario synonymes d’évasion et de liberté.
La procrastination est une solution momentanée pour fuir une situation désagréable, mais qui est tout de même source d’insatisfaction et de manque d’estime de soi sur le long terme.
Lutter contre la procrastination en trois étapes
1- Se fixer des deadlines réalisables
Les délais que tu t’imposes doivent être suffisamment longs pour remplir ta mission et suffisamment courts pour que tu sois obligé de passer à l’action immédiatement.
Les délais trop serrés sont à éviter dans la mesure où ils risquent de te stresser et porter préjudice à ta productivité. Le but n’est pas de présenter un travail bâclé, mais de faire les choses convenablement. Il est donc crucial de définir dès le départ des dates limites réalisables et raisonnables.
L’histoire de Victor Hugo :
Avril 1829 devait être la date de sortie de Notre Dame de Paris. Or, Victor Hugo n’avait pas encore écrit un seul mot du livre. L’éditeur l’a dès lors menacé de poursuite judiciaire. Après de longues négociations et plaidoiries, Victor Hugo réussit à prolonger la date limite jusqu’à décembre 1830. Mais encore une fois, l’échéance n’a pas été respectée et l’éditeur n’avait plus d’autre choix que de poser un ultimatum à l’écrivain : si le livre ne sortait pas dans cinq mois, V. Hugo paierait une amende de 1 000 francs pour chaque semaine de retard (soit 13 000$ aujourd’hui).
La deadline des cinq mois a obligé Victor Hugo à se mettre au travail. Peu de temps après, il s’est acheté un nouveau flacon d’encre et a enfermé tous ses vêtements dans l’armoire pour s’empêcher de sortir. Il ne quittait son bureau que pour manger ou dormir. Il s’est auto-imposé une assignation à résidence.
2- S’imposer des contraintes
Les contraintes sont souvent liées à une privation de liberté de choix et d’action. Or, il faut les percevoir comme un cadre qui te guide et dans lequel tu évolues. Ces règles sont là pour t’aider à rester discipliné et dévoué à ta tâche.
Impose toi des règles comme :
- te déconnecter des réseaux pendant au moins deux heures par jour pour optimiser ta concentration ;
- faire de l’exercice physique pour booster ton énergie ;
- ranger ton bureau ;
- méditer au moins dix minutes par jour pour gérer ton stress et lutter contre l’anxiété ;
- etc.
Pense également aux conséquences négatives que peut engendrer le non respect des délais et de la charge de travail cumulée que tu devras rattraper en moins de temps.
3- Mettre en place un « dispositif d’engagement »
La dernière étape consiste à mettre en place un dispositif d’engagement qui t’enferme dans le suivi d’un plan d’action bien précis. Ces dispositifs ont deux caractéristiques principales : ils sont adoptés volontairement et ils ont des conséquences directes sur la suite de ton travail.
Le dispositif d’engagement de Victor Hugo était de verrouiller ses vêtements dans son placard, d’acheter un flacon d’encre pour commencer l’écriture et de s’empêcher de sortir pour rester concentrer et ne pas céder à la tentation.
Le 14 janvier 1831, Victor Hugo termine enfin l’écriture de son livre qu’il nomme Notre-Dame de Paris. Le livre a été vendu à trois mille exemplaires et est considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus grands succès de l’histoire. L’écrivain français n’aurait jamais fini son best-seller s’il n’avait pas suivi rigoureusement sa stratégie spéciale appelée « la détention à domicile ».
Tu peux t’en inspirer pour combattre la procrastination et terminer tout ce que tu commences dès aujourd’hui.
Procrastination : La motivation ne fait pas tout dans la vie
Si tu as souvent tendance à compter uniquement sur ta motivation pour passer à l’action, tu te retrouveras dans la même situation que Victor Hugo avant l’écriture de son livre, quand il manquait drastiquement d’inspiration. L’attente de motivation conduit à l’échec et au non respect des délais.
La meilleure façon de combattre la procrastination est d’utiliser la stratégie de la « détention à résidence » en trois étapes simples : se fixer des délais réalisables, s’imposer des contraintes, et enfin mettre en place un dispositif d’engagement.