WeWork, géant du coworking qui a vécu ses plus belles années avant le confinement de 2020, pourrait s’apprêter à déposer le bilan dans quelques jours. D’après les informations du New York Times, l’aventure houleuse de cette startup pourrait donc prendre fin après des années de résistance.
L’aventure WeWork n’est pas de tout repos, à tel point qu’elle est au cœur d’une série Apple TV+ baptisée WeCrashed, revenant sur les promesses du fondateur, Adam Neumann, et les épisodes les plus houleux de l’histoire de l’entreprise. Pourtant, après avoir plutôt bien résisté, notamment grâce aux investissements de SoftBank, le géant iconique du coworking pourrait déposer le bilan, après avoir manqué de payer ses intérêts à ses créanciers.
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WeWork : une entreprise complexe à la santé financière balbutiante
WeWork est né en 2010 et a ouvert les portes de son premier espace de coworking en 2011, à Manhattan. La promesse ? Permettre aux startups ou aux entrepreneurs de disposer de petits bureaux, sans avoir à dépenser des fortunes dans la location d’espaces dédiés à leur activité. Entre contrepartie, les locataires bénéficiaient de plusieurs avantages comme un réseau interne permettant d’échanger avec d’autres entrepreneurs, des services de courrier, des afterworks…
Avec les années, les déconvenues vont pourtant s’enchaîner pour WeWork dont la valorisation avait atteint les 48 milliards de dollars en 2019. Cela commence par l’introduction en bourse ratée de 2019 sous We Company. On reproche alors l’incapacité de réaliser des bénéfices du groupe, ainsi que sa gouvernance. Adam Neumann, cofondateur et PDG, est poussé au départ et des révélations sur sa gestion de l’entreprise entachent alors l’image de WeWork.
La même année, alors que la situation financière est complexe pour WeWork, SoftBank tente une opération de sauvetage et investit massivement dans l’entreprise pour racheter 80% des parts. Au total, SoftBank a dépensé 10 milliards de dollars pour cette opération, parmi lesquels 1,7 milliard a été versé à Adam Neumann pour qu’il se retire du poste de CEO. Cette opération aura permis à WeWork de se stabiliser, puis de réaliser une entrée en bourse via une fusion avec une SPAC en 2021.
Adam Neumann au cœur des critiques
Mais celui qui a cristallisé les critiques autour de WeWork, mais aussi entaché sa réputation, c’est son fondateur : Adam Neumann. Au moment de l’entrée en bourse ratée de 2019, plusieurs informations sont publiées autour de la gestion du CEO de WeWork. Il a notamment emprunté de manière significative à sa propre entreprise, pour acheter des biens immobiliers qu’il louait ensuite à sa société, pour qu’elle puisse y installer des bureaux temporaires. Cette opération lui a ainsi permis de s’enrichir sur le plan personnel, tout en empêchant WeWork de devenir pérenne via l’acquisition immobilière.
Mais ce qui a effrayé les investisseurs et le grand public, c’est le retrait de 700 millions de dollars de WeWork, via la vente d’actions et la contraction de dettes, juste avant son IPO. Beaucoup ont vu dans cette action un signe de manque de confiance dans l’avenir du projet. Ses déclarations et son comportement jugé comme celui d’un « leader de culte » ont également été critiqués par les investisseurs et les collaborateurs de l’entreprise.
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WeWork au bord de la faillite
Après avoir résisté tant bien que mal aux frasques de son fondateur et à son instabilité financière, un article publié par le Wall Street Journal, basé sur des sources proches du dossier, évoque la possibilité du dépôt de bilan pour la startup un jour valorisée 48 milliards de dollars. Aujourd’hui, la valorisation de WeWork est de 64,4 millions de dollars. Depuis son introduction en bourse en 2021, l’action de l’entreprise a perdu 99,7% de sa valeur.
Les informations du WSJ évoquent les raisons de ce dépôt de bilan. La startup n’aurait pas payé les intérêts dus à ses créanciers dans le délai de 30 jours qui avait été accordé à WeWork. L’entreprise évoque un délai supplémentaire de 7 jours négocié ce lundi, avant que ne soit déclenché le défaut de paiement. D’après les documents qu’a pu se procurer le WSJ, WeWork devrait 10 milliards de dollars en obligations contractuelles de bail d’ici 2027, puis 15 milliards de dollars à partir de 2028. L’entreprise serait endettée à hauteur de 3 milliards de dollars. Presse Citron a tenté de contacter la filiale française qui n’a pas répondu aux questions de ses journalistes.