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Tribune : À quoi ressemblera l’enseignement supérieur de demain ?

Le COVID a poussé de nombreux secteurs à se réinventer. L’enseignement supérieur et les Grandes Écoles n’ont pas été épargnés. Imen Mejri, directrice du Programme Grande École de NEOMA, revient sur les transformations qui attendent les établissements du supérieur et les étudiants.

 

2022 : l’heure du bilan pour les Grandes Écoles ?

Après deux années de COVID, je crois que 2022 sera une année de bilan, d’analyse et de prise de recul pour l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, et que les Grandes Écoles françaises ont beaucoup à gagner à faire ce travail de diagnostic.

PGE NEOMA Imen Mejri
© David Morganti

Si on regarde quelques instants dans le rétroviseur les deux années que nous venons de vivre, le COVID a bouleversé tant de choses que nous croyions jusqu’ici totalement acquises : en mars 2020, il a, d’un coup d’un seul, remisé au placard les échanges académiques internationaux, la vie associative sur nos campus et même le simple fait d’être assis dans une salle de classe !

Aujourd’hui, pour notre plus grand plaisir à tous et bien que la crise sanitaire ne soit pas terminée, le présentiel est redevenu la règle partout, les échanges ont repris (parfois avec des quatorzaines sur certaines destinations), la vie associative se déploie à nouveau et les évolutions du virus laissent espérer que les périodes de « confinement dur » sont bel et bien derrière nous.

Pour autant, ma conviction est que ce « retour à la normale » que nous appelons de nos vœux ne peut pas et ne doit pas être un retour à ce que nous connaissions en 2019.

 

Continuons à nous challenger comme nous avons été contraints de le faire pendant deux ans

Cette période 2020-2021, bien que difficile et pénible, a aussi été une période particulièrement féconde, qui porte en elle de nombreuses leçons, qu’il serait dommage d’oublier si vite : en quelques mois, les écoles ont montré leur capacité d’innovation en adaptant leur pédagogie à des contraintes nouvelles, de nombreux professeurs ont rivalisé de créativité pour rendre leurs cours plus interactifs et compenser la « Zoom fatigue »…

Une agilité inédite s’est déployée qui doit, à mon sens, continuer à nous inspirer aujourd’hui et nous pousser à aller encore plus loin, pour réellement inventer la pédagogie de demain : en trouvant la bonne articulation entre digital et présentiel, mais pas seulement. Chacun mesure qu’il y a de nombreux moyens pour stimuler l’acquisition de connaissances, la mémorisation, la capacité à formuler et résoudre des problèmes complexes, le développement de savoir-être et que nous sommes loin d’en avoir fait le tour : à nous de continuer à être créatifs et innovants pour poursuivre l’exploration de diverses approches pédagogiques, pour que les apprentissages que nous proposons à nos étudiants soient les plus intéressants, fructueux et agréables possibles. Autrement dit : n’arrêtons pas d’innover et d’être créatifs dans nos programmes et notre pédagogie sous prétexte que nous revenons au présentiel ! D’autant plus que celui-ci démultiplie au contraire les possibilités en pratique : mises en situation et jeux de rôles, expériences sur le terrain, ateliers débats, séminaires de « design thinking », « peer-learning », les possibilités sont innombrables.

 

L’expérience au cœur du monde de demain

Dans un autre registre, ces années difficiles ont eu un autre grand mérite : elles ont rappelé à chacun l’incroyable richesse de l’informel et de l’extra-académique, la valeur du « vivre ensemble » et de la relation humaine : être privé d’une partie de nos interactions sociales habituelles nous a rappelé à tous l’importance de l’humain, le fait que ce qui se joue dans nos écoles, c’est bien de proposer davantage qu’un lieu d’apprentissage. Un campus est d’abord un lieu de vie, un cursus académique est d’abord une expérience individuelle et collective, un cours est bien un voyage intellectuel qui va au-delà des seules heures passées en salle de classe ! Sans oublier le rôle des services Carrières, de la vie associative, des échanges informels avec les professeurs et entre pairs, des rencontres au hasard, des discussions impromptues au contact de gens inspirants.

Il y a donc un enjeu à intégrer pleinement les leçons des deux années que nous venons de vivre. Cela veut dire travailler sur ce qui a bien fonctionné, sur ce qui était mieux que d’habitude et, à l’inverse, sur ce qui nous a manqué ces derniers temps. Cela veut dire imaginer de nouveaux équilibres pédagogiques, soutenir plus que jamais la vie de campus, et sacraliser le bien-être étudiant. Sur ce dernier point, je suis convaincue que l’expérience du COVID rend les Grandes Écoles davantage capables qu’avant d’écouter les préoccupations de leurs étudiants : les cellules de soutien psychologique vont rester en place, les processus d’alerte également, les sensibilités des équipes aux enjeux de souffrance étudiante sont plus affutées que jamais. Rien n’est gagné pour autant : à nous de rester vigilants, désireux de conserver cette posture vis-à-vis de nos étudiants. L’épanouissement de nos étudiants est notre raison d’être !

Enfin, parmi les nombreux bouleversements liés au COVID, il nous faut également tenir compte des transformations du monde du travail, lui aussi fortement impacté par la pandémie.

 

Innover et anticiper sur le monde du travail de demain

La crise du Covid-19 a accéléré un mouvement de transformation des entreprises qui avait déjà commencé. Digitalisation des métiers, hybridation des compétences, multidisciplinarité… nous vivons dans une société en pleine mutation. Notre rôle est de préparer nos étudiants à faire de ces changements de véritables opportunités professionnelles. Cela signifie, entre autres, développer ce que l’on appelle les « soft skills », apprendre à appréhender l’incertitude, et développer ses capacités à apprendre y compris dans des environnements qui n’auront rien à voir avec l’environnement protecteur de la salle de classe. Des compétences déjà au cœur des enseignements des Grandes Écoles, mais qui deviendront de plus en plus critiques.

Notre chance ? Il se dégage aujourd’hui une formidable énergie au sein de nos écoles, car ces défis sont extrêmement stimulants ! Et peu d’institutions académiques sont aussi bien armées que les Grandes Écoles françaises pour réussir à relever ces défis, qui impliquent des innovations académiques et pédagogiques, au service de l’acquisition non pas seulement de connaissances, mais de compétences, sur lesquels les futurs diplômés pourront continuer à s’appuyer tout au long de leur future vie professionnelle.

 

Tribune écrite par Imen Mejri, directrice du Programme Grande École de NEOMA

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