L’école de la République n’est plus ce qu’elle était… C’est le triste constat que font les reporters de M6 durant la réalisation de ce reportage qui sera diffusé ce dimanche 12 novembre sur M6. Pendant un an, les équipes de Zone Interdite ont enquêté au cœur de l’institution scolaire, et ce qu’ils y ont découvert semble invraisemblable. Business Cool a été invité à l’avant-première de ce documentaire, et voici ce que l’on y apprend.
15 millions ! C’est le nombre d’heures que les collégiens et lycéens de France manquent chaque année par manque de professeurs… On comprend mieux pourquoi le ministère a tout fait pour bloquer les demandes de tournage de l’équipe de production de Zone Interdite, et ce, malgré les autorisations de certains directeurs d’école.
Quel avenir pour nos écoles ?
Le budget alloué à l’Éducation nationale est de 59 milliards d’euros, ce qui en fait le budget le plus important de l’État. Et pourtant, l’école ne s’est jamais aussi mal portée. Chaque jour, c’est un professeur sur cinq qui est absent. En seulement 6 ans, le nombre de professeurs est passé de 100 000 à seulement 50 000. En cause ? Un salaire trop peu élevé (1 800€ en début de carrière et 3 000€ en fin de carrière), des conditions de travail qui se dégradent d’année en année et un manque cruel de respect donné par les élèves, et parfois même leurs parents.
En effet, de plus en plus de parents d’élèves insultent et menacent les enseignants. Et dans l’Éducation nationale, un seul mot d’ordre : « Pas de vagues ». Ainsi, de nombreux professeurs en France dénoncent, grâce au hashtag « #PasdeVagues », des situations de plus en plus inadmissibles. En 2023, ce sont près de 1 500 enseignants qui ont pris la décision de démissionner face au manque de reconnaissance et de moyens mis en place par l’État, un chiffre quatre fois supérieur à celui d’il y a dix ans.
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Un rectorat largué ?
Au cours de ce reportage, une journaliste s’est infiltrée dans les services de remplacement des professeurs absents d’un rectorat. Et le moins que l’on puisse dire est que leur fonctionnement est assez archaïque. Pour preuve, le logiciel utilisé est très ancien ; l’État avait prévu de le remplacer en 2007… Toutefois, cela n’a jamais eu lieu. Ainsi, les employés disposent d’un programme contenant un vivier de près de 2 500 professeurs, mais le problème est que le logiciel est tellement daté que certains profils d’enseignants disponibles ne sont même pas visibles et sont donc simplement oubliés. Un comble quand on sait qu’il manque un enseignant sur cinq dans nos établissements publics chaque jour. Les employés de ce service ne prennent même plus le temps de répondre aux appels des parents d’élèves. Concernant les horaires, les employés de ce rectorat sont contraints d’être présents de 9h à 16h… Résultat ? À 16h30, les locaux du rectorat sont tout simplement déserts.
Depuis la pandémie du Covid-19, un nouveau phénomène est apparu pour combler le manque de professeurs : le « Job Dating ». Cette pratique consiste à recruter des professeurs sans diplôme, sous le statut de « Contractuel ». Ces derniers sont donc lancés, sans aucune expérience, devant des classes de 30 élèves, pour le meilleur et surtout pour le pire… Pour preuve, au cours du reportage, une journaliste a réussi à se faire embaucher en tant que professeur d’espagnol après un entretien téléphonique de seulement 15 minutes, qui fut pourtant plus que laborieux. Toutefois, ce phénomène touche également les écoles privées. En effet, une directrice d’établissement témoigne de son quotidien où elle est obligée de poster des petites annonces pour trouver des professeurs sur des sites internet tels que Gens de Confiance. De plus, la directrice elle-même doit parfois redevenir professeur pour pallier les absences.
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Le ressenti de l’équipe de Zone Interdite
Ce reportage arrive dans un moment plus que compliqué pour l’Éducation nationale. En effet, il y a quelques semaines, Dominique Bernard, professeur de lettres au collège-lycée Gambetta-Carnot d’Arras, a été mortellement poignardé dans son établissement. Toutefois, la production tenait à maintenir la diffusion et ainsi montrer tous les dysfonctionnements de l’Éducation nationale.
« Ce reportage, c’est plus d’un an de travail. On a eu beaucoup de difficultés pour le réaliser, on nous a fermé beaucoup de portes, mais on s’est infiltré », explique Julie Pellet, réalisatrice de ce documentaire. Ophélie Meunier souligne : « Je suis très fière et très heureuse de faire bouger les lignes. Ce doc a pour vocation de mettre un grand coup de poing et de faire bouger les lignes. » Symbole de la difficulté de réaliser un reportage dans nos écoles françaises, l’équipe de production souligne ironiquement qu’en France il est plus facile de filmer une prison qu’une école de la République…
