Chine géants Tech menacés
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Pourquoi les géants de la Tech sont-ils menacés par le gouvernement chinois ?

Ces six derniers mois, le gouvernement chinois a multiplié les sanctions et les amendes à l’encontre des plateformes et géants de la Tech de l’Empire du Milieu dont l’influence grandit de manière démesurée. Pourquoi sont-ils menacés ?

 

Le lundi 15 mars, le président chinois, Xi Jinping, a sollicité les régulateurs de la finance et leur a demandé de renforcer le contrôle des entreprises du Web afin de promouvoir une concurrence saine et une protection optimale des données. Il avait également comme ambition d’empêcher l’expansion désordonnée des capitaux, a rapporté la télévision nationale CCTV. Il précise : « les plateformes doivent suivre la direction politique correcte. » 

Le jeudi 18 mars, le gouvernement chinois a convoqué 34 entreprises du numérique et leur a imposé un mois pour corriger toute pratique déloyale mettant en péril la concurrence ou portant atteinte à la vie privée des utilisateurs, sous peine de sévères sanctions. L’autorité de régulation des marchés (SAMR) a même publié sur son site toutes les promesses des différentes entreprises. « Certaines se développent de manière non standardisée et cela présente des risques. Il est nécessaire d’améliorer les lois qui gouvernent l’économie des plateformes afin de combler les vides juridiques », a expliqué le dirigeant chinois, Xi Jinping.

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Les mesures de régulations imposées aux géants de la Tech

Le gouvernement chinois est très attentif à toutes les informations qui pourraient potentiellement porter atteinte à son autorité politique. C’est pour cette raison qu’il a convoqué les géants de la Tech pour limiter leur expansion fulgurante. Les mesures de régulations se sont multipliées : annulation de l’entrée en bourse de la filiale financière d’Alibaba, mise en place de la loi anti-monopole ou encore régulation de la collecte de données.

À titre d’exemple, la plateforme Weibo, le Twitter chinois, s’est engagé à « maintenir une concurrence saine sur sa plateforme et à ne jamais collecter d’informations sur ses utilisateurs au-delà du cadre réglementaire. »

En plus d’Alibaba et de Tencent, la liste des entreprises concernées par les restrictions imposées par le ministère de la sécurité publique (chargé de la police) inclue la maison mère de TikTok, ByteDance, le fabricant de smartphones et d’objets connectés Xiaomi, Kuaishou et NetEase, numéro deux chinois des jeux vidéo.

Lire aussi : Qui est Zhang Yiming, fondateur de ByteDance, maison mère de TikTok ?

 

Alibaba paie le prix fort

Alibaba s’est très fortement imposé dans le monde du commerce en ligne en Chine et est devenu un bel exemple de réussite pour les entreprises du pays. Toutefois, on lui a infligé une amende record de 2,3 milliards d’euros, soit 4% de son chiffre d’affaires, en 2019. Le motif ? Abus de position dominante et pratiques commerciales jugées déloyales. Il est notamment reproché à Alibaba d’imposer à ses vendeurs de commercialiser leurs produits exclusivement sur leur site, chose qui porte forcément préjudice aux concurrents.

De la même manière, Ant Group, filiale d’Alibaba proposant des services financiers (paiements mobiles, plan d’épargne, assurance crédit, prêt, etc.), a été obligée de suspendre son processus d’introduction en bourse suite aux changements de réglementation financière du pays.

La fintech aux 730 millions d’utilisateurs mensuels prévoyait une levée de fonds entre 34 et 37 milliards de dollars à Hongkong et sur le « STAR Market » de Shanghaï, une place financière spécialisée dans les technologies. Sa valeur aurait atteint 318 milliards de dollars, soit un niveau jamais atteint par les banques chinoises ou américaines. Pour continuer à proposer ses services, Ant Group devra se plier à la réglementation bancaire, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent.

 

Un gouvernement chinois très (trop) oppressif ?

Le gouvernement entend par toutes ces restrictions recadrer certains dirigeants jugés trop menaçants envers le régime communiste. D’ailleurs, Jack Ma, fondateur et président d’Alibaba, avait été déclaré disparu fin octobre Le pouvoir communiste du pays aurait également exigé de l’entreprise qu’elle prenne ses distances avec les médias. Cela reflète une inquiétude de la part du gouvernement concernant l’influence que pourrait avoir le groupe de Jack Ma, avait rapporté le Wall Street Journal.

Le Monde s’est d’ailleurs penché sur la question des entrepreneurs chinois critiquant le système. Nous pouvons prendre un exemple, celui du magnat de l’immobilier, Ren Zhiquiang, qui a été condamné à 18 mois de prison. Comme le souligne le quotidien, ces arrestations interviennent au moment où le comité central du parti a pris la décision de renforcer la présence du Parti communiste chinois (PCC) au sein des entreprises.

Ces restrictions ne sont toutefois pas propres au régime communiste, étant donné qu’aux États-Unis, les GAFAM sont également accusés d’abus de position dominante et font l’objet de menaces d’un durcissement de la législation. La Chine a opté pour une approche « très chinoise », souligne M. Towson au Challenge : « D’abord, le laissez-faire pour ne pas entraver l’innovation, puis l’intervention. » 

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