NEOMA Delphine Manceau
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La bio de Delphine Manceau, DG de NEOMA

Il y a maintenant trois ans et demi, Delphine Manceau a pris la tête de NEOMA Business School, forte d’une grande expérience de l’écosystème des écoles de management françaises. La directrice générale de l’établissement se confie sur son parcours, ses succès, ses regrets, mais aussi ses défis dans cet univers très concurrentiel.

 

Le parcours de Delphine Manceau

Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique ?

NEOMA Delphine Manceau
Photo David Morganti

Après ma prépa, j’ai intégré ESCP. À l’issue de mes études, je souhaitais approfondir ce que j’avais appris et comprendre d’où venaient les théories qu’on nous enseignait. J’ai donc décidé de faire un doctorat en marketing de l’innovation, à HEC Paris. Mon travail portait sur les préannonces, une stratégie qui consiste pour une entreprise à annoncer publiquement, plusieurs années à l’avance, les innovations qu’elle va lancer sur le marché. J’ai tenté de comprendre pourquoi certaines entreprises font cela et les effets sur le marché et les concurrents.

Pour financer mes études, je suis devenue assistante pédagogique à HEC Paris. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à enseigner et que j’ai compris que c’était ce que je voulais faire de ma vie professionnelle. Je suis partie faire un post-doc aux USA, à Wharton, auprès d’un des rares chercheurs qui travaillaient sur le même sujet que moi. Quand je suis revenue, j’ai cherché un poste d’enseignant-chercheur et j’ai été recrutée, en 1997, comme professeur de marketing à ESCP.

 

C’est donc le début de votre vie professionnelle ?

J’ai démarré une carrière d’enseignant-chercheur classique avant de devenir responsable de la majeure marketing. À ce moment-là, on m’a proposé d’être en charge de la version française du livre Marketing Management, la bible du marketing de Philip Kotler. Cela m’a permis de toucher à tous les aspects du marketing. C’est un outil privilégié qui fait le pont entre la recherche et la pratique. Cela fait désormais 18 ans que je l’adapte à chaque nouvelle édition !

Après 8 ans, au moment de la mise en place du système LMD en Europe et du processus de Bologne, l’école me propose de prendre la direction du PGE. J’ai donc travaillé sur un nouveau parcours, de nouveaux concours et une nouvelle structure, et ce en lien avec les campus de Londres, Berlin, Madrid, Turin. C’était passionnant ! Un an plus tard, on me propose d’élargir mon périmètre et me confie l’ensemble des programmes diplômants : MSc et MBA.

Après trois ans et une période très intense, je souhaitais revenir à des activités académiques. A l’époque, la France prenait la présidence de l’UE et Christine Lagarde venait de proposer à Pascal Morand, DG d’ESCP, de rédiger un rapport sur le renforcement des capacités d’innovation de notre pays. Comme c’était ma spécialisation, il m’a proposé de le réaliser avec lui. J’ai travaillé dessus pendant six mois et j’ai vu sur quels axes nous pouvions progresser : innovation de business model, d’usage, développement durable… Nous avons alors créé un Think Tank sur le sujet pour travailler avec les entreprises sur les nouvelles manières d’innover et stimuler la compétitivité par l’innovation.

J’avais beaucoup collaboré avec les entreprises et ESCP m’a alors proposé de prendre en main toute la partie corporate : l’Executive Education, l’Executive MBA, les chaires, l’accompagnement carrière… J’ai développé les partenariats et la formation continue pendant près de cinq ans. En 2016, cela faisait 18 ans que j’avais intégré ESCP et je me suis dit qu’il était temps de partir vers de nouveaux horizons.

 

C’est à ce moment-là que vous avez rejoint l’EBS ?

Je suis devenue DG de l’EBS, European Business School. L’idée était de relancer l’école et de renforcer son image et son projet. Ce qui me plaisait, c’est que c’était une petite école, dynamique, avec une forte culture entrepreneuriale. Le réseau d’anciens est aussi incroyable : le PDG de Google France, celui de Publicis dans le monde… Au bout d’un an et demi, j’ai été chassée pour prendre la direction générale de NEOMA, école dans laquelle je suis depuis maintenant trois ans.

 

Les défis de Delphine Manceau

Qu’est-ce qui a guidé votre parcours ?

La première chose, c’est l’amour du métier et de l’enseignement supérieur. Ma mission est double : être au service des jeunes, de leur projet et de leur insertion professionnelle, mais aussi des entreprises et de la compétitivité de l’économie française.

Le deuxième fil rouge est l’innovation. J’ai toujours travaillé sur ce sujet, surtout à NEOMA, avec de très belles réalisations comme le premier campus virtuel en Europe, la création de parcours très innovants à l’international ou notre nouveau campus parisien qui va être un lieu d’innovation pédagogique et entrepreneuriale !

Le troisième volet est l’international. Je suis très impliquée au sein de l’EFMD (qui attribue l’accréditation EQUIS) et dans l’AACSB. Il est très important d’avoir cette vision globale, surtout à un moment où le secteur est en train de se transformer.

 

Quel est votre plus gros succès ?

Ma plus grande fierté, c’est la trajectoire de NEOMA au cours de ces dernières années : les bons classements et la forte attractivité de l’école bien-sûr, mais aussi le fait qu’on ait réussi à prendre des initiatives fortes et à être innovants. Les étudiants, les diplômés, les professeurs et les salariés sont fiers de ce projet commun.

 

Quel est votre plus gros regret ?

J’éprouve un regret sur les sujets femmes-hommes. Les métiers sont toujours aussi genrés. Ça n’a pas diminué en 25 ans de métier. Il y a 20 ans, dans la spécialisation marketing, il y avait 80% de filles. Mon objectif était d’arriver à la parité. Je n’ai pas réussi. J’ai vraiment l’impression qu’on ne progresse pas sur ce sujet. Les garçons sont majoritaires en finance, les filles en marketing et RH. Je me dis que je n’ai pas réussi à faire en sorte que cela change.

 

Le fait d’être une femme a-t-il été un frein dans votre carrière ? Y a-t-il un plafond de verre dans les écoles de commerce ?

Les choses évoluent positivement. Il y a 10 ou 20 ans, il n’y avait quasiment pas de femme à la tête d’une école du top 10. Depuis plusieurs années, j’observe une très belle évolution positive puisque nous avons presque atteint la parité avec 4 femmes DG d’écoles du top 10 [Alice Guilhon – SKEMA, Isabelle Huault – emlyon, Stéphanie Lavigne – TBS, NDLR]. Le plafond de verre a été percé !

J’ai eu la chance de n’avoir jamais souffert d’être une femme dans ma vie professionnelle. Néanmoins, j’ai déjà dû décliner de très belles opportunités à l’international pour des raisons familiales. C’était mon choix et je ne le regrette aucunement, et j’aurais peut-être pris la même décision si j’avais été un homme…

Aujourd’hui je suis très attentive aux sujets d’égalité femmes/hommes dans mes messages aux étudiantes mais aussi aux étudiants,  mais aussi dans le pilotage interne, par exemple sur nos recrutements de professeurs où je veille à maintenir la parité.

 

Vous êtes DG d’une école du top 10, un univers très concurrentiel. Quel est votre plus gros défi ?

Le top 3 ne change pas, mais le reste du top 10 est très mobile et les hiérarchies entre écoles évoluent, tout comme les préférences des étudiants. Nous sommes dans un secteur où nous pouvons faire bouger les lignes. C’est aussi un environnement très stimulant, car les business schools françaises sont excellentes. Nous sommes l’un des pays qui affichent le plus d’écoles accréditées ! La France est le 1er pays dans le classement du Financial Times ! Une vraie énergie se dégage du secteur et cela stimule tout le monde pour prendre des initiatives.

 

L’avenir des écoles de commerce et de Delphine Manceau

Comment voyez-vous l’univers des écoles de commerce dans 10 ans ?

Il y aura trois grandes évolutions. La première sur les pratiques pédagogiques, qui consistera à proposer un présentiel différent. La combinaison entre présentiel et distanciel va évoluer avec des pédagogies complètement distinctes. La deuxième évolution réside dans le changement de modèles économiques des écoles, avec une diversification des sources de revenu. J’observe également une forte tendance en faveur des partenariats stratégiques forts à l’international avec de petits groupes d’écoles.

 

Quel est le next step pour Delphine Manceau ?

Cela fait trois ans et demi que je suis à NEOMA et nous sommes au milieu de notre plan stratégique. Nous ouvrons notre nouveau campus à Paris dans deux mois et nous avons de très projets pour ceux de Rouen et de Reims. Je me vois continuer au sein de l’école. J’adore l’équipe, l’ambiance et je m’amuse beaucoup dans mon travail au quotidien !

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