Afin d’améliorer « son offre d’accueil et de formation« , KEDGE Business school va se lancer prochainement dans un grand projet immobilier de rénovation et d’agrandissement de son campus marseillais, situé au cœur des calanques, sur les hauteurs de la ville. Estimé à 19 millions d’euros, le chantier consiste en une rénovation totale des 20 000m² préexistants au projet avec, à la clé, une baisse de 20% de la consommation énergétique du site. Une extensions de 6600m² est également prévue sur le domaine de Lumniy, situé en dehors des calanques.
Renforcer l’attractivité du campus pour les étudiants internationaux
Pour KEDGE BS, l’objectif affiché est clair : « Cet aménagement s’inscrit dans la stratégie d’accueil d’étudiants internationaux, toujours plus nombreux à choisir KEDGE Marseille pour étudier. Ces publics, avec des attentes particulières, obligent l’école à présenter des standards de qualité de plus en plus élevés tant au niveau des infrastructures que de la qualité de service. »
La fusion en 2013 entre Euromed et BEM, qui avait donné naissance à KEDGE BS, a longtemps pâti de la sur-attractivité de la ville de Bordeaux pour les étudiants – français comme étrangers – par rapport à Marseille. Ce nouveau projet immobilier s’inscrit donc clairement dans la stratégie de rééquilibrage des campus opérée par l’école depuis quelques années et qui semble d’ailleurs aujourd’hui porter ses fruits.
Un projet sous le feu des critiques
Dans son communiqué de presse, KEDGE BS insiste particulièrement sur son engagement en matière d’environnement afin de faire de ce chantier un projet éco-responsable : « Plusieurs études ont été réalisées pour mesurer l’impact environnemental du projet, sur toutes ses dimensions. Un diagnostic écologique du site a notamment été réalisé par un bureau d’études environnementales, NATURAE et MORENCY CONSEIL ENVIRONNEMENT, mettant le point final à la validation du projet par les services de l’Etat dans le département. Conformément aux obligations légales, le projet prévoit de conserver 37 arbres existants sur le terrain et de remplacer les 292 arbres abattus par un nombre au moins équivalent de chênes verts de tailles variées et d’autres espèces d’essences méditerranéennes mieux adaptées au contexte climatique et géologique local. »
L’école met également en avant l’attention toute particulière portée à l’accessibilité en transport en commun de ces nouvelles infrastructures : « La construction sur cette parcelle permet de relier le bâtiment principal de KEDGE au centre névralgique du campus universitaire de Luminy et de la ligne de transport en commun en site protégé en cours de réalisation. L’arrivée de cette ligne de Bus à Haut Niveau de Services (BHNS) sera interconnectée avec l’entrée future de l’école et permettra d’encourager les étudiants, les visiteurs et les collaborateurs de KEDGE à utiliser les transports en commun et ainsi, réduire l’empreinte carbone du campus. »
Pourtant, le projet d’agrandissement du campus est loin de faire l’unanimité. En témoigne la pétition initiée par Georges Aillaud, président du Comité du Vieux-Marseille. Déjà signée par plus de 50 0000 personnes, celle-ci invite KEDGE BS à abandonner purement et simplement ce projet immobilier. Les détracteurs du projet dénoncent le fait que celui-ci implique la coupe de 298 arbres (dont certaines centenaires) et le décapage de plus de 11 000 km² de bois et de garrigue.
De nombreuses associations comme l’Union Calanques Littoral, Sites & Monuments, Calanques 13 littoral, France Nature Environnement, mais aussi l’Atelier Marseillais d’Initiatives en Ecologie Urbaine demandent ainsi une réévaluation de l’impact environnemental du projet et une annulation du permis de construire. Elles dénoncent également la bétonisation croissante du parc des calanques de Luminy, qui accueille une cité universitaire qui s’étend un peu plus à chaque permis de construire délivré.
Dans un article à charge publié sur son site internet, le think tank humaniste (d’aucun diraient altermondialiste, bien que le terme semble quelque peu désuet aujourd’hui) Mr. Mondialisation voit dans ce projet immobilier un « écocide ».
Le bras de fer semble donc loin d’être terminé entre défenseurs et détracteurs du projet d’agrandissement de KEDGE BS.