Robin Lordereau a 22 ans. Il est actuellement en 1er année à l’ISC Paris en Expertise Audit et Contrôle. Il a intégré cette école après deux années de prépas au lycée Français de Vienne, en Autriche. Lors de sa première année d’école il a lancé sa marque de streetwear Éthique et responsable, FRAKAS.
1 – Quand tu as eu l’idée de Frakas, tu étais encore en prépa. Comment t’est venue l’idée et comment a-t-elle germé ?
J’étais encore en prépa lorsque j’ai eu l’idée de créer Frakas. Je me suis très vite réfugié dans ce projet car il me permettait de me motiver pour terminer ma prépa. Je savais qu’une fois finie je pourrais m’y consacrer vraiment à fond. Pour l’idée en elle même, je pense que c’est lié à deux choses. Premièrement j’ai toujours était attiré par le monde de la mode, deuxièmement l’idée de ma première collection assez engagée «Nouvelle France» m’est venu à cause du fait que j’étais loin de la France. En effet, j’ai effectué ma prépa au lycée français de Vienne en Autriche, je n’avais aucune racine avec ce pays et j’avais toujours vécu en France. Pendant ces deux années il y a eu les attentas et beaucoup de problèmes d’identité et de racisme. En tous cas, c’est ce qui ressortait des journaux, quand on est à l’étranger notre regard sur notre pays devient un petit peu celui des journaux et cela donnait vraiment une image très négative que je ne retrouvais pas quand je rentrais à Paris. Voilà pourquoi et comment j’ai eu l’idée de créer cette première collection
Aussi, faites attention quand on commence à réfléchir sur un projet pendant la prépa c’est motivant mais ça peut avoir aussi l’effet inverse car on à l’impression que notre projet n’avance pas, donc faites attention à bien doser !
2 – Quel est le concept actuel de la boîte ?
Le concept de Frakas est vraiment de révolutionner ou au moins donner des pistes pour l’industrie de la mode. D’abord je trouve que toutes les marques responsables (coton bio etc…) ne parlent pas beaucoup aux jeunes, or c’est nous qui devons au maximum modifier nos habitudes de consommations. J’ai donc crée une marque éthique et responsable à l’influence streetwear. Je suis également en partenariat avec trois associations d’écoles de commerce différentes pour permettre de reverser un euro à l’une des associations à chaque achat. L’argent pris en charge par Frakas le consommateur ne dépense donc pas plus. Je veux également utiliser la mode pour traiter des sujets de sociétés, j’ai donc créé la collection KOHESION qui regroupe tous les produits engagés, avec un message. La première série était Nouvelle France qui prônait la diversité culturelle en France, pour le 1er Janvier 2019 J’aimerais lancer WORLD / 19 une collection dénonçant 4 phénomènes de sociétés contre lesquelles il faudrait lutter en 2019, pour faire un bilan le 1er Janvier 2020. Les sujets seraient l’homophobie, le racisme, l’esclavage et le sexisme.
Pour finir j’avais vraiment envie de boucler la boucle pour la question responsable, j’ai donc crée la collection KUSTOM dans laquelle j’utilise l’upcycling, je remets au gout du jour certains vêtements et je peux en plus utiliser des chutes que j’aurais sinon jeté. Les clients peuvent dans quelques années me rapporter une pièce usée au lieu de la jeté, en échange ils repartent avec un bon de 10%, chaque produit de cette collection est fait à la main et chaque pièce est unique, c’est ça le plus sympa, seulement un seul exemplaire J.
3 – Comment a eu lieu le lancement alors même que tu rentrais en école ? Et comment les autres étudiants ont accueilli le projet ?
C’était vraiment sympa car en deux mois ma vie a complètement changé, j’avais mon école et en plus j’avais pu lancer ma boîte alors que 4 mois avant j’étais dans un lycée en prépa.
Il y a une chose qui est assez drôle c’est que je suis incubé par une petite entreprise ce qui me permet d’avoir accès au locaux et à un petit financement chaque année. Cette entreprise organisait un séminaire à Naples le deuxième jour de la rentrée. L’école avait organisé deux jours d’intégration obligatoires avec une note comptant comme une matière dans tout le semestre, j’ai donc dû négocier le premier jour pour qu’il me laisse partir à Naples. J’ai dû négocier plusieurs fois comme ça pendant l’année pour des absences (comme je n’ai pas de contrat de travail) Au niveau des autres étudiants, ça s’est bien passé, je ne suis pas quelqu’un qui en parle énormément. Après j’essaye au maximum de d’échanger avec les associations, comme avec l’association de photo avec qui j’ai réalisé mon premier shooting. J’ai également été en partenariat avec l’association mode pour réaliser des ventes privées et pour l’année prochaine je suis en partenariat avec l’asso humanitaire.
4 – Comment fais-tu pour gérer les cours, les assos et toutes les tâches de ton entreprise (tu es tout seul) ?
Comme je l’ai dit précédemment, je suis incubé dans une petite boîte qui me donne un petit budget par an ainsi que l’accès au locaux, sinon je suis tout seul. Je gère les collections, les partenariats, les SAV, la création du site internet, les shooting photos, les réseaux, la recherche de fournisseurs etc… C’est très complet et c’est cela qui est vraiment sympa !
Vu mon implication dans ce projet je n’ai pas d’obligation d’être dans une asso. J’étais au début de l’année à la JE mais je ne pouvais pas suivre, j’ai donc vite arrêté. C’est pour cela que j’essaye au maximum de faire des choses avec les assos de l’école et FRAKAS, c’est ma façon à moi de participer à la vie de l’école.
Comment j’étais en première année je n’ai pas eu énormément de difficultés pour gérer les cours et l’entreprise. Je mettais juste un peu sur pose FRAKAS 2 semaines au moment des partiels mais ça ne représente que 4 semaines dans l’année, c’est un petit peu plus compliqué lors du stage, car il est difficile d’organiser ses rendez vous !
5 – Que t’apporte ton cursus actuel expertise/audit pour la gestion et le développement de ta boîte ?
Pour être sincère je pense que ça ne m’a rien apporté. J’ai une toute petite entreprise pour le moment et il n’y a pas besoin d’utiliser ce que je vois en cours. L’année prochaine j’aurai des cours sur l’entrepreneuriat, les levées de fonds etc… je pense que cela me sera utile pour FRAKAS surtout si je connais le développement que j’espère.
6 – Tu nous en dis un peu plus sur tes premiers résultats/échecs/succès ?
Je vais d’abord parler de ce que ça fait de lancer un projet. Au début on est vraiment dans une phase d’euphorie qui précède souvent une phase où on a plus trop le moral, ensuite on est dans une phase de réalité que l’on accepte et on se met réellement au boulot.
Je suis super content d’avoir pu créer ça en à peine un an, j’ai un site qui est propre et plus de 15 produits. Mes bases sont très bonnes, je dois travailler des détails mais dans l’ensemble je suis content de moi.
Bien sûr, je ne me dégage aucun salaire. Mais la chose la plus difficile n’est pas ça. Quand on crée quelque chose comme ça, on est tout seul, on travaille beaucoup et les résultats sont minces. Ce qui est dur, c’est de se dire que tu travailles et que les gens ne s’en rendent pas compte. Le petit conseil que je donnerais, c’est qu’à un moment il ne faut plus réfléchir, il faut faire son taff peut importe les retombées, continuer à essayer des choses et se dire qu’un jour ou l’autre arrivera le jour ou ça tombera. En attendant ce jour il faut continuer à bosser même si l’on pense que c’est dans le vide (ce qui n’est pas vrai).
J’essaye de réunir des gens avec des projets pour que l’on se motive et se soutienne justement sur mon instagram, n’hésitez pas à venir.
7 – Quelles perspectives pour Frakas ?
Je souhaite lancer une campagne Ulule dans 1-2 mois. Elle me permettrait de lancer la production d’une veste sur laquelle je travaille depuis 8 mois, 100% coton biologique et 100% Made in paris. De plus, elle me permettrait de lancer la collection pour l’hiver. Le reste servirait à booster ma communication pour avoir plus de visibilité.
J’ai également un show room presse qui arrive fin octobre.
Je suis très content de mon projet, il me faut maintenant plus de visibilité pour faire prendre à FRAKAS une autre dimension.
J’espère que ça a été clair pour toi qui lis cet article, n’hésite pas à venir me parler si tu as encore des interrogations.
Voici mon compte instagram personnel où j’essaye de montrer au maximum mon quotidien, et voilà l’instagram et le site internet de la marque.
Remerciements à Business School pour cette interview !