Après une forte mobilisation de la part des étudiants et un grand engouement médiatique autour de l’affaire Duhamel, Frédéric Mion a cédé et décidé de démissionner de ses fonctions de directeur de l’institution Sciences Po. Retour sur les événements récents qui ont conduit à cette inévitable décision.
Tout commence avec le livre de Camille Kouchner, La familia grande, paru le 5 janvier 2021 aux éditions Le Seuil. Fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner et de la politologue Évelyne Pisier, elle a eu comme beau-père Olivier Duhamel, qui était professeur à Sciences Po et de la Fondation nationale des sciences politiques ; ce jusqu’au 4 janvier 2021.
Le scandale Olivier Duhamel et Sciences Po
Dans son ouvrage, Camille Kouchner met en avant l’inceste dont aurait été victime son frère jumeau. L’auteur présumé de ces faits dénoncés dans La familia grande n’est autre qu’Olivier Duhamel. Les accusations dans l’ouvrage de l’auteur évoquent un crime qui serait intervenu il y a plus de 30 ans et dont les faits sont de facto prescrits.
Cependant, il est important de noter que la juriste Camille Kouchner n’était pas la seule dans la confidence. En effet, comme le révèle Le Monde, Frédéric Mion, directeur de Sciences Po a reconnu avoir été mis au courant de ces accusations d’inceste en 2019 par Aurélie Filippetti. Cette dernière enseigne au sein de l’institution depuis 2017 et aurait déjà alerté le directeur qui a donc fermé les yeux sur cette affaire. Olivier Duhamel n’a donc jamais été démis de ses fonctions et a continué à enseigner, se voyant même confier la grande leçon inaugurale qui a marqué la rentrée 2020.
De son côté, dès que le scandale a éclaté, Olivier Duhamel a préféré démissionner de toutes ses fonctions au sein des institutions pour « préserver les institutions dans lesquelles [il] travaille ». Malgré tout, le mal était fait et les étudiants n’ont pas tardé à s’insurger.
La démission de Frédéric Mion
Il y a peu, le directeur de Sciences Po affirmait encore ne pas être informé de ces accusations. « Il nous a confirmé qu’il n’était pas au courant et qu’il trouvait infamant qu’un membre du conseil puisse dire le contraire », rapporte Thomas Le Corre, président de l’UNEF Sciences Po interrogé par Le Monde. Pourtant, il admettra quelques jours plus tard : « C’est vrai, je n’ai pas réagi après avoir été contacté par cette enseignante. Je n’ai pas percuté. Je n’ai pas entendu ce que cette personne cherchait à me dire. J’aurais dû aller trouver Olivier Duhamel. C’était un devoir élémentaire. Je prends toute la responsabilité de ce manque de prudence, mais la faute s’arrête à moi. J’ai été inconséquent : je suis prêt à l’entendre et à en subir les conséquences », toujours selon les propos rapportés par le Monde.
De leur côté, les étudiants ont immédiatement demandé la démission de Frédéric Mion, comme l’indique le Figaro Étudiant. Sur Twitter, le syndicat étudiant UNEF Sciences Po s’était montré intransigeant vis-à-vis du directeur de Sciences Po, précisant dans un tweet : « Nous vivons cette révélation comme une trahison. Il se dit prêt à en “subir les conséquences” ; il doit démissionner. » Suite à l’article du Monde du 5 janvier, ils ont donc appelé à manifester devant l’école dès le 5 janvier, un mouvement qui a été plutôt suivi du côté des élèves.
Nous participerons demain au rassemblement devant @sciencespo à 8 heures. #miondémission #Duhamel
— UNEF Sciences Po (@unefsciencespo) January 6, 2021
Cependant, dans un message adressé aux étudiants, disponible sur le site de l’établissement, Frédéric Mion indique qu’un rapport « confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement. Il ne désigne aucun manquement dans la manière dont l’établissement a traité cette affaire et aucune défaillance dans notre gouvernance. Il souligne le comportement irréprochable de l’équipe de direction qui m’entoure. »
Il conclut tout de même en indiquant que cette démission reste la meilleure solution, suite à l’affaire Duhamel : « J’ai trop de considération pour les hommes et les femmes qui servent notre école avec talent et passion pour accepter que leur action puisse être affectée par mes décisions.«
