Repérée par le Wall Street Journal lors du CES de Las Vegas 2022, la startup spécialisée dans la DeepTech Wisear annonce une levée de fonds d’un million d’euros. Son cofondateur, Yacine Achiakh, nous en dit plus sur ce projet révolutionnaire !
Le parcours des fondateurs de Wisear
Quel est ton parcours et celui de ton associé ?
Alain Sirois, mon associé, a étudié à l’Imperial College London et est diplômé de CentraleSupélec. J’ai fait l’ESSEC. Nous avons travaillé ensemble pendant cinq ans chez Criteo à Paris, puis à San Francisco. J’étais côté Product Management, lui gérait une équipe de Data Scientists. Nous avons développé un produit à base d’intelligence artificielle que nous avons réussi à scalé à hauteur de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires par an. Après 4 ou 5 ans, on ne se retrouvait plus vraiment dans l’univers de la publicité. Nous avons donc décidé de lancer notre propre entreprise.
L’entrepreneuriat t’intéresse ? Lydia, Respire, Luko… Découvre le parcours de nombreux fondateurs de startups inspirants grâce à notre podcast !
Tout savoir sur Wisear
Quelle est l’origine de Wisear ?
À San Francisco, on fréquentait quelques collaborateurs de Neuralink et on voyait que le monde digital était en pleine expansion, alors que les outils utilisés étaient toujours les mêmes : clavier, souris… Nous avons réalisé qu’il y avait un problème à résoudre et qu’on n’était pas obligé d’attendre 50 ans, que tout le monde ait un implant au cerveau. C’était il y a deux ans.
Nous avons travaillé sur une interface neurale et réfléchi à la manière dont il fallait que ça s’intègre dans les objets du quotidien. Nous ne voulions pas créer un casque de cyborg. Pour s’assurer d’une adoption de cette solution, sans friction, il fallait l’intégrer dans des objets qui embarquent de l’électronique, comme les casques ou les écouteurs sans fil.
S’est ensuite posée la question du business model : est-ce qu’on crée notre propre marque ou non ? On a décidé de plutôt licencier notre technologie et de travailler avec les acteurs déjà présents dans le monde de l’audio.
Tu parles d’interface neurale. Wisear, qu’est-ce que c’est ?
C’est une interface neurale qui peut être connectée aux objets du quotidien et qui permet aux utilisateurs d’avoir des contrôles qu’on dit privés (car il n’y a pas besoin d’utiliser sa voix ou le tactile), rapides et inclusifs. C’est important de comprendre qu’on ne contrôle pas les objets par la pensée. Ce n’est pas possible et ce ne sera pas possible avant longtemps. Toute personne qui vend cette idée est soit un menteur, soit un génie, dans ce cas-là, il faut lui donner tout ton argent.
Pour faire fonctionner Wisear, on se base sur l’activité électrique captée par les capteurs autour de l’oreille et de la tête, l’important est d’avoir un bon contact avec la peau. On mesure ensuite les signaux électriques provenant de l’activité musculaire du visage, de l’activité oculaire ou de l’activité cérébrale, en particulier celle du cortex auditif. Nos algorithmes de traitement du signal et d’IA vont détecter et interpréter ces activités pour mettre sur pause la musique, par exemple.
Où en est le développement de Wisear aujourd’hui ?
Nous avons commencé par l’activité des muscles faciaux. Le premier cas d’usage, c’est la détection du muscle masséter, celui qui permet de mâcher. En le serrant deux fois, je suis capable de mettre la musique sur play ou sur pause. Cette fonctionnalité sera disponible d’ici la fin de l’année.
Fin 2023, nous allons déployer la possibilité de détecter la direction ou le clignement des yeux grâce aux capteurs placés sur l’oreille ou sur le crâne. Enfin, d’ici fin 2024, nous voulons exploiter les réactions du cortex auditif à certains sons. Par exemple, si le capteur décèle que tu n’es plus attentif à une musique, mais plutôt à des sons extérieurs, il sera capable de mettre la musique sur pause et d’enlever la réduction de bruit de tes écouteurs.
Le passage au CES 2022
Tu as proposé ta solution au CES de Las Vegas, comment ça s’est passé ?
Pour nous, c’était un gros événement, car l’ensemble des acteurs à qui nous devons parler pour développer le business étaient présents. Le CES 2022 nous a permis de programmer des réunions avec eux et de bien démarrer notre business development.
Le CES de Las Vegas nous a aussi permis de gagner en visibilité. Notre présence sur place nous a permis d’être repérés par plusieurs médias et d’être dans la sélection des meilleures startups du CES 2022 selon le WSJ. Nous avons vraiment pu voir qu’il y avait un intérêt pour notre produit.
La levée de fonds de Wisear
Aujourd’hui, tu lèves 1M€, comment as-tu séduit les investisseurs ?
La différence entre Wisear et une autre boîte de NeuroTech, c’est que nous avons attendu d’avoir un vrai prototype et d’avoir signé un contrat de prototypage avec un constructeur d’écouteurs avant de lever des fonds. Nous avons pu avoir des business angels stratégiques grâce à cette preuve fonctionnelle et cette preuve business. Notre approche, c’était de faire de créer un produit qui fonctionne et de montrer qu’il marche bien. Kima Ventures, qui n’investit que très peu dans les projets hardwares a été impressionné par notre prototype.
À quoi va servir cet argent ?
L’objectif est simple, nous avons un prototype qui fonctionne bien, mais qui n’est pas encore miniaturisé. Nos objectifs pour 2022 sont de :
- Améliorer l’état du prototype pour qu’il soit le plus proche possible du produit fini.
- Signer un grand nombre de contrats de prototypage pour prouver que nous avons un product-market-fit et que nous avons un avenir.
- Signer un contrat de licence avec un gros fabricant. Cela nous permettra, début 2023, d’être en position de générer du revenu et de réaliser une autre levée.