Disney a révélé avoir enregistré des pertes dépassant le milliard de dollars pour ses films et plus de 500 millions pour sa plateforme de streaming Disney+ au cours de cette année 2023. Parmi les sorties de 2023, quatre peuvent aisément être qualifiées de « flop ». Pourquoi Disney a-t-il subi de telles pertes financières dans son activité historique ? Quels sont les films responsables de ces chiffres ? Et quelles sont les pistes de résolution pour le géant américain ? Business Cool t’explique tout !
Des pertes record pour le studio Disney
Disney a révélé avoir dépensé 965 millions de dollars pour quatre de ses flops, films et streaming, cette année. Pourtant, depuis le retour de Bob Iger à la tête de l’entreprise en novembre 2022, Disney s’était engagé dans une campagne de réduction des coûts. Et pour cause, seulement trois mois après sa prise de poste, Bob Iger déclarait : « réduire les coûts de tout ce que nous produisons car, même si nous sommes extrêmement fiers de ce qui est à l’écran, nous sommes arrivés à un point où cela coûte extrêmement cher ».
Si les budgets des films sont généralement confidentiels, car les studios combinent leur coût dans leurs dépenses globales et ne détaillent pas réellement combien ils ont dépensé pour chacun d’entre eux, Forbes les a révélés cette année :
- Ant-man et la Guêpe : Quantumania a coûté 193,2M$
- La Petite Sirène a coûté 265,2M$
- Indiana Jones et le Cadran de la destinée a coûté 294,7M$
- La série Secret Invasion a coûté 211,6M$
Les dépenses de Disney pour ces quatre films et séries se sont élevées à près d’un milliard de dollars, pourtant ces derniers n’ont été que très peu rentables, malgré parfois des chiffres au box office intéressants.
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Les 4 flops de 2023
Dans l’objectif de se prémunir de telles pertes, Disney avait trouvé une parade. En effet, les productions réalisées au Royaume-Uni bénéficient d’un avantage non négligeable. Les studios doivent créer des sociétés distinctes pour chaque production et obtenir un remboursement en espèces pouvant aller jusqu’à 25% de l’argent dépensé au Royaume-Uni. Disney filme donc de plus en plus de contenu outre-Atlantique. Néanmoins, le Royaume-Uni a accueilli quatre des productions les plus coûteuses du studio cette année et celles-ci ont également été parmi les moins performantes.
Ant-man et la Guêpe : Quantumania
Ant-man est le premier flop de cette année pour Disney. À raison ou à tort ? Le film a tout de même coûté 193,2 millions de dollars en pré-production. Le film de science-fiction était le troisième opus de la série Ant-Man et a été largement critiqué pour ses images générées par ordinateur. Il a rapporté 476,1 millions de dollars dans le monde, ce qui était inférieur à ses deux précédents volets. Les studios conservent environ la moitié des recettes, le reste étant conservé par les cinémas, ce qui donne à Quantumania un bénéfice de 81,9 millions de dollars après avoir encaissé un remboursement de 37 millions de dollars. Néanmoins, le film pourrait bien se retrouver dans le rouge lors du dépôt de ses prochains états financiers, car ils montreront le coût colossal de la post-production et du marketing. Ainsi, malgré ses chiffres intéressants, le film pourrait ne pas être rentable.
La Petite Sirène
La Petite Sirène semblait promise à faire l’unanimité des fans, mais a finalement été un flop. Et pour cause, le film a été qualifié de « woke » pour avoir mis à jour l’histoire du dessin animé classique de Disney de 1989 et a également été critiqué pour son CGI qui faisait ressembler des personnages autrefois mignons à d’étranges extraterrestres. Sand Castle Pictures, la filiale britannique de Disney derrière La Petite Sirène, avait dépensé un total de 265,5 millions de dollars, au 31 août 2021. Le personnel était l’un de ses postes de dépense les plus importants, l’équipe de production culminant à 252 personnes, pour une masse salariale s’élevant à plus de 26,9 millions de dollars.
Les états financiers révèlent que le coût du film devait dépasser le budget de production en raison de l’impact potentiel du COVID-19. L’entreprise a reçu une subvention de 4,1 millions de la part du gouvernement britannique pour l’aider à traverser la pandémie, ainsi qu’un remboursement en espèces de 53,4 millions de dollars.
Les dépenses nettes de Disney pour le film s’élèvent à 212,1 millions de dollars, ce qui lui confère un bénéfice de 70 millions de dollars sur sa part du box-office de 282,1 millions de dollars. Cependant, cela ne s’arrête pas là. Comme Quantumania, ses coûts devraient gonfler dans ses prochains états financiers, puisque le film n’était qu’un mois et demi en post-production à la date des derniers dépôts.
Indiana Jones et le Cadran de la destinée
L’un des grands flops de l’année est évidemment le tant attendu Indiana Jones. En effet, le cinquième opus de la saga Indiana Jones était vivement attendu par les fans. Et pour cause, en novembre 2022, Forbes révélait que Disney avait dépensé 294,7 millions de dollars pour le film. Cela ne couvrait que la pré-production, le tournage et un mois de post-production, donc, tu l’auras compris, les dépenses ne s’arrêtent pas là.
Il a obtenu un remboursement de 55,8 millions de dollars, ramenant ses coûts nets à 238,9 millions de dollars, ce qui signifie qu’il lui faudrait 477,8 millions de dollars bruts pour que Disney atteigne le seuil de rentabilité. Jusqu’à présent, le film n’a rapporté que 357,9 millions de dollars et, comme ses coûts devraient augmenter dans ses prochains états financiers, Disney pourrait finir par subir une perte sur ce qui semblait être un succès infaillible.
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Secret Invasion
Contrairement aux trois films précédemment cités, Secret Invasion est une série diffusée sur Disney+. Si, au premier regard, cette série Marvel avait un grand potentiel, son ton sérieux, ses intrigues à rallonge et son mauvais CGI ont déçu les fans, conduisant notamment le final à devenir l’épisode le moins bien noté de toutes les séries en streaming Marvel.
Tu t’en doutes, contrairement aux sorties en salles, les abonnés ne paient pas pour chaque émission diffusée sur Disney+. Au lieu de cela, ils paient un abonnement unique qui leur donne accès à tous ses nouveaux contenus tout au long de l’année, avec ou sans publicité selon le montant déboursé. Cela rend impossible le calcul du montant des revenus générés par chaque show. Cependant, il n’y a aucun doute sur le coût de réalisation de Secret Invasion, car il a également été tourné au Royaume-Uni.
La série disposait d’un budget de 211,6 millions de dollars. Cela porte la facture totale de ces quatre productions à 965 millions de dollars, et cela n’inclut même pas les coûts de post-production ni marketing. Il n’est pas étonnant que Bob Iger veuille réduire les dépenses…
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Disney+ en perte d’un demi-milliard de dollars
Disney+, le service de streaming du groupe, a enregistré une hausse de 800 000 abonnés au cours du trimestre de juin. À l’inverse, Hotstar, le nom de Disney+ en Inde, a perdu 12,5 millions d’abonnés, soit près d’un quart de ses membres restants. Si ces chiffres paraissent énormes, en réalité, Hotstar ne rapporte quasiment rien. Et pour cause, le revenu moyen par utilisateur de Disney+ est de 6,58 $/mois ; l’ARPU de Hotstar n’est que de 59 cents.
En ajoutant Hulu et ESPN+, Disney compte désormais un total de 219,6 millions d’abonnements au streaming dans le monde. Son rival, Netflix, a terminé le mois de juin avec 238,39 millions d’abonnés payants dans le monde. L’activité de vente directe au consommateur de Disney a perdu 512 millions de dollars au cours du trimestre de juin. Une aubaine, en réalité, car les analystes s’attendaient à une perte de 758 millions de dollars.
Les dirigeants avaient depuis longtemps ciblé 2024 comme année où Disney+ deviendrait rentable. Cependant, le PDG Bob Iger n’en a pas vraiment parlé ces derniers temps. Il a toutefois un plan pour relancer les revenus. À l’automne, Disney augmentera à nouveau les tarifs de plusieurs de ses forfaits de streaming.