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Les entrepreneurs du digital, aveuglés par le nouveau mythe des start-up du web ?

Alors que la station F ouvrait ses portes cet été et que les premiers entrepreneurs prenaient possession des lieux quais d’Austerlitz, la sphère entrepreneuriale est depuis quelques années sous le feu des projecteurs de tous les medias grand public, comme l’a montré le traitement intense par la presse nationale de l’inauguration du plus grand incubateur au monde par le président de la République Emmanuel Macron. L’accent est souvent mis sur les fulgurantes réussites du XXIème siècle que sont devenus en quelques années Amazon, Airbnb et autres GAFA, et sur les success stories d’entrepreneurs à la Mark Zuckerberg ou Lary Page, milliardaires à la trentaine. Dès lors les nouveaux entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans la création d’une start-up du web sont-ils sensibles à cette mythologie construite par les médias autour de ces nouveaux héros des temps modernes ? Il semble bien que oui !

Deux enseignants-chercheurs de l’Institut Mines-Télécom (IMT), Flavien BAZENET et Thomas HOUY ont mené l’enquête afin de mieux comprendre le niveau d’adhésion des entrepreneurs du digital à la mythologie entrepreneuriale créée par les médias grand public. Cette étude inédite a été réalisée à partir d’une enquête menée entre 2007 et 2014 auprès de 82 860 « porteurs de projets » en partenariat avec l’Observatoire Permanent des Porteurs de Projet des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI).
Conclusion de cette enquête, les entrepreneurs du web se montrent sensiblement plus optimistes que les entrepreneurs d’autres secteurs !

S’ils sont plus optimistes, il sont aussi plus critiques, 74% d’entre eux pensent qu’il est difficile ou très difficile de créer son entreprise aujourd’hui en France contre 33% pour l’ensemble des autres porteurs de projets.
Pour autant, 52% s’attendent à voir leur salaire grimper, avec une augmentation élevée ou très élevée par rapport à leur salaire actuel, contre seulement 19% pour les autres entrepreneurs. Surement l’influence des self-made-men du web devenus milliardaires en quelques années dont les parcours bercent les espérances et attisent les envies d’entreprendre.
Ces porteurs de projets digitaux ont également une vision de l’échec bien plus optimiste que la moyenne. 73% disent considérer un éventuel échec comme un élément valorisant auprès d’un employeur, tandis que seulement un tiers des autres entrepreneurs sont de cet avis. Cette évolution des mentalités est particulièrement intéressante en France, pays souvent critiqué pour sa tendance à inhiber l’esprit entrepreneurial et la prise de risque en considérant l’échec comme quelque chose de forcément négatif. Il faut peut être y voir l’influence de la Silicon Valley, porteuse de cet esprit innovant, pour qui l’échec n’est qu’une étape enrichissante, voire indispensable sur le chemin qui mène au succès.
A ce sujet, voir la vidéo d’Idriss Aberkane chercheur affilié à Stanford,  l’échec est un diplôme.

Est-ce alors que les entrepreneurs du web vivent dans des illusions entretenues par les médias ? Sûrement un peu, mais pour pouvoir l’affirmer absolument, il faudrait disposer d’études statistiques révélant effectivement l’augmentation de salaires des entrepreneurs du web, ou encore connaitre l’opinion des recruteurs face à un candidat ayant connu un échec entrepreneurial.
Enfin, aux auteurs de l’étude de conclure : « en tant qu’enseignants-chercheurs notre responsabilité est d’apporter le meilleur éclairage possible et impartial, sur tous les éléments à même de déclencher l’engagement entrepreneurial de nos étudiants. Ces « mythes entrepreneuriaux » doivent donc être portés à leur connaissance. Notre but n’est évidemment pas de dissuader nos étudiants de se lancer mais bien au contraire de les préparer au maximum à tous les aspects de l’environnement des startups, y compris en leur donnant le recul nécessaire sur leur environnement culturel et médiatique ».
Et finalement, peut être seront-ce ces mythes qui pousseront le futur Mark Zuckerberg français à se lancer et à éclore dans les prochaines années, et qui sait, peut être au sein des 3000 « porteurs de projets » du plus grand incubateur du monde des quais d’Austerlitz.

 

 

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