Il y a quelques semaines, la Domino’s Ligue 2, deuxième échelon du football français, a repris ses droits. Cette division regroupe 20 équipes qui peuvent rêver d’une accession en Ligue 1. C’est l’objectif affiché par de nombreux clubs étant donné qu’une 5ème place au classement peut potentiellement permettre d’être promu. En effet, à la fin de la saison, les deux premières équipes du classement montent en Ligue 1 tandis que le 4ème et le 5ème disputent un match de play-off dont le vainqueur affronte ensuite le 3ème pour déterminer celui qui disputera un barrage en matchs aller-retour contre le 18ème de Ligue 1.
Une règle assez complexe, il faut bien l’admettre, mais qui permet à plusieurs clubs de revoir leurs ambitions à la hausse dans la perspective de la hausse des droits télés à venir dès la saison 2020-2021. En bas de classement, les deux dernières équipes sont reléguées en National 1 et le 18ème dispute un barrage en matchs aller-retour contre le 3ème de N1.
Considérée comme l’antichambre de l’élite du football français, la Ligue 2 est également la division de tous les dangers puisqu’elle constitue la frontière du monde professionnel. De nombreux exemples montrent qu’une descente en N1 peut être fatale pour un club, à l’image du Mans FC qui revient en Ligue 2 cette saison après 6 ans d’absence et un passage en division d’honneur (DH), championnat régional amateur. D’ailleurs, l’instauration du système de play-offs et barrages par la Ligue de Football Professionnel (LFP) en 2017 témoigne d’une volonté d’offrir plus de garanties et de sécurité aux clubs déjà installés parmi l’élite.
Le budget, nerf de la guerre des clubs de Ligue 2
Pour l’ensemble des pensionnaires de Ligue 2, le budget est le nerf de la guerre, à la fois révélateur et moteur des objectifs fixés en début de saison. Ainsi, parmi les budgets les plus importants, on retrouve les favoris à la montée et les relégués du dernier exercice de Ligue 1, à savoir Caen et Guingamp. Il y a des écarts conséquents entre les budgets, pour preuve, celui du RC Lens (35M€) est 5 fois plus important que celui des promus Rodez (7,1M€) et Chambly (6,5M€).
Néanmoins, la corrélation entre budget et performance n’est pas toujours évidente et se heurte aux résultats du week-end, fort heureusement pour le suspense. De plus, les spécificités et postes de dépense propres à chaque club font que derrière un même budget peuvent se cacher des réalités bien différentes.
Comment se forment les budgets des clubs de Ligue 2 ?
Les budgets des clubs de Ligue 2 se composent de plusieurs types de recettes.
Pour commencer, il y a les recettes de billetterie, bien que ces dernières puissent significativement varier selon les clubs, en fonction des capacités d’accueil et affluences moyennes des différents stades. Lors de la saison 2018-2019, l’affluence moyenne dans les stades de Ligue 2 a été de 6 839 spectateurs. Le RC Lens fait figure d’exception avec 26 000 personnes par match en moyenne.
Les droits TV sont également une source de revenus importante. Ces droits s’élèvent actuellement à 22 millions d’euros par saison, à répartir entre les 20 clubs. Par ailleurs, ces derniers ont droit à une part des droits de la Ligue 1 après déduction de différentes taxes, ce qui augmente le montant à partager. Chaque club se voit attribuer une part fixe puis plusieurs critères sont considérés pour la répartition : les résultats de la saison et ceux des cinq derniers exercices, la licence club (qui encourage les clubs à rénover et développer leurs infrastructures), les efforts faits pour améliorer la formation, la notoriété. Une aide supplémentaire est également accordée aux clubs relégués de Ligue 1. Il n’y a pas de grands écarts entre les droits TV perçus car la part fixe est importante.
Par ailleurs, la saison 2019-2020 sera la dernière avant une forte augmentation des droits TV puisque la LFP a annoncé en décembre dernier le résultat de l’appel d’offres pour le cycle 2020-2024 : Mediapro et BeIN Sports diffuseront la Ligue 2 durant quatre ans contre la somme de 64M€ (par saison), soit une multiplication par trois des droits TV, augmentation dont les clubs se félicitent puisqu’ils en seront les premiers bénéficiaires.
Autre manne financière importante : les contrats de sponsoring. Les sponsors ont une place primordiale dans la vie (économique) des clubs. Parfois à l’extrême, comme le montre le dernier maillot du FC Chambly qui ne compte pas moins de … 10 sponsors ! Ce qui le rend assez illisible.
Le sponsoring maillot est un sujet sensible à la fois chez les supporters qui voient parfois d’un mauvais œil certains partenariats – et qui rêvent d’un maillot immaculé – mais aussi à la LFP qui souhaiterait imposer des restrictions sur le nombre de sponsors.
Enfin, les budgets sont complétés par le merchandising et, dans une moindre mesure, par les subventions de collectivités.
Le classement des budgets de Ligue 2 2019-2020
Club | Budget (en M€) |
---|---|
RC Lens | 35 |
FC Lorient | 25 |
En Avant Guingamp | 25 |
AJ Auxerre | 21 |
SM Caen | 17 |
AS Nancy Lorraine | 15 |
FC Sochaux-Montbéliard | 15 |
Paris FC | 14,5 |
Le Havre AC | 14 |
ESTAC Troyes | 13,5 |
Le Mans FC | 11 |
AC Ajaccio | 10 |
Grenoble Foot 38 | 9,5 |
Valenciennes FC | 9,5 |
Chamois niortais FC | 9 |
Clermont Foot 63 | 8,7 |
US Orléans | 8,5 |
LB Châteauroux | 8 |
Rodez AF | 7,1 |
FC Chambly-Oise | 6,5 |
Sans surprise, on retrouve parmi les plus gros budgets, les clubs qui ont historiquement joué au plus haut niveau du football français comme Lens, Auxerre, Sochaux (tous trois anciens champions de France), Nancy ou encore Lorient et les équipes reléguées de Ligue 1 lors de la saison 2018-2019.
Arrêtons-nous sur quelques cas particuliers :
Le RC Lens, en Ligue 2 depuis la saison 2015-2016, fait figure de grand favori pour une montée en Ligue 1. Tout d’abord en raison de son histoire (58 saisons en première division), histoire récente également puisque les « Sang et or » ont buté sur la dernière marche la saison dernière en s’inclinant en barrage face à Dijon. Un statut de favori appuyé par le budget du club, qui dépasse de 10M€ son dauphin (Lorient). Il faut toutefois savoir que ce budget couvre une charge d’environ 10M€ par saison pour faire fonctionner le centre de formation et exploiter le stade. Des charges structurelles très importantes et bien au-delà des moyennes en Ligue 2.
Le FC Lorient tentera de retrouver l’élite trois ans après l’avoir quittée et à la suite de deux saisons frustrantes terminées aux 7ème et 6ème places sous la houlette de Mickaël Landreau. Pour cela, le club a notamment fait appel à l’entraîneur Christophe Pélissier, adepte des montées (il a hissé Amiens de N1 en Ligue 1 et Luzenac de N2 en Ligue 2). Leur recrue phare, Umut Bozok, meilleur buteur de Ligue 2 en 2017-2018, montre toute leur ambition.
L’En Avant Guingamp et le SM Caen vont, quant à eux, essayer de retrouver la Ligue 1 au plus vite après une saison éprouvante où leur relégation s’est jouée dans les derniers instants de la saison.
L’AJ Auxerre et le FC Sochaux-Montbéliard, pourtant parmi les plus gros budgets de Ligue 2, ont connu une saison 2018-2019 difficile, terminant respectivement aux 15ème et 16ème places. Malgré des moyens conséquents, dus à la présence d’actionnaires chinois à la tête des deux clubs, ces équipes ne parviennent pas à se hisser dans le haut du classement. Pire, le FCSM a un temps été menacé par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) de rétrogradation administrative en N1, avant de se rétracter. Une décision qui a provoqué la colère du Gazélec Ajaccio, relégué sportivement en National 1 la saison dernière et qui espérait être repêché. Le club corse a tout simplement décidé de ne pas faire jouer ses joueurs lors de la 1ère journée de championnat face au Red Star, en signe de protestation.
D’autres clubs ont connu un été compliqué, notamment l’AS Nancy et l’AC Ajaccio, sous la menace d’une rétrogradation, menace finalement levée. La question du budget et des dépenses sera donc surveillée de près au sein de ces deux clubs.
En 11ème position du classement, Le Mans FC retrouve la Ligue 2 après des années compliquées. Le club dispose d’un budget augmenté (4,5M€ la saison précédente en N1) et d’un stade, la MMArena, disposant de 25 000 places. Après une adaptation difficile en début de saison, Le Mans FC retrouve des couleurs dès le mois de novembre.
Dans le bas du classement, les deux promus Rodez et Chambly ferment la marche avec un budget de 6,5M€. L’objectif pour ces deux clubs sera de se maintenir. Et, même si dans ce championnat petit budget rime assez souvent avec relégation (deux des trois plus petits budgets ont été relégués la saison dernière), les « petits poucets » de cette Ligue 2 ont démarré leurs saisons respectives de très belle manière, en trustant la première moitié de tableau durant les toutes premières journées. Malheureusement pour ces deux clubs, la dynamique s’est ensuite inversée.
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