L’année dernière, aux États-Unis, seulement un tiers des nouveaux employés d’Amazon sont restés en poste dans l’entreprise pendant plus de 90 jours. Le reste a démissionné, été licenciés ou mis à pied. Des informations recueillies par le site Engadget met en lumière les facteurs qui expliquent les difficultés de l’entreprise américaine pour retenir ses employés. Une déperdition qui n’est pas sans conséquences pécuniaires : son taux d’attrition coûterait à l’entreprise près de 8 milliards de dollars par an parmi les équipes opérationnelles de terrain.
Le taux d’attrition, c’est quoi ?
Cette notion, généralement utilisée pour la calculer la fidélité des clients à une entreprise donnée, peut-être définie lorsqu’il concerne les salariés comme une décroissance de la main d’œuvre au sein d’une entreprise, pour cause de démission, maladies, départs à la retraite ou encore décès. Le taux d’attrition des employés mesure le nombre de personnes quittant une entreprise sans être remplacés et permet donc de mettre en évidence les problèmes liés à ces départs. Dans le cas d’Amazon, le taux d’attrition oscille entre 70% et 80%. Autrement dit, 7 à 8 employés sur 10, allant du simple préparateur de commandes jusqu’au vice-président, ont quitté l’entreprise au cours de l’année.
Comment expliquer ce phénomène ?
Des conditions de travail décriées
Un rapport du Comité d’hygiène, de sécurité (CHSCT), publié en France en avril 2018, avait fait état des inquiétantes conditions de travail de la branche française de l’entreprise. Plus de 250 employés avaient été interrogés, parmi lesquelles 44% avouent avoir déjà consulté un médecin pour des soucis de santé liés à leur activité professionnelle. 74 % des employés ont également admis avoir déjà contracté des douleurs physiques qu’ils associent à leur job.
Ce constat s’étend aux antennes de l’entreprise américaine à travers le monde, y compris sur son propre territoire. En effet, selon le Strategic Organizing Center (SOC), près de 34.000 ouvriers d’Amazon disent avoir subi des « blessures sérieuses » sur leur lieu de travail l’année dernière, un taux deux fois plus élevé que celui des entrepôts américains.
Un manque de considération de la part d’Amazon
Si le rapport ne mentionne pas explicitement les postes concernés par ces départs réguliers, les employés des entrepôts sont, de fait, davantage sujets à la démission que les postes à haute responsabilité. Selon une autre enquête du New York Times, 3% des effectifs de ces entrepôts quittent leur poste chaque semaine. Un phénomène qui s’explique de la manière suivante : les perspectives d’évolution au sein d’Amazon sont quasi inexistantes pour ces employés, car les formations proposées au sein même de l’entreprise pour permettre aux plus modestes de progresser dans leur domaine ne sont pas gérées de manière optimale. Une situation qui ne semble pas préoccuper l’esprit des responsables de l’entreprise : le taux de roulement a atteint près de 150% l’année passée, soit près du double par rapport aux normes du monde de l’industrie.
Comment Amazon pourrait agir pour endiguer le problème ?
Selon Skeeled, un cabinet d’experts du recrutement, plusieurs actions peuvent être mises en place pour éviter la désertion de l’entreprise par ses salariés :
- Offrir une rémunération plus intéressante et des avantages compétitifs, en faisant preuve de flexibilité notamment.
- Instaurer une relation de confiance entre les membres de l’entreprise
- Être reconnaissant envers ses employés
- Proposer des évolutions de carrières
Dans le cas d’Amazon, ces quatre piliers pour limiter le taux d’attrition semblent défaillants. C’est en tout cas ce qui est régulièrement dénoncé par les salariés de l’entreprise, a fortiori ceux qui travaillent dans les entrepôts. Pas sûr néanmoins que ces indicateurs changent structurellement le rapport entre le géant américain et ses employés.
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La réponse d’Amazon
Amazon a tenu à apporter un éclairage sur ce phénomène qui touche la firme aux États-Unis. Le groupe indique : « Chez Amazon, nous sommes conscients que ce sont nos salariés qui contribuent quotidiennement à notre succès. C’est pourquoi nous évaluons en permanence nos processus afin de nous améliorer. L’attrition est un phénomène auquel tous les employeurs sont confrontés, mais nous voulons faire tout ce qui est possible pour faire d’Amazon un employeur de choix. Nous y parvenons en proposant des salaires et des avantages sociaux attractifs, un environnement de travail sûr et de solides opportunités de développement et de formation qui font leurs preuves et l’objet d’améliorations constantes. »
Il est vrai que, ces derniers temps, des utilisateurs font état, sur les réseaux sociaux – et notamment sur Facebook -, de propositions d’embauche à des salaires défiants toute concurrence. La firme a d’ailleurs redynamisé certains bassins d’emploi en y installant usines et bureaux.
