Comme chaque année, Poets&Quants donne la parole aux écoles de commerce pour faire part de leurs prédictions pour l’année à venir. Même si aucune école n’a réussi à prédire exactement ce qu’il allait se passer en 2020, cette année, de nombreuses écoles de commerce relèvent le défi et partagent leurs pronostics pour les années à venir.
Les sujets qui sont le plus souvent évoqués par les dirigeants et dirigeantes d’écoles de commerce à travers le monde cette année sont des problématiques liées au racisme, au climat ou encore à la pauvreté. Suite aux rebondissements ayant marqué l’année 2020, les dirigeants ont exprimé de vraies préoccupations concernant ces aspects.
Sans plus attendre, voilà les prédictions et les aspirations pour l’année à venir émises par des écoles de commerce !
Tendre vers un monde d’équité et de diversité
Interrogée par Poets&Quants, Dia Draper, la directrice adjointe et responsable de la diversité, l’équité et l’inclusion à la Tuck School of Business précise que les bons leaders sont ceux qui créent un environnement inclusif pour l’ensemble des salariés/étudiants, peu importe leur origine. Elle a d’ailleurs spécifié que les organisations les plus performantes sont celles qui cultivent un dialogue honnête et un débat respectueux visant à cultiver et valoriser les différentes cultures.
Les témoignages de victimes de racisme et d’inégalité raciales ont éclaté au grand jour en 2020. « Cela est exaspérant et déchirant » déplore Dia Draper. L’ensemble des étudiants et du corps professoral et administratif de Tuck BS a d’ailleurs réagi de manière inspirante à ces révélations.
En effet, à Tuck School of Business, le sujet de l’équité raciale est souvent revenu lors des débats en classe et est abordé de manière approfondie lors du cours « Leadership dans l’économie mondiale ». De nombreuses écoles de commerce se sont elles aussi engagées pour cette cause et ont adopté plusieurs mesures en sa faveur.
Dia Draper porte un regard optimiste sur l’année 2021 et annonce : « je vois un futur où nous mettons nos efforts en commun pour lutter contre les préjugés et cultiver un meilleur environnement d’inclusion. »
Faire preuve de plus d’adaptabilité et de flexibilité
Scott DeRue, directeur général de la Michigan Ross School of Business estime quant à lui que « L’année 2020 a été historique et marquante sur tous les fronts. La pandémie du coronavirus a changé notre mode de vie, notre manière de travailler et d’enseigner. Malgré les défis liés à la pandémie, nous entrons en 2021 avec un grand espoir car les vaccins commencent à être déployés dans le monde entier. Pourtant, nous sommes à quelques mois de reprendre la vie telle que nous la connaissions avant la pandémie et nous reconnaissons que, d’une certaine manière, la vie ne sera plus jamais la même. »
Selon lui, l’année 2021 continuera à connaître des perturbations importantes dues à la pandémie et plus particulièrement dans le monde de l’éducation et des affaires.
Alors que certaines industries sont florissantes, d’autres sont en difficulté et mettront peut-être des années à se rétablir. La différence selon Scott DeRue est de savoir si les dirigeants sont tournés vers l’avenir et s’ils saisissent ce moment de crise pour innover et prendre des risques intelligents afin de construire des organisations plus durables et plus résistantes. « La pandémie n’est pas notre premier défi et elle ne sera pas notre dernier, nous avons besoin de dirigeants qui savent préparer leurs organisations à l’inattendu et prendre les devants en période d’incertitude. » conclut-il.
Il en va de même pour l’enseignement. La pandémie a obligé toutes les écoles à adopter de nouvelles modalités, à développer de nouvelles technologies et à repenser les modèles traditionnels d’enseignement. En 2021, nous verrons certaines écoles faire de grands progrès dans l’utilisation de ces nouvelles modalités pour offrir des modèles d’éducation plus accessibles et plus souples. Par exemple, « à Michigan Ross, même avant la pandémie, nous investissions dans les nouvelles technologies d’enseignement numérique et dans des formats de diplôme de MBA plus flexibles et sans frontières pour les étudiants. » déclare le directeur général.
Privilégier les relations internationales
Jonathan Levin, directeur général de Stanford Graduate School of Business souligne un point crucial, à savoir le rôle mondial qu’ont joué les écoles de commerce dans la mobilité étudiante et l’intérêt d’accueillir des étudiants étrangers sur leurs campus.
Les étudiants internationaux apportent richesse et dynamisme aux campus des écoles, et leur présence élargit les perspectives et l’apprentissage de tous les étudiants. Les diplômés internationaux créent des emplois, mettent sur pied des organisations et innovent dans tous les domaines de l’entreprise. « Je prévois et j’espère que l’année 2021 sera marquée par une politique et un environnement culturel plus accueillants pour les étudiants étrangers. »
En effet, cette année a été particulièrement difficile pour les étudiants internationaux, en raison des restrictions en matière de voyage et de santé publique. Stanford s’est à plusieurs reprises jointe à d’autres universités pour s’élever contre les ordres du ministère de la sécurité intérieure qui auraient imposé des restrictions supplémentaires à la capacité des étudiants étrangers à étudier aux États-Unis.
Jonathan Levin conclut : « Si nous avons appris quelque chose de l’année 2020, c’est qu’il n’est probablement pas judicieux de faire des prévisions pour l’année à venir ! Il y a tant de domaines qui ont été perturbés et où des changements rapides sont probables, notamment les nouvelles méthodes d’enseignement, l’importance accrue accordée à l’équité, la manière dont nous préparons les étudiants à faire face aux attentes changeantes des dirigeants d’entreprises et le flou des rôles professionnels et sociaux. »
