Cette histoire assez insolite est sortie pour la première fois dans les colonnes du JDD de la semaine dernière. Selon l’hebdomadaire, la nièce de Marine Le Pen aurait été embauchée par Eduniversal dans l’optique de créer une école de commerce qui s’adresserait aux étudiants du troisième cycle, dont l’enseignement serait centré sur « les cours de sciences politiques et de savoir-vivre à la française ».
Largement relayée par les médias nationaux, l’information a néanmoins été démentie par la principale intéressée dans un communiqué transmis à ce même Journal du dimanche :
« Je démens avoir été « recrutée » par l’entreprise Eduniversal. Je ne suis aucunement en charge de la mise en place « d’un nouvel étage de la société Eduniversal ». Je suis actuellement associée à la création et au développement d’une école dont l’initiative revient au futur PDG qui n’a aucun lien avec Eduniversal. J’ai en effet rencontré M. Martial Guiette, président d’Eduniversal, dans l’unique but de discuter d’une éventuelle convention de consulting marketing dans le cadre du lancement de cette école. En effet, Eduniversal est une société réputée pour le consulting de ce type et a de nombreux clients parmi les grandes écoles françaises. A ce jour d’ailleurs aucune convention n’a été signée. »
Ces déclarations sont corroborées par celles de Martial Guiette, président d’Eduniversal. Contacté par le Figaro, ce dernier affirme avoir rencontré régulièrement depuis juin un groupe de 5 ou 6 personnes – dont Marion Maréchal-Le Pen – afin de travailler à la création d’une nouvelle école de commerce. La mission de l'(ex- ?)politicienne serait de créer un programme et de recruter des intervenants, mais également de trouver des investisseurs pour financer le projet.
Une annonce des plus surprenantes pour des charlatans notoires
Cette annonce est incompréhensible à plusieurs égards. D’abord, le choix d’une personnalité catégorisée extrême-droite sur l’échiquier politique a de quoi surprendre pour incarner un tel projet. Surtout, l’idée même de créer une école de commerce va à l’encontre du business historique d’Eduniversal : faire payer les écoles de commerce pour (bien) figurer dans les dizaines de classements qu’elle produit chaque année, réunis dans un « guide des meilleurs masters » d’environ 1500 pages. La société sévit également depuis l’année dernière sur le net via une plateforme d’inscriptions en ligne nommée « Masters Booking ».
De nombreux directeurs d’écoles s’insurgent depuis des années contre ce modèle peu scrupuleux, à l’instar de Frank Bournois, le directeur de l’ESCP Europe. Ce scandale de l’orientation est entretenu année après année par les « écoles » les plus médiocres de France qui escroquent les étudiants et sont prêtes à payer pour être surévaluées. Bien entendu, Eduniversal aide ces écoles à entretenir l’ambiguïté entre les vrais masters et toutes les autres dénominations mensongères qui polluent le marché des Grandes Ecoles, au détriment des étudiants. Là où le bât blesse, c’est que d’autres institutions tout à fait honorables financent également Eduniversal, car cela leur permet de recruter des candidats forcément crédules par manque d’informations.
Si Eduniversal franchit le pas et créé sa propre école, le conflit d’intérêt – déjà de l’ordre du secret de Polichinelle dans l’état actuel des choses – serait désormais évident… au risque d’un désengagement massif des écoles ?
Business Cool prépare actuellement une enquête à ce sujet, stay tuned !