Récemment, un milliardaire américain nommé Jeff Yass a réussi à sauver TikTok d’un bannissement de l’application sur le sol américain. Néanmoins, TikTok ou sa maison mère chinoise ByteDance subissent une pression constante. En effet, beaucoup soupçonne l’application préférée des jeunes d’être une arme d’espionnage pour Pékin. Mais quid de l’Europe ? Business Cool t’explique tout !
Si toutes les planètes semblaient alignées pour un bannissement total de l’application TikTok sur le sol américain, il n’en est finalement rien. Et pour cause, l’intervention en coulisses du milliardaire américain Jess Yass a permis de sauver l’application chinoise. La raison ? Jeff Yass détient plus de 7% du capital du groupe chinois ByteDance, une participation qui se chiffre à hauteur de 20 milliards de dollars et qui aurait perdu beaucoup de valeur en cas d’interdiction sur le sol américain.
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Une pression constante autour de TikTok aux USA
La saga tumultueuse de TikTok aux États-Unis continue d’alimenter les discussions politiques et économiques. Les préoccupations entourant l’application sont loin d’être nouvelles. En effet, en 2020, l’administration Trump avait déjà tenté de forcer la vente de l’entreprise, mettant en avant deux principales inquiétudes. Tout d’abord, il y a la crainte d’une collecte des données des utilisateurs par le gouvernement chinois, alimentée par des révélations inquiétantes. Une enquête de BuzzFeed News avait révélé que des employés de ByteDance, la société mère de TikTok, avaient eu accès à des données américaines, suscitant des inquiétudes quant à la confidentialité des informations des utilisateurs. La deuxième préoccupation concerne les potentielles campagnes d’influence menées par Pékin via l’algorithme de recommandations de TikTok. Des craintes ont été soulevées quant à l’utilisation de l’application pour influencer des événements politiques, voire des élections. En début d’année, TikTok avait même admis posséder des outils permettant d’augmenter la visibilité de certaines vidéos, soulevant ainsi des questions sur la neutralité de l’algorithme.
Face à ces préoccupations croissantes, le Congrès américain a présenté un projet de loi en mars, donnant au gouvernement le pouvoir d’interdire ou de forcer la vente de technologies étrangères jugées menaçantes pour la sécurité nationale. Et tu l’auras compris, bien que le texte ne mentionne pas explicitement TikTok, l’application est clairement dans le viseur. Cependant, ces efforts ont été entravés par des intérêts financiers et des jeux politiques. Des élus républicains, ayant bénéficié de financements de la part du milliardaire américain Jeff Yass se sont opposés à l’interdiction de TikTok, soulevant des questions sur l’indépendance des décisions politiques dans ce dossier.
Face à l’impasse politique, le gouvernement américain a récemment relancé les négociations avec TikTok, proposant le projet Texas. Cette initiative, similaire au projet Clover en Europe, prévoit que les données des utilisateurs américains soient hébergées exclusivement aux États-Unis dans le cloud d’Oracle. De plus, seuls les employés américains auraient accès aux données sensibles. Washington exercerait également un contrôle sur les nouvelles embauches et les modifications de l’algorithme et de la politique de modération de l’application. Bien qu’un accord préliminaire ait été trouvé avec le Comité sur les investissements étrangers, le dossier reste complexe et politiquement sensible, mettant en lumière les défis de la régulation des technologies numériques à l’ère mondialisée.
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TikTok : une arme pour Pékin ?
TikTok, l’application préférée des jeunes du monde entier, se retrouve au cœur d’une nouvelle controverse. Selon des informations révélées par Forbes, la filiale de ByteDance aurait développé en interne un outil capable de manipuler la visibilité des vidéos sur les flux personnalisés de ses utilisateurs. Cette fonctionnalité, à l’origine conçue pour diversifier les contenus, aurait été exploitée à des fins commerciales, offrant une visibilité accrue aux marques partenaires et aux influenceurs. Cependant, ces révélations soulèvent des questions inquiétantes quant à l’utilisation potentielle de cette technologie par le gouvernement chinois. Et pour cause, les craintes s’intensifient quant à la possibilité que Pékin utilise TikTok comme un outil de manipulation politique à l’étranger. Cette option interne offre la possibilité de doper les comptes sous l’influence directe ou indirecte du gouvernement chinois, amplifiant ainsi la diffusion de propagande, de fausses informations ou de sujets controversés. Ces manipulations pourraient être utilisées pour polariser l’opinion publique et même influencer des élections, suscitant ainsi l’inquiétude des parlementaires américains et justifiant leur volonté d’interdire l’application aux États-Unis.
Ces révélations ne font que compliquer davantage les négociations en cours. Alors que TikTok tente de rassurer les autorités américaines en proposant le stockage des données des utilisateurs américains dans le cloud d’Oracle, cette nouvelle fonctionnalité suscite des préoccupations supplémentaires. Contrairement à d’autres plateformes, le fil personnalisé de TikTok inclut des vidéos de comptes non suivis, augmentant ainsi le potentiel d’influence sur tous les utilisateurs. Bien que l’entreprise affirme que ces vidéos ne représentent qu’une fraction minime de celles affichées, cette révélation ne plaide pas en faveur de l’application dans les discussions avec Washington. De plus, ces préoccupations pourraient également compliquer les relations avec Bruxelles, ajoutant un nouveau chapitre aux défis internationaux auxquels TikTok doit faire face.
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Qu’en pensent les Européens ?
L’ombre de la suspicion plane également sur TikTok en Europe. Et pour cause, une série d’interdictions de l’application s’est abattue sur le vieux continent. Le mouvement a commencé fin février 2023, lorsque la Commission européenne a donné l’ordre à ses employés de supprimer TikTok de leurs smartphones professionnels. Une décision rapidement suivie par le Parlement européen, ainsi que par les gouvernements allemand et danois. Les raisons invoquées sont claires : protéger les données potentiellement sensibles des citoyens européens qui pourraient être interceptées par la Chine, où est basée ByteDance, la maison mère de TikTok.
Ces mesures draconiennes sont apparues seulement quelques semaines après la visite à Bruxelles de Shou Zi Chew, le patron de TikTok. Une visite qui, au lieu de rassurer les autorités européennes, semble avoir renforcé leurs inquiétudes. La société avait admis que les données des utilisateurs européens étaient accessibles à des employés chinois. Une révélation qui a alimenté les craintes concernant la confidentialité des données et la sécurité des citoyens européens sur la plateforme. Face à ces préoccupations croissantes, une enquête est actuellement en cours au sein de la Commission irlandaise de protection des données. Les résultats de cette enquête pourraient avoir un impact majeur sur l’avenir de TikTok en Europe. La méfiance grandissante à l’égard de l’application met en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises technologiques internationales dans un climat de plus en plus soucieux de la protection des données et de la vie privée.
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