Si la réforme des retraites est officiellement entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023, dans les faits, elle n’est pas encore totalement déployée. Et pour cause, plusieurs décrets d’application restent encore à paraître d’ici la fin de l’année. Ainsi, qu’en est-il des auto-entrepreneurs ? Comment gèrent-ils leurs cotisations ? Blank et la FNAE se sont associés à OpinionWay afin de lancer une grande consultation nationale auprès de 2 744 auto-entrepreneurs.
Méconnaissance du fonctionnement du système de retraite
D’après cette étude, 9 auto-entrepreneurs sur 10 n’ont aucune connaissance concrète du fonctionnement de la retraite obligatoire. En réalité, ce résultat témoigne d’une sur-complexité à en comprendre les rouages. Et pour cause, la retraite dite obligatoire se compose actuellement de 2 volets, encore assez méconnus des auto-entrepreneurs.
La retraite de base est une obligation pour toutes les personnes ayant cotisé, prélevée lors des déclarations mensuelles ou trimestrielles du chiffre d’affaires. Les auto-entrepreneurs peuvent choisir entre la CNAV (régime général) et la CIPAV (régime des auto-entrepreneurs libéraux). La CNAV calcule les droits en fonction du revenu moyen des 25 meilleures années, tandis que la CIPAV utilise un système de points sur l’ensemble de la carrière.
La retraite complémentaire, calculée en points, vient en supplément de la pension de base. Elle peut être gérée par divers organismes tels que la RCI, la CIPAV, ou Agirc-Arrco. Toutefois, la connaissance du sujet s’accentue davantage en fin de carrière. Ainsi, si 61% des 18-44 ans admettent être dans le flou vis-à-vis de la réforme, 65% des 60 ans et plus se disent bien informés sur la retraite de base.
« 43% des indépendants seulement déclarent connaître très bien ou plutôt bien le fonctionnement de la retraite de base, 30% déclarent de même pour la retraite complémentaire. Le constat est sans appel, les indépendants méconnaissent le système, y compris les indépendants seniors âgés d’au moins 60 ans qui ne sont que 65% à admettre connaître le système de base. À noter que la méconnaissance est transversale et concerne aussi bien les commerçants que les artisans ou les professions libérales », décrypte Benoît Parraud, directeur des départements Banque, Finance, Assurance et Mobilité, Tourisme, Loisirs et membre du Comité RSE d’OpinionWay.
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Le flou des cotisations
L’étude met l’accent sur l’incapacité des auto-entrepreneurs à se projeter dans l’avenir. Selon ces derniers, 29% des répondants ne savent pas comment valider 4 trimestres de retraite par an et seulement 8% affirment le savoir.
« Ces résultats nous amènent à réfléchir sur la manière dont nous pouvons continuer à remplir notre mission d’accompagnement des indépendants. Dans un monde en perpétuelle évolution, nous avons consciemment renforcé notre engagement à fournir des informations pertinentes et essentielles aux indépendants face aux défis constants que présentent les évolutions sociétales. C’est dans cet esprit que nous mettons à disposition un guide aux auto-entrepreneurs pour les aider à aborder leur retraite », affirme Simon Parisot, cofondateur et CEO de Blank.
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Quelle perception ont les auto-entrepreneurs de la réforme des retraites ?
Si les résultats de cette enquête montrent un flou dans la compréhension de cette dernière par les auto-entrepreneurs, elle permet également de percevoir quelques signaux positifs, liés à la forte médiatisation autour de la réforme des retraites. En réalité, deux aspects de la réforme ont été particulièrement bien assimilés par les auto-entrepreneurs : l’âge légal de départ à la retraite (92%) et le concept du minimum de retraite (76%). Toutefois, moins d’un auto-entrepreneur sur trois perçoit l’impact de la réforme sur leur retraite.
« La Fédération Nationale des Auto-entrepreneurs (FNAE) milite depuis plusieurs années pour qu’un plan d’actions large soit initié par l’État, notamment concernant la pédagogie sur le système des retraites. Aujourd’hui, nous souhaitons alerter les pouvoirs publics sur les enjeux à long terme de cette situation : trop d’auto-entrepreneurs se rendront compte, trop tardivement, que leur retraite est trop faible et que leurs cotisations ont été incomplètes pour parvenir au taux plein ! Heureusement, sous notre impulsion, dans le cadre du PLFSS 2024, les premiers éléments pour une retraite complémentaire correcte ont été enfin mis en œuvre : une hausse globale de cotisations sociales étalée sur 3 ans va permettre à chacun de cotiser effectivement à la retraite complémentaire, ce qui n’était plus le cas depuis 2018 ! Mais il reste du travail pour atteindre une couverture satisfaisante… », confie Grégoire Leclercq, Président de la FNAE.
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