Hier, la nomination de Thomas Froehlicher en tant que directeur général de Rennes School of Business a été rendue publique. Nous avons réalisé la première interview de celui qui dirige l’institution bretonne dont la trajectoire sous son prédécesseur, Olivier Aptel, a été flamboyante. Entre son départ de KEDGE BS et son petit tour de monde, nous avons abordé de nombreux sujets, dont… la vie culturelle rennaise !
Vous avez dirigé Kedge Business School pendant plus de trois ans, quel bilan en tirez-vous ?
Kedge Business School était ma troisième expérience de Directeur Général. Je retiens que l’école a été placée sur de « bons rails » alors qu’à l’été 2014 on lui prédisait parfois un avenir sombre.
A l’issue de l’année académique 2017-2018, moment de mon départ, Kedge Business School avait pris de l’avance sur la réalisation de son plan stratégique à 2020 : au plan financier, avec 103 M€ de revenus et 7 M€ de résultats nets, sans aucunes subventions, le recrutement des nouveaux étudiants très positif (la barre d’admissibilité pour les étudiants issus des CPGE relevée de 0,4 points, une belle performance également sur les bachelors et Msc/MS à Bordeaux, Marseille, Toulon et Paris), en Chine, les accords avec les universités chinoises de Renmin et Shanghai JiaTong consolidés, l’équipe chinoise de Kedge entièrement renouvelée et l’Institut Franco-Chinois en Management des Arts et Design avec la Chinese Academy of Fine Arts (CAFA Beijing) bien engagé, avec nos amis de l’Université Paris Sorbonne (Paris 4 en voie de fusion avec l’UPMC) et des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD).
Durant cette même année, nous avons renouvelé l’ensemble des accréditations internationales et obtenu une full-accréditation EQUIS pour la première fois. Il s’agissait d’un « milestone » pour entrer dans un stade post-fusion. Au plan national, la CEFDG et le Ministère ont accordé deux grades de master à Kedge BS. Une nouvelle organisation s’est mise en en place avec l’émergence d’une culture Kedge, partagée par les différents campus. Le comité exécutif de Kedge a été renouvelée et enrichie par des talents souvent issus d’entreprises privées. De fait, la transition s’est faite en douceur avec José Milano au 1er septembre. Mon départ a précédé de peu celui de François Pierson de sa présidence à l’issue d’un mandat de quatre ans. L’Ecole lui doit énormément et j’ai beaucoup appris à ses côtés. Une belle page de ma vie professionnelle sans aucun doute, en qualité … et en intensité. Aujourd’hui tournée.
On vous a vu gambader dans les Alpes, en Asie ou encore en Russie au cours de ces derniers mois, était-ce une période de remise à plat ou bien un tour de chauffe pour s’imprégner de l’ADN international de Rennes SB ?
En demandant à quitter Kedge après ces trois années, je souhaitais pouvoir faire un « break » que j’ai mis à profit pour passer du temps avec ma famille, voyager et reprendre de bonnes habitudes sportives. En fait, j’ai été très actif grâce à l’EFMD, audit EQUIS, présentations pour préparer des business schools australiennes et russes à entrer dans les processus d’accréditation (EQUIS ou EPAS). Dans ce cadre, j’accompagne aussi plus particulièrement deux écoles de management au Proche-Orient et en Russie comme conseiller (bénévole …), « advisor ». De quoi tourner sereinement cette page … et d’en ouvrir une toute nouvelle. Quand on a le virus …
Rennes SB s’annonce comme une expérience internationale en profondeur et c’est une aspiration pour moi autant que pour la communauté Rennes School of Business dont c’est l’ADN (presque tout le corps professoral est de nationalité étrangère et les étudiants viennent du monde entier). Kedge ou HEC Liège, c’était tout de même pas trop mal non plus de ce point de vue !
Après avoir dirigé KEDGE, un mastodonte au budget à 9 chiffres, qu’est ce qui vous pousse à rejoindre Rennes School of Business, dont la taille est plus modeste ? Avez-vous eu d’autres propositions ?
J’ai eu le temps de m’engager dans plusieurs autres pistes, dont deux autres business étrangères, au nord de l’Europe ou encore une possibilité de professeur invité dans une institution canadienne que j’apprécie énormément. Rennes School of Business m’a séduit pour cette internationalisation en profondeur, l’attractivité de la métropole rennaise, ville de culture (j’ai toujours été un grand fan de la scène rock rennaise, peut-être pour les « un peu » plus vieux que vous ?, Miossec, Marquis de Sade, Niagara, Etienne Daho, parmi d’autres, …), une ville très étudiante (plus de 60.000) et très connectée, French Tech et agréable à vivre. J’aurai le choix entre métro, tramway et vélo pour aller sur le campus. Le TGV place depuis juillet Rennes à 1h30 de Paris et donc encore plus accessible au monde. Une identité bretonne forte et ouverte aux autres.
Peut-être plus important, durant le processus rigoureux de sélection du futur dirigeant, j’ai pris conscience que l’École rennaise avait de très grandes ambitions pour le futur et la volonté d’accélérer encore son développement et son rayonnement. Cela m’a fortement motivé. Parmi les meilleures Business Schools, plusieurs stratégies sont possibles. Elles n’empruntent pas toutes par les mêmes voies, même si la masse critique est un facteur de réussite. Mais avec un budget à 8 chiffres on peut déjà faire de très belles choses dans le monde ! La preuve à Rennes aujourd’hui déjà.
Depuis 2 ans, Rennes School of Business suivait KEDGE au SIGEM. Peut-on dire qu’en vous recrutant, Rennes réalise une belle prise ?
Pour Rennes SB, progresser dans les classements, cela passe forcément par une compétition avec de très belles Écoles en France et à l’étranger. C’est cette compétition qui a donné ses lettres de noblesse aux French Business Schools. J’arrive à Rennes avec 16 années d’expérience acquises dans plusieurs Écoles mais il faut à chaque fois inventer, créer quelque chose de neuf. C’est ce qui me passionne. En réalité, le challenge aujourd’hui, c’est de participer à une transformation radicale de nos Écoles, nouvelles pédagogies, intégration du digital et des nouvelles technologies plus largement, impact accru des recherches sur les spécialités délivrées dans les programmes et l’expertise rendue aux entreprises, sur le territoire de nouvelles alliances avec l’écosystème d’innovation, de développement économique et entrepreneurial, …
Avez-vous déjà des premières idées sur ce que vous aimeriez changer à Rennes SB ? (À part les techniques d’acquisition de followers sur Twitter ?)
Là, il va falloir me laisser un peu plus de temps pour vous répondre… Une prochaine fois ? En tout cas mon arrivée a réveillé mes différents comptes RS, et twitter en particulier. Mon score Klout a repris des couleurs…