Probablement bien plus que n’importe quels autres établissements d’enseignement supérieur, les écoles de commerce évoluent avec, au sein, et souvent, en concurrence avec leur environnement international. En atteste le nombre croissant d’étudiants issus de leurs rangs qui ont pour obligation de valider, au minimum, un semestre d’études et/ou de stage à l’étranger. Mais l’équation est pourtant valable lorsqu’on retourne les forces puisque ces grandes écoles jouent elles aussi de leurs atouts pour attirer sur leurs bancs les étudiants internationaux, souvent gages d’excellence académique. Impossible donc pour ces établissements d’ignorer les évolutions géopolitiques, sociales et économiques du monde du XXIème siècle.
Le magazine Challenges s’est ainsi penché sur les possibles externalités positives engendrées par l’élection du sulfureux 45ème président des Etats-Unis – Donald Trump – ainsi que par la sortie imminente – et effective – de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Deux des récents évènements les plus lourds de conséquences pour la communauté internationale. Une analyse dont nous n’avons donc pas pu faire fi.
Donald Trump, la trump card des business schools françaises ?
Le premier élément que met en avant Challenges dans son article est le coût des formations proposées par ces écoles. Bien qu’objectivement coûteuses, les écoles de commerce françaises ne le sont plus énormément comparativement aux prix affichés par les établissements américains. Un des exemples illustrés dans l’article est celui du coût d’un MBA américain ; 100 000$ par an (environ 93 600€) pour les formations les plus prestigieuses, là où le MBA de l’EDHEC monte jusqu’à 41 000€. Une différence de prix pour le moins abyssale.
Mais ce ne sont pas seulement les prix des formations de nos business schools à la française qui font d’elles d’intéressants choix de formation. La qualité de la formation qui y est prodiguée y est également pour beaucoup. A titre d’exemple, le Financial Times aura en ce début d’année adoubé de la première place le Global MBA de l’INSEAD pour la qualité de son enseignement. Une école de commerce française truste ainsi la première place du podium du magazine Financial Times, une référence internationale en la matière.
Problème pour les écoles de commerce américaines : le message envoyé par Trump à la communauté internationale. Le magazine Challenges aura recueilli les propos de Bernard Ramanantsoa, ancien directeur d’HEC, qui illustrent bien des dangers des choix actuels de la diplomatie Trump, en indiquant que « Quand on ferme un pays, les forces se redistribuent ailleurs ». Bien que le « Muslim Ban » (interdiction d’entrée sur le territoire américain des ressortissants de sept pays musulmans) adopté par Trump, puis rejeté par la justice américaine, ne soit a priori plus à l’ordre du jour, les signaux envoyés par l’administration du fraichement investi président américain ne rassurent pas. Puisqu’une chose est sûre, les citoyens américains ne sont assurément pas les seuls à se sentir concernés par les choix qu’opéreront l’administration Trump.
Ce sont cette fois les propos du directeur de l’Executive Education de l’EDHEC qui auront été rapportés par Challenges, ce dernier nous explique que « les étudiants sont très sensibles au bruit médiatique et géopolitique lorsqu’ils font leur choix pour partir à l’étranger ». Le directeur rapportera également l’exemple d’un étudiant Mexicain qui aura privilégié des études de business en France au détriment des Etats-Unis, expliquant son choix par le décalage qu’il ressent aujourd’hui entre ses valeurs et celles affichées selon lui par les Etats-Unis.
La philosophie protectionniste que semble vouloir adopter Donald Trump n’est pourtant pas la seule chose à représenter une chance pour les grandes écoles françaises. En Europe cette fois, c’est le Brexit qui semble représenter une opportunité pour nos écoles.
« Brexit », ou « heure de gloire des écoles de commerces françaises » ?
Un des échecs les plus patents du Brexit sur l’enseignement supérieur anglais sera sans conteste l’augmentation des frais de scolarité de ses établissements, ces derniers devant ajuster leurs frais de scolarité avec ceux pratiqués à l’international. Comme le rapporte Challenges, les frais annuels de formation post-bac s’élèveraient alors à plus de 20 000€. A titre d’illustration, imaginez devoir payer plus de 20 000€ par an pour une formation dans une école de commerce post-bac à l’IESEG, une des meilleures formations françaises en commerce au niveau post-bac. Des prix loin d’être la norme en France, y compris pour les meilleures formations, bien moins chères donc.
Au-delà du coût financier que représentera donc des études dans une Grande-Bretagne non-européenne, c’est également cette « peur de l’inconnu » qui impactera négativement les établissements anglais. Benoit Arnaud, directeur de l’Executive Education à l’EDHEC indique dans Challenges que « L’avenir incertain de la City rend la ville de Londres moins attractive. Les élèves des MBA comprennent qu’ils pourraient avoir moins d’opportunité de travail à l’issue de leur formation. » Une crainte qui devrait se traduire par des choix opérés par les étudiants (et leurs familles) qui risqueraient de se révéler défavorables aux institutions d’enseignement supérieur anglais.
D’ores et déjà reconnus comme d’excellents centres de formation en finance, HEC et l’EDHEC ne manqueront donc pas de se positionner de manière à bénéficier de la défection de la City comme haut-lieu européen de la finance. Bernard Ramanantsoa poursuit et livre sa vision des choses au magazine et conditionne la réussite de cette entreprise : « Il y a incontestablement une carte à jouer. Pour cela, le gouvernement doit encore améliorer l’image économique du pays, un point majeur pour le recrutement international des écoles de commerce. »
Peut-on pourtant voir dans ces renversements géopolitiques une chance pour les écoles de commerce françaises ? Ne s’agit-il pas simplement des « échecs » des établissements anglais et américains ? Peut-on parler d’opportunités pour nos établissements hexagonaux ? Ce sont des réponses que seuls pourront nous apporter les directeurs de nos différentes écoles de commerces, à condition qu’ils parviennent à surfer sur ce qui s’annonce comme de futurs – et actuels – bouleversements. Toutefois il s’agira d’un travail que devront mener de concert l’ensemble des corps gouvernementaux, de l’Education à l’Economie en passant par la Finance afin de créer des conditions propices au développement d’abord européen de nos business schools, puis enfin international.
Si vous souhaitez lire l’article de Challenges sur lequel nous nous sommes basés, vous trouverez son lien ici : https://www.challenges.fr/emploi/formation/pourquoi-trump-et-le-brexit-peuvent-profiter-aux-business-schools-francaises_451235