Chaque année, et il s’agit là d’une constante, les frais de scolarité des grandes écoles de commerce augmentent. Au cours de l’été 2015, notre enquête avait fait couler beaucoup d’encre, que ce soit dans Le Monde, Le Figaro, dans l’édition papier de Challenges ou encore sur BFM TV…
Pour éviter de telles mésaventures, les écoles publient désormais en avance leurs frais de scolarité et vont même, à l’image de l’ESC Dijon, publier une charte de transparence vis-à-vis de leurs étudiants. L’EMLYON s’était par exemple engagée très tôt dans une démarche de transparence, en publiant des frais de scolarité en hausse de 17%.
Aujourd’hui, c’est au tour de HEC Paris de publier ses frais pour l’année 2016-2017. Rappelons le contexte : Bernard Ramanantsoa, ancien directeur de l’école a été remplacé par le canadien Peter Todd, champion du fundraising lorsqu’il dirigeait la faculté de gestion de l’université McGill (Montréal) : sous son mandat, le budget y a été multiplié par deux !
Désormais, à la tête d’HEC, il veut en faire une école du top 10 mondial des business schools et a expliqué lors des matins HEC-Challenges, que d’après de nombreuses études, chaque tranche de 10 millions d’euros récoltés pour financer des travaux de recherche permet à une école de gagner un rang dans les palmarès internationaux, et qu’il désirait même recruter 20 à 30 professeurs supplémentaires pour réaliser cette progression. Et pour progresser, il n’y a pas d’autre choix : augmenter les frais de scolarité, même ceux du Programme Grande École.
Puisque nous ne doutons pas du fait que les directions d’autres écoles connaissent également ces études, qui peut nous assurer qu’elles ne s’engagent pas aussi dans un processus similaire qui ne donnerait au final qu’une vive hausse des frais de scolarité pour tous pour un rang quasiment inchangé ? De plus, l’école parisienne fait actuellement face à une fronde estudiantine dans la mesure où elle désire faire payer les cours dévalidés en deuxième année, sans qu’aucune mention n’ait été effectuée au préalable auprès des étudiants… Une pétition regroupe déjà 360 signatures.
Néanmoins, pas de hausse excessive à redouter pour les futurs ex-préparationnaires : ceux-ci s’élèvent à 41 700€ pour la totalité de la scolarité (hors césure) des étudiants entrant en 2016. Pour rappels, ceux-ci étaient à 40 500€ pour les étudiants entrés en 2015 et à 36 700€ pour ceux entrés en 2014. Rappelons également qu’HEC est la seule école à proposer, par le biais de sa puissante fondation, des remises allant jusqu’à la gratuité de la scolarité, aux étudiants boursiers de la Fondation HEC (qui inclut aussi des étudiants non-boursiers du CROUS mais aux moyens financiers limités). Fondation qui a levé la bagatelle de 12 millions d’euros en 2015, soit 10 de plus que son objectif initial ! Les autres écoles disposent également de dispositifs d’aides pour les étudiants, à l’image de l’ESCP Europe qui offre la première année aux étudiants boursiers, ou encore de l’EDHEC qui propose des bourses allant de 2000€ à 4000€.
Mais ne croyez pas que les écoles s’amusent à augmenter leurs frais de scolarité pour leur simple plaisir : elles constituent des ressources nécessaires à leur équilibre, suite au désengagement croissant de l’État de ces institutions. Et si toutes les écoles ne visent pas l’excellence mondiale, nombreuses sont celles qui rayonnent régionalement et qui forment des cadres aptes à diriger l’économie locale. Pour elles, ces ressources supplémentaires sont indispensables pour subsister, sinon, elles meurent et le tissu économique national en souffrirait grandement…
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de cet article de Loick Roche, directeur de Grenoble EM !