Les Auvergnats sont connus pour leur club de rugby phare (l’ASM Clermont-Auvergne), leur monopole dans le monde des bistrots parisiens, pour Michelin… mais aussi pour leur école de commerce, ouverte aux lendemains de la Première Guerre mondiale.
Modeste à ses débuts, elle connaît une croissance maîtrisée : en 1939, elle n’accueille que 25 élèves par promo. Cet effectif augmente au cours de la Seconde Guerre mondiale avec l’arrivée d’étudiants des ancêtres de BSB et de l’EM Strasbourg, qui étaient en zone occupée. En 1987, l’école franchit la barre des 100 étudiants par promo avant d’atteindre son pic en 2010-2011 avec 310 recrues, connaissant ainsi une « croissance raisonnée » comme l’affirme Françoise Roudier, sa directrice générale. Si le passé, c’est bieng comme le dirait Zizou ; l’avenir, c’est mieux.
Un centenaire sous le signe des diplômés
Pour fêter ses 100 bougies, l’école clermontoise a désiré mettre en valeur sa composante principale : ses diplômés. Ces derniers sont mis en avant à travers une campagne mettant en évidence les prénoms de ceux qui se sont formés au business au sein de l’institution. Jeunes, vieux, hommes, femmes : les prénoms rappellent la diversité des générations formées, pour une école qui épouse historiquement ces valeurs, dans la mesure où elle accueillait des femmes dès sa première promo !
ESC Clermont x Michelin = true love
Missions, vision et valeurs ont été redéfinies en 2016. La première composante est de disposer d’un ancrage territorial « assumé » à travers ses interactions avec les entreprises, qu’a souligné celui que l’on appelle à Michelin « Monsieur ESC » dans la mesure où ce dernier est « tombé amoureux de l’école ». Présent au conseil de surveillance de l’école, également président de la Fondation ESC Clermont, Jean-Paul Chioccetti souligne la multiplicité des conventions signées avec l’école : alternance, pédagogies, chaires, etc.
Au sein de l’entreprise Michelin, un réseau Back2School (un peu comme l’inverse d’Up2School), a été créé afin de faire vivre les dynamiques de l’école. L’entreprise représentée par le Bibendum fait également confiance à l’école pour sa formation continue, qui y consacre 6 à 7% de sa masse salariale, qui reconnaît sa qualité… et recrute chaque année des dizaines de collaborateurs en stage, en alternance, etc.
Cet ancrage territorial se manifeste aussi à travers l’adhésion de l’école au sein de l’UC2A (Université Clermont Auvergne et Associés) avec trois autres écoles : l’école d’ingénieurs SIGMA Clermont, Vetagro Sup et l’ENSACF (école nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand).
La stratégie de l’ESC Clermont : Cap 2022, Vision 2025
Pour 2022, l’école présente 5 objectifs majeurs ;
- Augmenter le nombre de partenaires accrédités : 33/104 à 45/120 ;
- Augmenter le nombre de double-diplômes avec ces partenaires : de 12 à 20 ;
- Poursuivre l’augmentation du nombre d’étudiants internationaux arrivant : 373 à 420 étudiants ;
- Et celle de ceux partant à l’étranger : de 114 (46 en double-diplôme) à 220 (dont 110 en double-diplôme).
Une business school étant fondamentalement un business, elle se doit de croître. Pour ce faire, l’ESC Clermont développe des programmes reposant sur des passions « différenciantes ».
Le premier d’entre eux est Passion Automobile et Mobilité, en collaboration avec SIGMA Clermont. Elle y dispose déjà d’une spé en marketing automobile où les étudiants s’attellent à trouver le prochain coup de génie afin de succéder au Bibendum. Un Mastère spécialisé accrédité par la CGE, Future Automotive & Mobility Business models, ouvrira en 2020. Y sera certainement étudié un cas vu par (presque) tous les étudiants d’ESC : le fameux Michelin Fleet Solutions.
Le second est la filière passion sport, où une cinquantaine d’étudiants disposent de la possibilité de concilier football, rugby ou autres avec leurs études. Les enseignements développés sont propres à la filière : management du sport, marketing sportif, etc. Sport, sport, sport, 46000% sport.
Enfin, la filière Retail, à l’heure où 90% des achats en France se font encore en physique, mais où le e-commerce bouleverse l’ordre établi. L’école forme les étudiants aux compétences nécessaires dans cet univers en pleine transformation.
Re(cherche)
Du côté recherche, l’école se différencie à travers des travaux de recherche orientés vers des champs peu explorés par d’autres écoles : égalité des chances, RSE, etc. L’école publie une dizaine d’articles par an.
L’école revendique Clermont son côté low tech, qui vise à faire converger savoir-faire artisanal et opportunités du numérique au sein d’une pédagogie qui se veut « immersive et expérimentale ».
Formation continue
Vous connaissez Prizee ? Oui, ce site avec le poisson Bubule qui nous faisait gagner des euros puis des Bubz. Cette entreprise était clermontoise ! Tout comme Domraider, fondée également par Tristan Colombet et cliente des offres de formation continue de l’ESC Clermont. En sus des Michelin et autres grands groupes locaux, la diversité des clients permet à l’école de disposer d’une business unit ouvrant l’accès de sa formation à des professionnels ; activité dont l’exploitation est en général plus rentable que la formation initiale.
Tu veux un campus à l’étranger ? Oui oui oui oui
Pour accroître les recettes, l’école opère une accélération de son développement international. Elle y déploiera notamment ses programmes MBA et BDA et le partagera avec ses universités partenaires. Oui, mais où se situe ce campus ? Pour le trouver, il faudra répondre à ce quiz :
Un développement en ordre de marche
« Croissance raisonnée » affirmait Françoise Roudier: c’est bel et bien le mot d’ordre pour les années à venir : l’école vise à accroître ses effectifs de 1223 étudiants en 2018-2019 à 1925 étudiants en 2024-2025. Son budget est prévu pour passer de 13,1M€ à 18,3M€. La hausse des frais de scolarité est contenue : 1000€ par an pour le bachelor et le PGE pour la rentrée 2018, et certainement 500€ par le bachelor et 1000€ pour le PGE à la rentrée 2020, à confirmer.
Pour Françoise Roudier, directrice générale de l’institution : « L’étudiant n’est pas un client anonyme que l’on diplômerait anonymement. » L’école met en avant sa dimension humaine par la mise en avant de parcours de diplômés. Elle achète par exemple des vidéos à l’une de ses diplômées, Jessica, qui s’est spécialisée dans les vidéos de voyage :
L’école se développera également à travers un agrandissement de 4000m² près de son implantation historique. Le Campus Trudaine 2021, un chantier à 15 millions d’euros, sera financé à travers le levier bancaire.
Pour son développement, l’école se transformera en SAS, avec une somme d’un peu plus de 2,418 millions d’euros apportée par la Chambre de Commerce locale. Cette SAS capitalisera 4 à 5 millions d’euros après souscription de l’ensemble des parts émises par des alumni et des partenaires locaux. Ses statuts sont en cours de rédaction. L’association Groupe ESC Clermont gardera cependant en tête de gouvernance.
Du côté des accréditations, l’école rédige son dossier d’éligibilité AMBA ainsi que sur le dossier EPAS qu’elle vise à obtenir rapidement, en 2019.
A quoi ressemblera l’école du turfu ?
L’école s’attèle à maintenir des liens avec ses diplômés, à l’instar Gilles Chetelat, diplômé à la fin des années 1990, parrain de la promo et entrepreneur à succès (il a fondé StickyAdsTV revendu à Comcast pour 100 millions d’euros).
Pour Gilles Chetelat, les métiers d’aujourd’hui risquent de disparaître. A juste titre, aurons-nous encore des comptables en 2030 ? Rien n’est moins sûr. De même, les machines et l’intelligence artificielles sont de plus en plus puissantes : elles obtiennent des scores de 2000 à des tests de QI. Mais une dimension manque : celle humaine. C’est pourquoi l’éducation ne saurait se substituer à une dimension physique et présentielle.