S’il y a un lieu où les étudiants sont les plus dynamiques en termes de création d’entreprises, ce sont bien les écoles de commerce ! A travers son concours de création d’entreprise, Petit Poucet a pu établir son baromètre de l’entrepreneuriat étudiant et faire ce constat. En se basant sur les 255 candidatures reçues, les profils des étudiants-entrepreneurs étaient les suivants :
- 43% sont en école de commerce
- 39% sont en école d’ingénieurs
- 13% sont à l’université
- 5% sont en école de design
Si l’on peut toujours s’étonner des difficultés qu’éprouvent les universités à insuffler l’esprit entrepreneur à leurs étudiants (qui y sont peut-être imperméables), on ne peut que se féliciter de la dynamique des futurs managers et ingénieurs !
Parmi les écoles les plus représentées, celles de commerce tiennent le haut du pavé encore une fois :
On retrouve ainsi HEC, l’ESSEC ainsi que NEOMA aux premiers rangs, seulement dépassées par CentraleSupélec. Elles devancent toutes ainsi l’École Polytechnique, Sciences Po et l’ENSAD, une école de design. SKEMA et Audencia témoignent aussi de leur dynamique en figurant dans le top 10 !
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Le grand défi des écoles face à l’entrepreneuriat
Ce dynamisme entrepreneurial ne se cantonne pas aux écoles les plus prestigieuses précédemment mentionnées. L’ensemble des écoles de commerce, même de taille plus modestes à l’image de nombreuses écoles post-bac, donnent un coup d’accélérateur en faveur de l’entrepreneuriat. Les initiatives sont toujours plus nombreuses : cours, projets de groupes, concours de pitchs, accès aux incubateurs, etc. Mais à trop ouvrir la voie de l’entrepreneuriat, l’expérience étudiante des entrepreneurs devient extrêmement complexe à gérer.
Le premier défi que doivent relever des écoles est celui de la légitimité des interlocuteurs s’adressant aux étudiants. Qu’il est difficile de trouver des professionnels ayant réussi une ou plusieurs expériences de création d’entreprises, et capables de conseiller de manière adéquate de jeunes étudiants… Si certaines écoles, à l’image de SKEMA qui a récemment accueilli dans son board Géraldine le Meur (entrepreneur à succès ayant récemment lancé un accélérateur à San Francisco), ne trouvent aucun problème pour gérer ces problématiques, de nombreux étudiants d’autres écoles nous ont confié leur manque d’interlocuteurs et déplorent le fait qu’ils apprennent souvent bien plus de choses en visionnant des conférences sur YouTube.
Mais ce premier défi n’est rien comparé au second. Comment les écoles feront-elles pour faire en sorte que les étudiants-entrepreneurs complètent effectivement leur cursus d’étudiant ? Créer une (vraie) entreprise demande du temps, énormément de temps. Et même si la charge de travail est modérée, elle passe souvent totalement au second plan pour l’entrepreneur ! Si celui-ci se retrouve avantagé lorsqu’il voit certaines notions qu’il a déjà expérimentées dans sa création d’entreprise, lui imposer des cours sur des thématiques qui suscitent moins d’intérêt constitue la meilleure voie pour initier le divorce. A l’instar de Jean-Charles Varlet, fondateur de Crème de la Crème, qui a déclaré lors d’une interview à The Young Thinker :
En intégrant l’ESSEC je pensais intégrer le paradis de l’entrepreneuriat, où les idées fuseraient et où l’innovation s’inscrirait dans le cadre de nos cours. Mais loin de là. Nos cours étaient ennuyeux, je ne stimulais plus ma créativité, j’étais en décalage complet.
En 1ère année je séchais les cours pour monter une appli mobile avec un ami et j’ai vite compris que l’école ne nous soutiendrait pas. Peu importe le projet que nous développions, l’essentiel pour l’administration était d’assister aux cours. Avec le recul j’aurais vraiment apprécié obtenir un peu plus de souplesse et de compréhension de leur part.
Si l’ESSEC a été la première école à se doter d’un fonds d’amorçage d’un million d’euros, l’expérience offerte à cet étudiant-entrepreneur a certainement privé l’école d’un talent, d’un alumni hors pair. Ici, on évoque l’ESSEC mais l’expérience aurait pu se produire dans n’importe quelle école…
Ce défi est en réalité multiforme. On pourrait le reformuler de la sorte : « Comment les écoles peuvent accompagner des étudiants qui créent leur entreprise pendant leur cursus ? » Si les incubateurs et les programmes d’accélérations sont fréquents, ils sont souvent adaptés à une création en sortie d’études, après le diplôme. Or, il s’agit bien du pire moment pour lancer sa première entreprise étant donné le coût d’opportunité et le risque d’échec, tous deux très élevés. Aider les étudiants à créer leurs entreprises pendant leurs années d’études est le plus efficace et implique la mise en place de dispositifs permettant aux étudiants de concilier les deux. Par exemple, un aménagement des emplois du temps…
A cet égard, puisse mon école ne pas m’imposer des journées aussi ridicules sur mon emploi du temps… Cela m’empêche d’être présent dans les bureaux de ma petite entreprise et limite les rendez-vous potentiels avec des clients. Situation expliquée longuement par mail, cette dernière n’a pas jugé utile de me répondre, dommage.