Passer de « Que faire de notre corps ? » à « Comment calcule-t-on le montant de TVA à payer sur l’année 2018 ? », de philosophie, mathématiques et histoire à comptabilité, analyse financière et droit des sociétés, de « tu révises quoi ce soir ? » à « on sort où ce soir ? » : le blues post-prépa analysé par Business Cool.
On ne le sait que trop, les heures de cours en école de commerce sont souvent plus propices à travailler nos projets associatifs, préparer les campagnes ou encore à trainer sur Facebook qu’au développement d’un esprit critique ou à l’élargissement de notre culture personnelle. Le contraste avec la classe préparatoire est, la plupart du temps, très déconcertant pour les nouveaux arrivés en école qui ont du mal à trouver leurs marques.
Et ce changement ne se ressent pas seulement au niveau académique. Le rythme de vie est également totalement différent. L’ex-préparationnaire passe d’un emploi du temps ultra organisé, où chaque minute de la journée est planifiée, à un mode de vie où aucune journée ne ressemble ni à la précédente, ni à la suivante.
Les astuces des étudiants
Tous les nouveaux arrivés en école sont concernés par le blues post-prépa. Tous ? Non ! Des anciens préparationnaires lui résistent encore et toujours. C’est le cas de Corentin, étudiant à KEDGE Bordeaux, qui a « l’impression d’avoir un socle culturel de base grâce à la prépa, [qui] est un cursus qui forme notre manière de capter les informations de sorte à ce qu’on ait plus réellement besoin de cours, puisqu’on peut apprendre vite et efficacement de manière quasi autonome. […] L’école, elle, ne fournit que les bases théoriques et énormément d’opportunités pratiques qu’il faut saisir pour apprendre. »
Malheureusement, le contenu académique et le rythme de vie ne sont pas les seuls bouleversements que l’étudiant fraîchement débarqué en école doit encaisser. En effet il est, la plupart du temps, amené à s’installer dans une ville qu’il ne connaît pas. Il doit parfois quitter le cocon familial où il s’était lové pendant la prépa, ou même se confronter au tristement célèbre « théorème de novembre ».
Certains déplorent une changement dans les relations sociales. À l’image de Thibaud, étudiant à l’EDHEC, pour qui « le gros point négatif de l’école par rapport à la prépa, c’est les liens qu’on crée, qui sont beaucoup plus forts en prépa. En école, on connaît énormément de monde. Mais cela reste des relations de surface. On s’en rend compte notamment pendant les vacances, même si on se fait aussi quelques très bons potes. »
Que font les administrations pour remédier au blues post-prépa ?
Face à cette problématique, à laquelle aucune école n’échappe, les administrations adoptent différentes stratégies. La première est de proposer des doubles-diplômes avec les universités et les autres écoles afin de satisfaire la curiosité et la soif de culture de leurs élèves. C’est le cas d’Audencia, par exemple, partenaire de l’école des Beaux-Arts de Nantes, d’HEC avec l’ENSAE ou encore de TBS avec l’ENAC.
Les écoles (ou parfois les associations) tentent également d’organiser des conférences avec des personnalités du monde politique ou économique. Cette année l’EDHEC a ainsi reçu le premier ministre Edouard Philippe. TBS a accueilli une conférence de Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Banque Centrale Européenne. HEC a eu la visite de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve.
Une autre solution, un peu plus surprenante, est de mettre à la disposition des élèves un soutien psychologique. Dans cette veine, KEDGE a créé un Wellness Center sur les campus de Bordeaux, Marseille et Toulon. L’objectif ? « La prévention des risques et le développement de la performance individuelle, scolaire et professionnelle. » Ce service, soumis à un principe de confidentialité, est animé par « des psychologues [qui] proposent des consultations gratuites », « une assistante sociale et une médiatrice […] disponibles pour les problématiques financières et relationnelles » et « des conseillers faisant partie du personnel de l’école, […] formés par des professionnels à écouter et accompagner les étudiants qui rencontrent des difficultés. »
Les conseils de tonton Business Cool
Si l’existence du blues post-prépa est une réalité indéniable, on ne peut cependant pas connaître la proportion d’étudiants qui y sont confrontés. Mais l’existence même d’une expression consacrée et la multitude d’articles de journaux relatifs à ce phénomène peuvent raisonnablement nous faire penser que cette portion est significative. L’important pour vous, futurs L3, est de ne pas vous convaincre que vous le vivrez. Cela pourrait créer un effet de prophétie auto-réalisatrice, que le sociologue Robert K. Merton définit en ces termes dans son livre Social Theory and Social Structure : « C’est, au début, une définition fausse de la situation qui provoque un comportement qui fait que cette définition initialement fausse devient vraie. »
Par ailleurs, il est important de substituer votre investissement en prépa, par une autre activité une fois arrivé en école. La logique voudrait que ce soit dans une association. Cela vous permet en parallèle de tisser des relations et d’emmagasiner de l’expérience. Mais libre à chacun de s’investir dans une activité extérieure telle qu’un sport que vous ne pouviez peut-être pas pratiquer avant.
Soyez patient !
De manière générale, armez-vous de patience. Les premières semaines, voire les premiers mois, peuvent être durs. Mais vous finirez par vous acclimater à la vie en école de commerce. Ayez en tête qu’en prépa on vous donnait. En école, avec les moyens mis à votre disposition, c’est à vous d’aller chercher. On vous offre la possibilité de voyager, de vous investir dans des projets associatifs, de faire du sport, de la musique, du théâtre, de créer votre association, de passer des soirées que vous ne passerez nulle part ailleurs, de faire de l’humanitaire, de l’alternance, des stages à l’autre bout du monde, de rencontrer des étudiants étrangers… Il ne tient qu’à vous de saisir ces opportunités et de tracer votre parcours.