Jean vient tout juste d’être diplômé de l’ESSEC. Très tôt dans sa scolarité, il est attiré par le double-diplôme proposé par la business school de Cergy avec l’école militaire Saint-Cyr. Il nous dévoile les coulisses de cette formation atypique et revient sur son engagement envers l’armée.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Après mon bac ES, je suis allé en prépa ECE au lycée Madeleine Danielou. C’était deux années extraordinaires et très stimulantes intellectuellement grâce à des professeurs incroyables et inspirants. J’ai ensuite intégré l’ESSEC où je me suis engagé dans plusieurs associations dont le BDS, mais aussi Mission Potosi, qui accompagne les enfants boliviens victimes du travail infantile. J’ai aussi réalisé plusieurs stages dont un en contrôle de gestion chez Worldline et un autre en tant que consultant en stratégie chez Corporate Value Associates, à Londres. J’ai ensuite postulé au double-diplôme avec Saint-Cyr.
Qu’est-ce qui t’a séduit dans ce programme proposé par l’ESSEC et Saint-Cyr ?
J’ai appris l’existence de ce double-diplôme grâce à un séminaire de première année sur la prise de décision en situation de stress organisé par des élèves-officiers. J’ai toujours eu cette appétence pour l’armée et je voulais avoir cette expérience unique, différente de ce qu’on fait en école de commerce. Certaines valeurs m’attiraient beaucoup : le dépassement de soi, l’esprit de corps, la rusticité… Ce double-diplôme était fait pour moi ! L’objectif de ce double-diplôme ESSEC-Saint-Cyr, c’est aussi l’occasion de tisser des liens entre la nation et l’armée, entre futurs cadres et futurs chefs militaires.
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Est-ce facile d’intégrer ce double-diplôme ?
Il y a 5 places pour 40 candidatures chaque année. L’ESSEC fait une première sélection sur dossier, CV et lettre de motivation et réduit le nombre de candidats à une quinzaine. Plusieurs membres de Saint-Cyr, dont un colonel, viennent ensuite faire passer des entretiens pendant 30 minutes, à l’issue desquels ils sélectionnent les cinq étudiants qui réaliseront le double-diplôme. Nous devons ensuite réaliser une série de tests médicaux et physiques, mais ils ne sont pas à la hauteur de l’exigence physique attendue par Saint-Cyr durant la formation.
Quel est ton meilleur souvenir de cette expérience ?
Les six premiers mois sont marqués par une pure formation militaire. Pour moi, le point culminant, ce sont les troupes de manœuvres durant lesquelles nous commandons une section de 30 militaires. Pour avoir une phase d’évaluation la plus réaliste possible, plusieurs sections de différents régiments viennent à Saint-Cyr pour se laisser commander par des élèves-officiers lors de simulations de missions. Pendant une demi-journée, j’ai eu l’honneur de commander une section de la Légion étrangère sur un exercice tactique. C’était une expérience très forte, car j’étais face à des militaires qui revenaient du Mali et qui ont l’habitude d’être commandés par des chefs expérimentés.
Qu’est-ce qui t’a plu dans ce double-diplôme ?
C’est une expérience incroyable durant laquelle nous rencontrons des gens assez différents qui ont souvent vécu dans un monde militaire et qui ne sont pas toujours confrontés au monde civil. C’est passionnant de démanteler les stéréotypes que l’on peut avoir sur l’armée. J’ai aussi beaucoup appris sur moi-même, sur la gestion du stress, de la fatigue, la prise de décisions qui vont influencer la réussite ou l’échec d’une mission… C’est du dépassement de soi à la fois physique et mental. Ce n’est pas similaire au management, mais beaucoup de liens peuvent être faits entre le commandement et le management.
Bien sûr, avant de faire ce double-diplôme, il faut être prêt à ramper dans la boue, à dormir peu pendant plusieurs nuits ou à dormir sous une simple bâche, sous la pluie. Il faut être prêt à s’engager 100% pour cette année. Mais je recommande à 300%.
Après ton diplôme tu poursuis ton engagement, notamment avec Le Bleuet de France. Peux-tu nous en dire plus sur cet organisme ?
Le Bleuet de France est une œuvre caritative placée sous l’autorité de l’office national des anciens combattants et des victimes de guerre. Son nom est un hommage aux bleuets qui étaient les seules fleurs qui poussaient dans les tranchées, durant la Première Guerre mondiale. Grâce à des récoltes de fonds, son objectif est de venir en aide aux pupilles de la nation, aux blessés de guerre, aux veuves de guerre, mais également aux victimes du terrorisme. C’est une cause que je trouve très belle et qui a énormément de sens. Nous vivons dans une période difficile, notamment au niveau des attaques terroristes et il est important de rappeler qu’il y a toujours des soldats qui se battent pour la France. J’essaie de donner plus de visibilité au Bleuet de France et je travaille avec d’autres étudiants de l’ESSEC ainsi que l’École de Guerre pour rassembler autour de cette cause.
Comment vois-tu ton avenir ? Souhaites-tu poursuivre dans l’armée ?
Ce double-diplôme ne permet pas de poursuivre sur une carrière de militaire, même s’il est possible de s’engager dans la réserve. Je réfléchis à m’engager dans la réserve, mais je me vois plus évoluer dans le conseil en stratégie pour le moment. C’est un secteur qui m’attire, car il me permettra d’être toujours très stimulé intellectuellement. Je me prépare actuellement pour les process de recrutement.