Première destination internationale des jeunes diplômés français, le Royaume-Uni voit sa popularité en baisse à cause du Brexit.
Au total, ce sont plus de trois millions d’Européens dont 300 000 Français qui résident actuellement au Royaume-Uni. Mais dans un contexte politique mouvementé, avec de nombreuses incertitudes, de moins en moins de jeunes souhaitent s’expatrier là-bas.
Selon une étude du NewGen Talent Center de l’EDHEC, les étudiants n’étaient que 30 % à être très motivés pour travailler au Royaume-Uni après le référendum, contre 47 % auparavant.
Un contexte professionnel jugé moins favorable qu’avant
Si la part des étudiants n’étant pas du tout intéressés par cette destination a grimpé de 9 % à 20 %, c’est notamment à cause des doutes qui émergent quant à la stabilité professionnelle.
Les futurs diplômés ont l’impression qu’ils auront plus de mal à sécuriser leur premier emploi, et qu’à long terme, leur réussite professionnelle au Royaume-Uni est moins assurée qu’auparavant. Ils sont 54 % à penser qu’il sera plus compliqué de trouver un poste, notamment parce que les conditions migratoires qui seront appliquées après le Brexit (dont la date reste encore incertaine) ne sont pas encore connues.
Avec la dépréciation de la livre sterling, le contexte financier semble également moins attractif : 38 % des répondants se déclarent moins enclins à chercher un travail au Royaume-Uni pour cette raison.
Mais le Royaume-Uni reste tout de même la destination numéro 1
Parmi les 354 participants à l’enquête de l’EDHEC, ils étaient tout de même 8 % à privilégier le Royaume-Uni dans leur recherche d’emploi. Ce résultat peut s’expliquer par les parcours suivis par les répondants : Master in Financial Economics et Master in Business Management. Ils sont 55 % à être intéressés par la finance (premier secteur, avant le conseil et les technologies), ce qui peut les pousser à postuler outre-Manche.
Mais bien que le Royaume-Uni reste la destination étrangère la plus prisée des diplômés français, les recruteurs britanniques sont inquiets de la difficulté grandissante à recruter et à fidéliser des bons profils. On peut donc penser qu’a contrario, l’Europe continentale, et en particulier la France, tireront profit de la situation.
Un inquiétude qui se ressent dans le domaine de l’éducation
À terme, la question de l’attractivité du Royaume-Uni ne se posera pas seulement dans un contexte professionnel, mais aussi dans le champ de l’éducation.
En mars dernier, Courrier International soulevait de nombreuses questions concernant les subventions européennes accordées aux établissements britanniques, dans son article « Et si les universités britanniques disparaissaient des classements ? ». Il a été estimé qu’un no deal représenterait une perte de 105 milliards d’euros dans le budget des universités du Royaume-Uni et de nombreux étudiants en moins.
La situation est moins catastrophique pour les écoles de commerce car avec sept établissements au sein du Top 25 Europe selon le Financial Times, le Royaume-Uni fait figure de très bon élève.
En revanche, les établissements étrangers auront plus de mal à disposer de pied-à-terre sur le territoire britannique. L’EM Normandie, pour parer à toute éventualité, possède un campus à Dublin, en plus de celui d’Oxford, et souhaite monter une structure juridique locale, pour ne plus dépendre uniquement de sa nationalité française.