Les CCI, bien que publiques, défendent les intérêts des entreprises du secteur privé, et ce au niveau national (CCI France), régional (CCIR) ou territorial (CCIT). Elles y parviennent en encourageant les créations d’entreprise, en informant les entrepreneurs et surtout en créant un lien entre toutes les entreprises d’un territoire pour le développer économiquement. Certaines infrastructures comme des ports, aéroports ou gares routières sont même placées sous sa responsabilité, toujours dans l’objectif de dynamiser l’économie. Par exemple, la CCI Nice Côte D’azur assure la gestion de 6 ports maritimes dont le vieux port et le port de Nice et celui d’Antibes-Vauban.
Les CCI gèrent également plus de 150 écoles, dites « supérieures », de commerce et d’ingénieur au nom de l’importance que leurs futurs élèves auront pour le tissu économique français. Pour nombre d’écoles de commerce, les subventions accordées sont une source de revenu considérable et indispensable car il faut rappeler que les frais de scolarité ne couvrent que 30% à 70% du coût réel des études. Pour l’ESCP, le montant de la dotation s’élève par exemple à quelques 10 millions d’euros sur un budget d’environ 90 millions d’euros. Il faut aussi reconnaître que toutes les écoles ne perçoivent pas des subventions aussi importantes. A titre d’exemple, Toulouse Business School ne perçoit « que » 1 million d’euros essentiellement utilisés pour la recherche sur un budget de plus de 50 millions d’euros.
Quel avenir pour les subventions des CCI aux écoles de commerce ?
Depuis une dizaine d’années, les gouvernements successifs réduisent les dotations accordées aux CCI. Entre 2013 et 2016, ce sont par exemple 290 millions d’euros qui sont économisés sur le budget de la CCI Paris-Ile-De-France qui gère notamment les 3 parisiennes (HEC-ESSEC-ESCP). Il faut ajouter à cela d’autres coupes dans les dépenses publiques destinées aux écoles de commerce comme celles venant des régions, des départements et/ou des municipalités.
Et tout n’ira pas en s’arrangeant… Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a annoncé le 10 juillet dernier que 400 millions d’euros seront soustraits au budget des CCI sur les 4 prochaines années. Cela implique pour les CCI à la fois une restructuration du personnel avec à la clé des suppressions d’emploi et inévitablement une nouvelle baisse des dotations pour les écoles de commerce. La CCI Paris-Ile-De-France est la plus impactée à tel point qu’en 2022, aucune subvention ne sera accordée à HEC, l’ESSEC et l’ESCP a annoncé son président Didier Kling. Les écoles de commerce vont donc devoir trouver d’autres sources de financement.
Quelles sources de financement les écoles privilégient-elles ?
Plusieurs choix s’offrent aux écoles de commerce pour combler les baisses plus ou moins importantes des dotations. Certaines comme l’ESCP cherchent à attirer des investisseurs privés tout en gardant 51% du capital pour la CCI régionale. Sur le chemin d’une plus grande autonomie financière, certains voudraient même que cette barre des 51% puisse être abaissée au profit d’autres investisseurs privés. C’est un vrai débat qui agite les dirigeants des écoles et les responsables politiques, faut-il garder la CCI régionale comme actionnaire historique principal ?
Evidemment, il y a plus évident pour les écoles de commerce : augmenter les frais de scolarité. Il faut reconnaître que c’est une source conséquente de revenus que l’on peut moduler de manière assez simple. Résultat : des frais de scolarité 2,5 fois plus élevés aujourd’hui qu’il y a 10 ans. De prochaines augmentations sont assurément à prévoir et pour les 3 parisiennes en particulier, principales victimes des coupes budgétaires. Cependant, il n’est pas certain que toutes fassent flamber leurs coûts de scolarité, beaucoup disent tout mettre en œuvre pour ne pas les augmenter en cherchant des solutions alternatives. Auront-elles le choix ?
Article écrit par Lucas Janer, étudiant à l’emlyon