Au 5 septembre, on dénombrait encore 7 750 jeunes en liste d’attente sur Parcoursup, dont 47% de bacheliers. Ce sont aussi plus de 180 000 candidats qui ont quitté la procédure ; Les causes sont souvent un échec au bac, une réorientation ou une poursuite d’étude hors Parcoursup. C’est dans cette dernière catégorie que l’on retrouve de nombreuses écoles de commerce post-bac de piètre qualité, qui proposent des filières moins sélectives …. Moyennant argent.
Avec des prix affichés à plusieurs milliers d’euro l’année, les Business School font partie d’un business juteux.
En France, quiconque décide d’ouvrir un établissement d’enseignement supérieur peut le faire, la règlementation, dans ce domaine, étant relativement simple. Néanmoins, toutes les écoles qui se créent ne sont pas synonyme de qualité.
Certificats, Mastaire, Mastères, toutes ces formations peuvent vous être proposées sans être reconnues par l’Etat, contrairement au fameux « Master », une des seules orthographes protégées, avec les « Mastères Spécialisés » (MS) et « Master of Science » (MSc), tous deux déposés par la CGE. Aujourd’hui, on estime à 1500 le nombre d’écoles de commerce dont les formations ne débouchent pas sur un diplôme reconnu par l’Etat. Entre vrais et faux Master, la différence de consonance est minime, mais la qualité de la formation varie énormément.
Alors comment savoir à quel type d’école on a à faire ? C’est là qu’intervient le titre RNCP. Cela ne vous dit peut-être rien, mais pour les écoles de commerce, ce label compte pour beaucoup. Derrière cet acronyme se cache la dénomination Répertoire National des Certifications Professionnelles. Autrement dit, c’est dans ce répertoire que les Business School ont intérêt à faire figurer leurs formations, pour faire parties des plus reconnues.
Mais pourquoi les écoles ont tout intérêt à posséder ce sésame ?
Pédagogie et Employabilité, ce sont les deux éléments étudiés par la Commission Nationale des Certifications Professionnelles (CNCP), sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère du Travail. Pour cela, les écoles doivent, par exemple, apporter la preuve d’un bon taux d’employabilité, de trois promotions consécutives.
La délivrance du titre (I, II ou II en fonction de la formation) permet, en outre, d’établir un lien de confiance entre écoles et employeurs potentiels, qui préfèrent s’assurer que les diplômés disposent de toutes les compétences nécessaires à leur travail. De même, en cas de poursuite d’étude dans le public, les universités sont plus enclines à accepter un étudiant provenant d’une formation reconnue par l’Etat que d’une qui ne l’est pas. Logique.
Enfin, et c’est peut-être ce qui motivent le plus grand nombre de ces business school, qui fleurissent régulièrement sur le territoire français : cela permet de proposer des formations en alternance, financées par l’OCPA (organisme paritaire collecteur agréé). L’alternance, un parcours de choix pour ceux qui veulent mêler théorie et pratique, permet aux étudiants de se soustraire au paiement des frais de scolarité, souvent trop élevés pour leur bourse. Un seul hic, dans le rouage si bien huilé du monde des Business School : l’OCPA ne travaille qu’avec des formations certifiées. Une école qui se prive du titre RNCP est une école qui se prive d’un bon nombre de candidats.
Candidater au titre RNCP : une tâche longue et fastidieuse
Décrocher un titre RNCP n’est pas une mince affaire : de nombreuses pièces administratives doivent être récoltées pour monter un dossier de plusieurs centaines de pages, et la commission, en sous-effectif, peine à étudier tous les dossiers qu’elle reçoit à cause de l’explosion du nombre de demandes.
Pour les écoles de commerce sérieuses, qui proposent un enseignement de qualité, la commission est très largement favorable à l’octroi du titre. Mais pour celles qui connaissent des difficultés à prouver l’efficacité de leur formation, un refus peut leur être adressé. De plus, une fois délivré, le titre n’est valable que temporairement, pour une période maximale de cinq ans. Il faudra donc refaire toute la procédure pour espérer le conserver.
Pour y remédier, plusieurs solutions existent :
- Externaliser la mise en place de dossiers. Certaines personnes passent leur temps à monter des dossiers pour les présenter à la CNCP. En général, elles retiennent 1% du CA de l’établissement scolaire.
- Ou bien, la location de titre.
La location d’un titre, une pratique totalement légale
A priori, cette idée est contre-intuitive : pourquoi permettre à des écoles de louer leur titre à n’importe qui, alors qu’il est réputé être sélectif et gage de qualité ? Mais ce business florissant est bel et bien dans le cadre de la loi.
La CNCP a décidé d’autoriser les organismes disposant de titres RNCP à pouvoir les louer afin de ne pas multiplier la délivrance de titre pour des formations similaires et, par la même occasion, désengorger la commission.
En théorie, n’importe quelle école peut donc avoir accès au titre RNCP, en échange d’une somme assez rondelette (entre 9 à 12% du CA). En pratique, le loueur doit s’assurer que le locataire du titre dispense une bonne formation aux élèves, qui leur permet de s’insérer facilement dans le monde professionnel. Si des anomalies sont constatées, la CNCP peut sévir et retirer le titre au loueur, et donc à l’ensemble de ses locataires (qui peuvent monter jusqu’à 20 pour une seule formation).
Pour vérifier si une école est bien titulaire du diplôme qu’elle délivre, il est possible de se rendre directement sur le site du CNCP et recherche la formation visée.
Ici, nous nous sommes intéressés à la formation « Responsable du développement commercial et Marketing » pour laquelle l’ICD a obtenu une certification de niveau II (soit l’équivalent d’un bac +3). En parcourant la page on peut prendre connaissance des compétences inculquées par la formation, des équivalences obtenues etc. Pour savoir si le titre est loué à d’autres établissements, nous nous intéressons au lieu de délivrance du diplôme, mais aussi au lieu de formation.
Dans notre cas, on peut s’apercevoir qu’en plus de l’ICD, 12 autres établissements (ayant parfois différents campus) on la possibilité de délivrer ce titre à leurs étudiants. Mais dans tous les cas, nous vous conseillons de redoubler de vigilance, pour éviter de vous retrouver dans une formation sans-issue.