Ce jeudi 30 juin, l’EDHEC a dévoilé les nouveautés mises en place ces derniers mois et celles qui attendent les étudiants à la rentrée. Au programme : plus de développement durable dans les cursus et dans l’accompagnement entrepreneurial, mais aussi un nouveau virage en matière de finance et une refonte des campus.
Si Emmanuel Métais, DG de l’EDHEC, reste optimiste, évoquant le chiffre d’un milliard de nouveaux apprenants dans l’enseignement supérieur entre 2020 et 2050, il rappelle à quel point certains événements bouleversent complètement le monde des Grandes Écoles. Le coronavirus a eu un impact important sur les business schools, même s’il a toutefois permis d’accélérer la transformation des établissements d’enseignement supérieur.
Aujourd’hui, Emmanuel Métais dresse la liste des grands changements qui vont impacter l’EDHEC : la technologie ou l’international. “On doit reconsidérer la manière dont on expose nos élèves à l’international”, indique le DG de l’école. Avec Make an Impact, sa baseline depuis maintenant une décennie, l’EDHEC affiche une ambition : adresser les attentes des étudiants qui “veulent changer le monde” en s’attaquant à la transformation la plus cruciale actuellement : le développement durable.
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RSE, Climat… L’hybridation des programmes à l’EDHEC
Pour former les managers de demain qui vont “make an impact”, l’EDHEC mise sur l’hybridation des programmes. Cela passe notamment par les “sustainable impact project”. Cette année 193 projets ont été créés par 1 000 étudiants de bachelor. Parmi les thèmes étudiés : les inégalités, le développement durable, etc. Dans le Bachelor, un parcours sur deux ans avec huit cours issus des meilleures universités du monde a été créé.
Le Programme Grande École fait également le plein de nouveautés avec une vingtaine de cours dédiés au développement durable avec des modules dédiés au climat, par exemple. “Nous essayons de ramener de la science sur ces sujets climatiques”, explique Benoît Arnaud, directeur des programmes de l’EDHEC. Les online impact learning expeditions ont également été déployés. L’objectif ? Repenser les voyages académiques en prenant en compte l’impact carbone. Le premier était orienté autour de “data for good”. L’ambition est de dénicher les best practices en matière de RSE, aux quatre coins du monde.
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De la finance à la finance durable
La finance est l’une des marques de fabrique de l’EDHEC qui a créé un spin-off en 2012, Scientific Beta. Aujourd’hui, l’établissement veut s’attaquer à “la finance de demain, celle qui va changer le monde”. L’EDHEC a monté un centre, basé à Singapour, dont les données sont aujourd’hui vendues aux investisseurs, qui éprouvent une certaines difficultés à obtenir des données sur les infrastructures. C’est un nouveau spin-off, “petit-frère de Scientific Beta”, nommé Scientific Infra. Sur le sujet des investissements dans les infrastructures, l’EDHEC s’est d’ailleurs associée au BCG.
L’EDHEC a transformé son institut sur le climat pour devenir l’EDHEC Risk Climate Impact Institute. Il accueille deux programmes de recherche : le premier sur la manière dont le climat va changer la valorisation des actifs pour les financiers. Le second étudie comment les bonnes décisions financières peuvent lutter contre le changement climatique. Avec l’ERCII, l’objectif est de nourrir la recherche, l’industrie financière, le grand public, les régulateurs et, encore une fois, aiguiller les investisseurs dans leurs choix. Sur ces 5 prochaines années, l’école ambitionne d’investir 20 millions d’euros et héberger 30 à 40 chercheurs.
Ces centre sont majoritairement financés par la vente de Scientific Beta. Cette revente a également permis de financer EDHEC Ventures, un fonds d’investissement destiné à nourrir les startups de l’écosystème EDHEC qui ont un projet à un impact, ainsi que l’endowment qui servira en partie à financer les bourses.
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L’EDHEC repense l’entrepreneuriat
Cette année, la grande nouveauté de l’EDHEC est le lancement du Center for Responsible Entrepreneurship. Cette dimension est une des forces de l’école qui a diplômé les fondateurs de Yuka ou de 900.care et qui possède son propre incubateur à Station F. “L’objectif est de faire en sorte que l’esprit d’entreprise soit inculqué de manière systématique à nos élèves”, précise Emmanuel Métais. C’est pourquoi l’établissement se focalise sur l’entrepreneuriat responsable. Ce centre répond aussi aux attentes des étudiants qui sont de plus en plus engagés.
Outre l’incubateur à Station F, un nouveau projet d’incubateur a été lancé avec EURECOM (école du numérique basée à Sophia-Antipolis) et IMT. Il abritera des projets autour de la DeepTech et de la GreenTech, et les startups qui travaillent sur la mobilité, etc. Là encore, l’EDHEC et EURECOM nourrissent les mêmes ambitions : exploiter les synergies entre les deux établissements pour accompagner les entrepreneurs qui œuvrent pour le verdissement du numérique.
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EDHEC : Quand international rime avec engagement sociétal
Depuis plusieurs années, l’international se basait sur plusieurs piliers : accords d’échange, doubles-diplômes, campus à l’étranger. “Cette période doit évoluer et être complétée. Nous avons la conviction à l’EDHEC que la stratégie partenariale est extrêmement qualitative, mais qu’elle a ses limites, notamment dans un monde qui peut avoir tendance à se refermer”, affirme Richard Perrin, directeur des relations internationales de l’EDHEC.
Ainsi, l’établissement a déployé une étude qui a interrogé des dirigeants d’entreprise, des bacheliers, des étudiants, des élèves de prépas, etc. L’ambition ? En savoir plus sur leurs attentes de l’international et de l’expérience à l’étranger. L’EDHEC souhaite en effet créer un nouveau modèle qui prend en compte les inégalités, le développement durable et toutes les grandes tendances qui transforment notre planète.
L’expérientiel fait partie intégrante de la valeur du diplôme de l’institution, comme le souligne Richard Perrin. C’est ainsi que l’idée a émergé de créer une nouvelle expérience de mobilité à l’international. Aujourd’hui, l’EDHEC, c’est 26 accords de doubles-diplômes et 1 300 places en échange. Elle souhaite toutefois repenser cette aventure en créant les Global Impact Programs qui sont liés à la notion de “projet.”
“On souhaiterait que nos étudiants, à travers un certain nombre de projets tournés vers l’international, mais aussi liés au développement durable, aux problématiques sociétales, puissent mener ce projet d’impact dans le monde entier.” L’école va permettre aux étudiants d’obtenir 30 ects, au sein du BBA, dès lors qu’ils mèneront ce projet au sein d’une ONG. Ils pourront aller en Amérique latine pour travailler sur la déforestation ou encore la construction de puits en Afrique.
Cette expérience internationale repensée ne passera pas par la construction de campus à l’étranger, comme le rappelle l’EDHEC. L’objectif est d’offrir une diversité d’expériences aux étudiants et cela commence par les partenariats de la business schools avec d’autres établissements à l’étranger, à l’image de Politecnico di Milano, HAAS, la business school de Berkeley ou encore l’Imperial College Business School (Londres).
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À quoi ressembleront les futurs campus de l’EDHEC ?
Le développement des campus de l’EDHEC s’est fait en trois temps. Le premier objectif était de répondre aux grands standards internationaux, puis de digitaliser les bâtiments. Aujourd’hui, l’institution rentre dans ce troisième acte et repense ses locaux en prenant en compte les leçons tirées de la crise, mais aussi les grandes tendances qui se dessinent aujourd’hui et notamment la RSE.
D’ici 2030, l’EDHEC va investir 55 millions d’euros pour créer des espaces de vie éco-responsables. L’école va investir dans les espaces de recherche, à commencer par le SIGMALab, à Lille, qui va créer des travaux de recherche, mais aussi des innovations pédagogiques. À Sophia-Antipolis, un autre laboratoire sera construit pour accueillir les chercheurs qui travailleront sur le climat.
Concernant l’expérience étudiante, les espaces dédiés seront également repensés et complétés. L’institution va déployer des espaces de travail collaboratif par exemple. En outre, à Lille, l’ensemble du bâtiment sera complètement repensé. Un concours d’architecte vient d’être lancé pour rendre ce campus emblématique éco-responsable. L’EDHEC travaillera également sur le sujet de la biodiversité.
L’accompagnement des étudiants à l’EDHEC
Du côté de l’accompagnement des étudiants, la business school annonce investir lourdement sur les VSS (Violences sexistes et sexuelles). Cela passe notamment par la formation sur des sujets comme les violences, le juridique, le consentement. Une fresque dédiée aux VSS a également vu le jour, « Agir pour en Finir ». Elle s’articule autour d’un jeu de carte qui met en situation les étudiants.
Des cellules d’écoute ont été mises en place au sein de l’institution. Des étudiants sentinelles ont été déployés dans toutes les cohortes. En outre, une équipe dédiée a été créée pour mener des enquêtes en cas de signalement. Ces sujets ont même fait l’objet de la création d’une Chaire Diversité et Inclusion. Emmanuel Métais affirme qu’une enquête a été menée en interne. Il rappelle que l’EDHEC est là pour accompagner les étudiants qui sont victimes d’agressions. L’école les soutient même jusqu’au dépôt de plainte.
Un centre d’accompagnement psychologique et médical des étudiants est aussi présent au sein de l’établissement. L’EDHEC abrite d’ailleurs une salle de sport sur son campus lillois. Des parcours santé sont également en cours de construction. Des cycles de conférences sont dispensées aux étudiants sur des thèmes allant de l’addiction à la sophrologie.
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L’accompagnement passe également par l’ouverture sociale. Aujourd’hui, le budget alloué aux bourses, en comprenant les montant délivrés par la Fondation, s’élève à 10 millions d’euros. À la fin du plan stratégique, ce chiffre devrait atteindre 14 millions d’euros par an. L’EDHEC va également renforcer l’accompagnement financier en finançant 75% des frais de scolarité pour les boursiers des échelons 5 à 7.
L’EDHEC a également déployé une mesure de « double barre » ou de « repêchage » pour les étudiants boursiers. Aujourd’hui, les 20 candidats issus de classes préparatoires, qui sont sous la barre d’admissibilité, sont déclarés admissibles et peuvent passer les oraux au sein de l’école.
En outre, 50 étudiants boursiers de classes préparatoires sont également coachés par des étudiants de l’école durant leur dernière année de prépa grâce à Talents Prépa. Un alumnus de l’école a d’ailleurs réalisé un don à 7 chiffres, dont le montant n’a pas été précisé, pour financer ce dispositif.