Analyse

L’entrepreneuriat au cœur des problématiques de l’école du futur

Jean-François Fiorina, Grenoble École de Management (GEM)

Aussi surprenant qu’il puisse paraître, l’entrepreneuriat est l’une des bases de l’école du futur.

Tous les établissements d’enseignement supérieur quels qu’ils soient – écoles d’ingénieurs, universités et bien évidemment les écoles de management – ont créé et mis en place des dispositifs et des programmes d’accompagnement qui s’appuient sur des cours, programmes de formation ou incubateurs. Le Ministère a même créé le statut d’étudiant entrepreneur.

Les raisons du fort engouement pour l’entrepreneuriat

  • D’un point de vue pédagogique, l’entrepreneuriat présente un grand nombre davantages avec la mise en perspective de l’ensemble des cours tout en étant un excellent compromis entre théorie et pratique. Il permet en outre de développer chez les étudiants ces fameuses compétences du XXIe siècle. Même si l’étudiant ne crée pas son entreprise, il aura énormément appris et acquis des compétences qu’il n’aurait pas expérimentées dans un cadre plus conventionnel.
  • Une expérience très bien perçue par les entreprises. Pour les recruteurs, au même titre qu’une expérience significative dans une association étudiante, la conduite d’un projet d’entrepreneuriat, quelle que soit son issue constitue un véritable plus.
  • Une forte demande des étudiants : ne pas avoir de patron. L’aspect financier et possibilité de gagner beaucoup d’argent est très peu évoqué par les étudiants. Ils sont plus dans une logique de choix de vie. Rappelons à ce propos que le revenu moyen mensuel d’un dirigeant de TPE/PME en France tourne autour de 3 000 euros. Je suis frappé quand j’interroge les apprentis entrepreneurs de constater qu’ils ont tous une grande maturité, conscients des conséquences sur leur vie personnelle et des risques qu’ils peuvent encourir. D’un point de vue social, c’est également très bien perçu !
  • Un environnement digital propice à l’entrepreneuriat. La plupart des projets porte sur la numérisation d’une activité ou d’un métier existant. Pour démarrer, nul besoin d’investissement conséquent. Un ordinateur et une connexion Internet suffisent.

Un élément important de l’école du futur

1. La formation à l’entrepreneuriat ne doit pas être l’apanage exclusif de l’enseignement supérieur mais doit être un continuum tout au long de la scolarité. Pour moi, cela doit débuter dès la fin du primaire avec quelques projets puis ensuite une montée en puissance progressive.Cela permettra d’aller plus loin dans les projets et leur réalisation. Pourquoi pas un « carnet de bord » de l’entreprenariat au fil des années ?

2. Base de la transversalité et de la coopération entre les différents établissements d’enseignement supérieur.

Il nous faut associer des étudiants provenant d’horizons différents.
Favorisera l’innovation et préparera encore mieux les étudiants à travailler avec des personnes de cultures et de formation différentes. Leur apprendre à travailler ensemble, à se connaître, est vraisemblablement la chose la plus compliquée à réussir.

3. En rêvant un peu, il devrait être l’acte fondateur des regroupements et partenariats entre établissements et ce d’autant plus, que nous allons avoir besoin de moyens matériels conséquents pour la réalisation des projets.

Nous devrons par exemple proposer à nos étudiants des fab labs ou des plates-formes d’expérimentation.

Nous ne pourrons pas supporter seuls les investissements et devront les partager.

Nous n’aurons pas également les expertises techniques et technologiques et devrons collaborer avec ceux qui les maîtrisent.

4. L’entrepreneuriat préfigure de ce que sera l’emploi de demain avec des diplômés qui seront plus entrepreneurs de leur propre personne et prestataires de services que salariés d’une entreprise.

Ce sont des changements importants qui se préparent avec des formes d’activité hors salariat traditionnel. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je vous invite à lire l’enquête d’Accenture sur les tendances technologiques qui montrent bien cette évolution au travers de la création de plates-formes. L’entrepreneuriat sera à la fois un choix de vie, une philosophie et un principe de fonctionnement.

5. Une forte attente des (grandes) entreprises générant de nouveaux modes de collaboration. Celles-ci sont toutes en train de créer leur propre structure d’accompagnement des start-up. Je prévois qu’elles vont nous demander dans les années à venir :

  • D’identifier les profils et talents qui rejoindront ces start-up
  • Même démarche avec des projets déjà existants
  • De la formation
  • De travailler sur des nouveaux business-models. Ce sera la mission confiée à nos enseignants-chercheurs.

6. Une nouvelle dimension : l’international

Nos étudiants n’hésitent plus à s’expatrier pour aller créer à l’étranger, attirés par des programmes internationaux. Les villes et incubateurs du monde entier se livrent à une bataille acharnée pour attirer les meilleurs talents et projets. Par ailleurs, la prise en compte de l’international est devenue incontournable. Cela signifie que nous devons intégrer dans nos formations cette internationalisation des activités

La nécessité de nouveaux modèles

Enfin, au risque de provoquer quelques grincements de dents, parce qu’il y a en France trop de structures et d’aides et d’accompagnement qui se cannibalisent plus qu’elles ne se complètent, nous – établissements d’enseignement supérieur – allons devoir créer de nouveaux modèles pour développer l’entrepreneuriat dans nos établissements.

Outre la collaboration entre nous évoquée auparavant, cela passera par la constitution d’écosystèmes – physiques, virtuels et internationaux ! Ce sera une très bonne illustration de l’impact qu’auront les établissements d’enseignement supérieur sur leur territoires et leurs communautés

The Conversation

Jean-François Fiorina, Directeur Adjoint, Grenoble École de Management (GEM)

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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