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Les leçons de management de « The Walking Dead »

The Walking Dead est cette série américaine d’AMC, dont la septième saison est actuellement diffusée, et qui rencontre un succès comparable à celui de Game of Thrones. Si le scénario – les morts se transforment en zombies et errent en quête de leurs mets préférés, les vivants, qu’ils traquent sans relâche – ne promet pas, de prime abord, autre chose qu’un divertissement épique et sanguinolent, très vite il laisse place à des problématiques organisationnelles qui aboutissent à des formes de management très variées, touchant du doigt la complexité et les enjeux de cette discipline. The Walking Dead peut donc aussi être un moyen ludique d’approcher quelques notions essentielles en la matière.

 

Organisations, ressources, compétition, compétences, gestion

L’univers de The Walking Dead est post-apocalyptique : le monde n’est plus qu’une succession de champs de ruines et de forêts infestées de morts-vivants.

Très vite, des groupes hétéroclites de survivants se forment, au hasard de leurs rencontres. Leur environnement est aussi hostile qu’ultra concurrentiel : plus rien n’étant produit, toute ressource (nourriture, médicaments, abris) est limitée et, de fait, âprement convoitée. Plus rien ne peut être considéré comme acquis non plus : des survivants ont bien essayé de s’établir dans une ancienne prison estimée sûre, mais c’était sous-estimer la jalousie des autres groupes.

En fait, chacun de ces clans fonctionne comme une organisation, avec une mise en commun de ressources (fussent-elles humaines ou matérielles), de travail et de capital. Telle une entreprise, il s’agit systématiquement d’un rassemblement d’individus interdépendants, collaborant pour le même objectif.

Mais la comparaison ne s’arrête pas là : comme pour toutes les entreprises pour qui la survie passe nécessairement par la quête de nouveaux marchés – car les clients sont libres, donc volatiles –, ces groupes de survivants établissent des stratégies, essaient de penser différemment de la concurrence pour trouver des niches, envisagent les tâches de leurs membres en fonction de leurs compétences et des besoins du moment, font évoluer les profils prometteurs (Carole, maman cinquantenaire douée pour le combat, passe de la cuisine aux armes), et gèrent leurs ressources et leurs stocks avec parcimonie. Et bien entendu, qui dit entreprise, dit management, leadership et structure.

 

Du management participatif au management autoritaire

Pour le dire de façon concise, le management c’est « la manière ou l’art de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, et de la contrôler » (Raymond – Alain Thiétard). C’est précisément ce que The Walking Dead nous donne à voir à travers les différents groupes rencontrés au fil des saisons, allant du management par la terreur à un management très vertical mais bienveillant, jusqu’à une forme avancée de management participatif où les décisions sont prises à la main levée : toutes les grandes tendances sont représentées.

 

Un leader charismatique : Rick

Rick, personnage principal, colle parfaitement à la définition classique de ce qu’est un leader, d’après David Rendall : les membres de son groupe le suivent de leur plein gré ; il ne tire aucune gloire ni traitement de faveur de cette position ; il propose un monde meilleur (the big vision) ; il est issu du groupe qu’il dirige, et sa fonction s’est imposée plus que lui ne l’a choisie. Il n’est pas infaillible, mais il est crédible et on le sait sincère. Son style de management est plutôt démocratique, chacun ayant la parole sans hiérarchie trop marquée.

Rick Grimes, le leader charismatique. Allociné/Gene Page/AMC

Le gouverneur paternaliste

Autre modèle de chef qui, lui, ne souffre pas la contradiction : le gouverneur, chez qui on retrouve l’essentiel des codes du paternalisme : Il prend grand soin des membres de sa communauté en leur assurant un vrai confort, pour autant il les tient éloignés des décisions et davantage encore de ses actions (seuls quelques hommes ont le privilège de connaître ses secrets). La stratégie et les lois n’émanent que de lui seul. Il endosse toutes les responsabilités en « bon père de famille », impose un certain mode de vie, mais est capable de sévir quand il le faut.

 

Negan et le management par la terreur

Sous couvert d’un discours ironiquement bienveillant, Negan règne sur les siens par la terreur qu’il leur inspire, en véritable tyran : culte de la personnalité (il faut lui prêter allégeance en se reniant soi-même par la déclaration « I am Negan »), toute-puissance, imprévisibilité, punitions et humiliations ritualisées en public signent son style de management.

Dominant son secteur sans rivalité grâce à son capital de nuisance, le clan de Negan n’a plus à produire ou à chercher les ressources dont il a besoin pour se maintenir : il se contente d’assujettir les autres groupes en prélevant régulièrement la moitié de tout ce qu’ils possèdent. En échange de cela, ces derniers peuvent maintenir leur mode de fonctionnement et un semblant d’autonomie tout en n’ayant plus rien à craindre puisqu’ils deviennent partie intégrante de la galaxie de l’organisation Negan. Ce procédé d’acquisition n’est naturellement pas sans en rappeler ceux du monde économique actuel…

Negan, ou le management tyrannique. Allociné/Gene Page/AMC

De l’affaire de famille à la joint-venture

Quelques petites structures familiales existent également (c’est le cas par exemple de la famille de Maggie), mais rapidement elles sont absorbées par de plus grandes organisations, faute de ne pouvoir subsister en autarcie dans un environnement aussi imprévisible et dangereux. Toutefois, la joint-venture reste le mode de rapprochement de deux groupes de survivants le plus usuel : chacun conserve son autonomie et son identité, mais les deux s’entendent pour collaborer afin d’atteindre un objectif commun. Des accords sont donc passés, judicieusement négociés, mais pas toujours respectés…

À vrai dire, d’autres points communs pourraient être aisément trouvés entre The Walking Dead et le fonctionnement des entreprises, et plus particulièrement le management (pouvoir et contre-pouvoir, gestion d’équipe, etc.), mais il faudrait pour cela y consacrer tout un cycle d’enseignement !

 

Par 

Enseignant-chercheur en Management stratégique – Laboratoire Métis EM Normandie, École de Management de Normandie

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