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Quand les écoles deviennent fiction

« Si tu l’sais pas moi je l’sais / Comme si j’étais sorti d’HEC » chante Vald dans Désaccordé. La référence élogieuse à une école de management dans une chanson de rap est révélatrice. La plus connue des « business schools » de France, celle qui a donné leur surnom aux prépas commerce, est-elle donc devenue LA référence dans l’imaginaire collectif ? Peut-on affirmer que « HEC is the new Saint-Cyr » ?

Faisons donc un tour des écoles de commerce dans la fiction – à vous de déterminer le degré de réalité de ces représentations.

 

 

Cliché 1 : en ESC, tout repose sur les apparences et la popularité

 

C’est du moins ce que nous font clairement comprendre certaines répliques de La crème de la crème. Ainsi, en soirée, la conversation compte bien moins que l’association dont on fait partie, lorsqu’il s’agit de conquérir les cœurs : « Si t’as le bon polo, tu chopes. » Les élèves les moins populaires ne sont personne, et eux-mêmes en ont conscience ; ainsi Dan et Jaffar veulent tenter leur chance auprès des nouvelles recrues car « c’est des première année, elles savent pas qu’on est des nobod’ ». Parce que, finalement, les filles en ESC ne cherchent pas un homme qui leur plaît, « elles cherchent un mec qui plairait à la majorité d’entre elles. » Comme quoi, la loi du marché s’applique même en OB.

 

 

Cliché 2 : les étudiants en ESC forment une élite imbue d’elle-même

 

L’une des premières phrases du film nous met directement dans le bain : « vous êtes la crème de la crème ». Mais n’est-il pas normal de s’entendre dire ça après deux ou trois ans de classe préparatoire aux grandes écoles – titre ronflant s’il en est ?

Ainsi, le média Vice pointe régulièrement du doigt les écoles de commerce pour le manque de culture, de savoir-vivre, de [complétez à votre guise] de leurs étudiants …

 

 

Cliché 3 : l’ESC développe le culte de l’entre-soi

 

A en croire la fiction, pour s’épanouir ou du moins s’intégrer en ESC, mieux vaut rentrer dans le moule. « Y a des critères précis, comme être parisien. » Et les AST/AD/autres étudiants qui ne sont pas passés par une CPGE en font les frais : « AD ça veut dire que t’en seras jamais. » confie ainsi Louis à Kelliah, avant même de découvrir qu’elle vient également d’un milieu social bien différent du sien.

Dans sa vidéo sur la prépa, l’humoriste Henry Tran du Rire jaune lance un « AST : Admis sans travailler ! » qui confirme cette idée de scission.

 

 

Cliché 4 : ESC = abêtissement programmé

 

Décidément poète, l’élite revendique un programme prometteur : « Fumer boire et b**ser, c’est la devise des intégrés. » Normal : « personne n’est là pour les cours, on est là pour networker. »

Résultat : un discrédit total des compétences acquises en ESC, surtout si l’on se compare à d’autres filières, comme le fait Kevin Tran du Rire jaune : « Nous [les ingénieurs] on est embauchés pour nos compétences techniques, parce qu’on a des compétences. Vous les commerciaux, à part parler et embellir les choses, vous savez rien faire ! Encore heureux que vous soyez bien habillés ! »

Car après tout, le plus dur est censé être derrière nous : nul doute qu’Orelsan fait référence à son passage par une ESC lorsqu’il écrit que « l’école est un filtre qui rend tout très ch*ant / comme les films en noir et blanc le plus dur c’est d’rentrer dedans ».

 

 

Cliché 5 : l’étudiant en ESC est un matérialiste cynique et désabusé

 

Dans la seule scène du film tournée dans une salle de classe, Louis prédit, en parlant de l’intervenante : « Elle est censée nous mettre des étoiles dans les yeux mais on se fait déjà ch*er et ce sera pire après. » Le thème même de cette fiction, à savoir le développement d’un réseau de prostitution au sein d’HEC au motif que « YOLO« , a de quoi mettre mal à l’aise.

Nous serions donc tous des Octave de 99F en devenir, prêts à vendre père et mère pour faire du chiffre, car comme il le dit lui-même : « Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas. »

Les alumni d’ESC sont également tournés en ridicule pour leur matérialisme et leur manque d’humanité dans la comédie Mission Pays basque, dont l’héroïne pense mener à bien son projet d’escroquer un vieillard parce qu’elle « [a] bac+7 » et qu’elle est « sortie major d’HEC ». Pire encore : son fiancé, ancien d’HEC également, qui a la manie de calculer les taux d’intérêt comme on parle du temps qu’il fait, et chez qui la compassion et la poésie sont totalement absentes. Quel portrait !

 

Finalement, on ne peut que déplorer l’image que la fiction donne des ESC, car c’est elle qui influence directement l’idée que les Français s’en font

 

 

Sources :

Désaccordé, Vald, 2018

La Crème de la crème, Kim Chapiron, 2014 (NB : sauf mention contraire, les citations sont issues de ce film)

Vice : https://www.vice.com/fr/article/9bpjnp/une-nuit-dans-une-soiree-d-integration-d-ecole-de-commerce

La prépa 2, Le rire jaune, 2017

Notes pour trop tard, Orelsan, 2017

99F, Frédéric Beigbeder, 2000

Mission Pays basque, Ludovic Bernard, 2017

Business Cool : https://business-cool.com/insolite/pensent-francais-ecoles-de-commerce/

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