Analyse

Un AST vaut-il un prépa ?

Si proches et pourtant si éloignés. Fières de leur ouverture à tous les parcours, les écoles exhibent avec orgueil leur recrutement toujours plus important d’AST, tristement appelés (à tort ou à raison, cet article vous le dira) les Admis Sans Travailler. Ou Admis Directs dans certaines écoles, les AD. Et l’incompréhension peut parfois régner entre les AST et les ex-prépas fraichement intégrés, entre parcours différents, traditions éloignées, et ambitions opposées.

 

Nota Bene : cet article a collecté l’avis d’étudiants de tous les parcours possibles.

Nota Bene 2 : cet article parle du type AST au singulier. Cependant les profils sont extrêmement différents entre chacun de ces étudiants ! Est-ce un AST1, titulaire d’un DUT, ou un AST2, titulaire d’une licence ? Est-ce un AST français, déjà au fait de la culture « prépa » en France, ou un AST étranger, qui ne va pas comprendre pourquoi des L3 dansent devant la classe durant son cours de compta ? Enfin, le niveau de reconnaissance du premier diplôme de l’AST va beaucoup varier, ce qui fait vraiment une différence importante, notamment au niveau des écoles auxquelles ces AST peuvent prétendre. Mais comparé à la prépa, l’admission d’un AST va se faire sur son parcours et ses expériences qui seront évalués par les recruteurs de l’école, donc chacun a sa chance (il y a des ex-médecines à HEC).

 

L’école : la fin VS le moyen

Demander à un lycéen qui veut faire prépa les raisons de sa motivation, il vous répondra du tac au tac « prestige », « élite », « je sais pas trop quoi faire donc allez ça part »,… L’objectif d’intégrer une bonne école s’impose à lui progressivement, entre le quotidien exigeant de préparation du fameux concours et la pression de la culture populaire, qui associe logiquement prépa à école prestigieuse. Un lycéen ne choisit pas la prépa en premier lieu pour acquérir d’excellentes méthodes de travail (tout comme un prépa ne choisit pas une école pour acquérir « les soft skills d’un bon manager » mais c’est une autre histoire). Le prépa très bon élève arrive en école sans grande ambition ni motivation, et sous-estime les possibilités qui vont s’offrir à lui. La bataille de la prépa est finie et gagnée et il sait qu’il sera dûment récompensé avec un bout de papier quatre ans plus tard (va-t-il apprendre à ses dépens que la guerre est encore loin d’être gagnée ?). Bon et maintenant, on fait quoi ?

Un AST a (généralement) bien calculé les raisons de rejoindre une école ; elle est un complément, un step-up pertinent au diplôme post-bac qu’il a déjà obtenu, comme un Bachelor, une licence, un DUT. Faire une école est la suite logique et complémentaire de son parcours ; elle sera pour lui un tremplin vers le monde de l’entreprise et pourra savourer le prestige du passeport. Motivé par un objectif qui va dépasser le simple cadre de l’école, il porte généralement un plus grand intérêt aux cours que le prépa, et peut, lui,les comparer à la formation pratique qu’il a déjà reçu.

 

« On n’est pas là pour coller des gommettes » comme dirait l’autre AST

… et le prépa vous répondra « nous on bégaye pas quand il faut faire 2+2 ». Le prépa a indéniablement hérité de l’exigence et excellence scolaire de ces deux voire trois années intenses, et a voué un quasi-culte à la rentabilité. Arrivé en école, le désaveu peut-être fort (testé et approuvé), comme si les cours en école ne permettaient plus la même stimulation intellectuelle qu’autrefois, (d’où, d’ailleurs, une certaine nostalgie), et le désintérêt pour la formation est important. Ça sèche des cours, ça dénigre, ça part en rattrapage (ou en dépression), ça a la gueule de bois en cours. Être cancre est presque devenu le nouveau cool. À l’inverse, l’AST, parce que c’est la formation qu’il a décidé de suivre, va s’impliquer davantage dans les cours, travailler, et même lire le Vernimen (OMG), et aura comme une certaine exigence envers lui-même, parfois jusqu’à n’en plus dormir (si si), car les notes vont généralement compter pour la suite de son parcours ! Mais il y a des exceptions.

Les prépas travaillent-ils mieux ? Leur capacité à faire face à une pression intense durant deux trois ans ont-il fait d’eux des machines dociles passées maîtres dans l’art d’aller à l’essentiel ? Prêtez une oreille attentive à ceux que les étudiants pensent de la charge de travail en cours : peu de prépas se plaindront du rythme de travail en école alors qu’ils suivent les mêmes cours ! À l’inverse, vous entendrez beaucoup plus souvent un AST se plaindre : « J’suis sous l’eau », « Ça va trop vite », « I can’t go out man, too much homework to do », etc… Un logique dédain des prépas accompagne ces plaintes. Forcément, quand on a passé les Maths HEC, on va pas pleurer devant un bilan comptable à équilibrer.

 

De l’entre-soi des prépas

Bah oui, quand on a vécu deux années méga-intenses ensemble, ça rapproche, on s’identifie plus facilement et on en est tous fiers. À cette première identification s’ajoutent des traditions très importantes dans la vie estudiantine de première année, auxquelles les AST sont généralement peu conviés : campagnes, assos « chasse gardée », et autres traditions campusardes que les AST, par sagesse, dédain, ou ressenti, considèrent avec leur propre recul. À HEC par exemple, l’administration a imposé que chaque liste ait dans ses rangs au moins un AST. Ajoutons enfin une certaine pression populaire propre à chaque école et à laquelle le prépa fraichement intégré doit faire face : il faut faire partie d’une asso, il faut être identifié à un groupe, une liste… L’AST, plus sage et généralement plus vieux, prend les choses avec généralement plus de recul. Il a déjà connu la vie étudiante la vraie, au contraire du prépa qui va la vivre sur les deux prochaines années.

Notez aussi que les expériences sont différentes, et que les AST ne vivront pas ce que les prépas connaissent en première année d’école, comme par exemple le stage ouvrier à l’ESSEC.

Encore mieux, quel intérêt aurait un prépa à aller confronter son égo à celui d’un étudiant qui a beau avoir mille expériences de plus que lui, n’a pas fait LA prépa ? Effet boomerang, quel intérêt un AST aurait à rencontrer un prépa qui s’est tué à la tâche dans une formation pour laquelle il a très peu d’estime (« la prépa ça sert à rien », RIP l’ouverture d’esprit).

Pour un AST, intégrer un cercle de connaissances et d’amis d’ex-prépa déjà constitué n’est pas chose facile.

 

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Les assos : je t’aime moi non plus

Contraintes par leur logique de succession d’année en année, certaines assos en école ne peuvent se permettre de prendre des AST qui ne restent pas deux ans d’affilée, à peu près, en école. Et si ce même AST ne parle pas français, bon… Fort heureusement, certaines assos attachent une grande importance à l’intégration d’étudiants non-issus de la prépa, parce qu’expérience professionnelle, parce que contacts dans certaines entreprises, parce qu’ouverture d’esprit,… Les étudiants internationaux peuvent d’ailleurs remercier les associations dédiées à leur intégration dans l’école (IS à HEC, XXXXXXX) qui font généralement un travail plus qu’honorable pour aider ces étudiants à découvrir la ville, les autres étudiants,… Une personne contactée pour cet article m’a même confié que, dans une certaine Parisienne, cette asso d’accueil était « le seul maillon qui liait encore les Français aux internationaux ». Merci qui ?

 

Qu’en pensent les entreprises ?

Les entreprises font-elles la différence entre l’étudiant bon travailleur qui a fait prépa, et l’étudiant qui a connu bien plus qu’est l’AST ? Malheureusement pour le prépa, la distinction faite par les recruteurs est de moins en moins importante. Le mythe franco-français de la prépa s’estompe peu à peu sans pour autant perdre de son prestige : les profils à compétence multiples, comme commerce-ingénierie, sont de plus en plus recherchés dans un monde corporate où on évolue et se diversifie plus qu’on ne fait carrière. Pouvez-vous voir la « big picture » en entreprise ? AST : 1. Prépa : 0. Notez cependant que certaines entreprises extrêmement sélectives ne recrutent exclusivement que du prépa, et vous le feront clairement et gentiment comprendre alors que vous tendez votre CV à un event d’un Big Three du conseil. Marche aussi pour la finance. Parce que le rythme de la prépa correspond à l’image de bourreau du travail qu’elles souhaitent vendre, qu’elles veulent garder une image « élitiste », ou simplement par tradition et parce que les recruteurs ont fait prépa. Les prépas sont-ils aussi plus dociles pour accepter l’exigence de ces filières élitistes ? 1 partout donc.

 

… et qu’en pensent les écoles ?

Aspect financier et équilibre budgétaire exclus, les écoles souhaitent avant tout diversifier les profils dans leurs rangs : ouverture d’esprit, meilleure attractivité et reconnaissance des entreprises,… L’heure est de plus en plus aux AST, non sans en agacer certains.

Ce que ces écoles ne vous diront pas, principalement celles du haut du classement, c’est qu’elles font énormément attention à ne pas dévaloriser leur diplôme, à travers une sélection très précise des AST, et ce d’ailleurs sans forcément y arriver. Mais hors de question, évidemment, de dévaloriser la voie royale. On ne bypass pas la prépa, non mais oh. En entretien, les écoles sont beaucoup plus exigeantes avec les AST qui ont déjà un bon background et pas mal d’expériences, et seront plus tatillonnes sur les motivations de l’étudiant. À l’inverse, elles attendront bien moins d’une étudiant de prépa, qui n’a a priori pas de projet professionnel ou qui s’en est trouvé un durant la période de préparation aux oraux.

Malgré les belles paroles de certaines écoles concernant l’intégration des AST, le geste n’a pas été joint à la parole, et les efforts des administrations sont encore moindres et ne permettent pas un rapprochement des deux filières. Beaucoup d’AST se plaignent du processus d’intégration : oubliés lors des festivités du début d’année, cours différents, etc… Entre faible compréhension des besoins des AST ou simple dédain, on hésite.

 

On en parle dans notre article Comment intégrer HEC ?

 

Le temps gomme les différences

On n’a pas le même maillot, mais à la fin on a quand même le même diplôme. Outre le supposé background managérial avec lequel tout le monde sort de l’école, AST comme prépa auront tous connu un large panel d’expériences entre les voyages, les assos, les rencontres,… et les stages. Sans tomber dans la banalité de « l’école c’est super », la césure est une étape importante du prépa et va venir gommer les différences entre les deux profils, tant concernant l’égo que la perception du monde du travail ou du diplôme. Pour certains prépas qui peut-être n’ont connu encore aucune expérience professionnelle, la césure vient dégonfler l’égo : il y a encore du chemin à parcourir avant d’être les doigts de pied en éventail au Bahamas.

 

 

Merci à Thibault, Vincent, et à tous les autres qui ont accepté de témoigner pour cet article.

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