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L’intelligence artificielle bouleversera en profondeur le marché du travail de demain

Trouver une définition à l’Intelligence Artificielle (IA) qui fasse consensus est difficile. Mais globalement c’est la « capacité d’une unité fonctionnelle à exécuter des fonctions généralement associées à l’intelligence humaine, telles que le raisonnement et l’apprentissage »[1]. Peter Norvig et Stuart Russel, les auteurs du réputé Artificial Intelligence : A Modern Approach, détaillent en expliquant qu’un agent intelligent se caractérise par sa faculté à : « analyser, utiliser des connaissances, et prendre des décisions »[2].

Il existe 2 types d’IA[3] :

  • L’IA faible. Elle se limite à la simulation de l’intelligence humaine à un domaine précis.
  • L’IA forte (qui n’existe pas encore). C’est un système doté de conscience, et pouvant interagir comme un Homme en tout point, pouvant même à terme le dépasser devenant une superintelligence artificielle.

Pour atteindre tout son potentiel technologique, l’IA a besoin du Big Data (données massives). L’IA intervient dans le traitement de ces données, où l’Homme est vite dépassé et moins performant. L’IA se base sur des technologies d’apprentissage autonomes (machine learning & deep learning) qui permettent à celle-ci d’exploiter les données massives qui sont d’un incroyable intérêt commercial et marketing.

Ce qui attend l’Homme dans les prochaines décennies avec l’Intelligence Artificielle peut se résumer en un mot : bouleversements.

Toute la société sera impactée. Néanmoins, notre génération a le plus à perdre… mais également le plus à gagner. Nous sommes assez jeunes pour saisir les premières et plus importantes opportunités qui viennent avec la démocratisation de l’IA. Mais également trop vieux car, pour certains, déjà spécialisés dans des métiers qui vont cesser d’être exécutés par l’homme.

Ceux qui vont en tirer profit seront les personnes qui auront pris conscience le plus tôt possible des changements qui adviendront dans un futur proche.

 

Le monde de demain avec l’IA est incroyable : mais il est d’abord risqué

Notre quotidien va être transformé, bien davantage qu’aujourd’hui[4], tant les progrès de l’IA vont continuer. Son développement sera accompagné de risques, dont l’importance sera corrélée à notre capacité à créer une IA « forte », c’est-à-dire dotée de conscience. L’incertitude reste grande sur la faisabilité d’une IA forte et sur la durée nécessaire pour l’atteindre : certains parlent d’un horizon allant de 30 à 50 ans. Le co-fondateur d’Intel souhaite néanmoins mettre tout en œuvre pour y arriver : « nous allons faire des machines qui pensent, résonnent, de façon plus pertinente que les Hommes ne le peuvent ».

L’incertitude restant pleine, chacun se fera un avis sur la démocratisation de l’IA. Les uns, représentés par Mark Zuckerberg, disent que l’IA pourrait « rendre le monde meilleur » ; les autres, Elon Musk et Stephen Hawking en tête, alertent sur les risques potentiels. Le fondateur de Tesla résume assez bien la situation en expliquant que « tant qu’on ne verra pas des robots tuer des gens dans la rue, on ne saura pas comment réagir face à l’IA car le risque semble trop impalpable »[5].

Nous sommes pour l’instant dans une situation d’entre deux avec la création de l’organisation Partnership on AI par Google, ­Amazon, Facebook, IBM et Microsoft. Les acteurs qui investissent le plus dans l’Intelligence Artificielle se retrouvent donc pour s’assurer des bienfaits des avancés technologiques pour l’humanité. Il demeure difficile de s’en contenter.

 

Le monde de demain avec l’IA est aussi plein d’opportunités… mais pas pour tout le monde

En effet, nous nous dirigeons vers un monde divisé en deux :

  • Premièrement, les personnes dont l’emploi sera complémentaire à l’IA, pour qui l’avenir peut être envisagé sereinement.
  • Deuxièmement, les autres qui à terme n’auront plus de travail. Le nombre de personnes concerné est potentiellement très élevé : « Des chercheurs de l’Université d’Oxford ont estimé que 47% des emplois des États-Unis pourraient être automatisés au cours des deux prochaines décennies ».[6] On ne parle pas ici que des métiers manuels, mais également des métiers de cadres. L’IA « forte » sera ainsi capable de remplacer les hommes dans des tâches à haute valeur ajoutée. Les robots et programmes de demain ne seront plus confinés aux tâches répétitives et parfaitement prévisible.

La refonte du système éducatif est donc primordiale : l’orientation vers des métiers où l’IA sera compétente est un suicide professionnel. Sans prise de conscience, nous allons être écrasés.

Cependant, nous rentrons dans un monde plein d’opportunités où « plus on est intelligent, plus on est riche »[7] (Laurent Alexandre). Il faut miser sur des métiers complémentaires à l’IA ET où l’intelligence des Hommes (esprit critique, sentiment, travail de groupe, transversalité – bonjour les écoles de commerce) est encore supérieure à celle artificielle. Les opportunités de business pour les personnes avisées à ces conseils sont extraordinaires : la productivité mondiale à horizon 20 ans pourrait être multipliée par 20 (cabinet Accenture), et le marché mondial de l’IA actuellement évalué à 200 millions d’euros en 2015 pourrait atteindre les 11,1 milliards d’euros en 2024 (cabinet Tractica)[8]. PwC corrobore ces prévisions quant aux bénéfices économiques de l’IA : « l’amélioration des produits, l’évolution de la demande et des comportements des consommateurs pourraient ainsi ramener près de 9 000 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie mondiale »[9].

 

Mais ces opportunités pourraient être gâchées par le manque de vision prospective de nos politiques français et européens

Qu’avons-nous en Europe pour concurrencer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) américains et BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) chinois ?

Une colonie numérique des Etats-Unis et de la Chine. Voilà ce qui attend l’Europe (et la France) si elle ne prend pas un virage radical concernant l’Intelligence Artificielle (IA). Mounir Mahjoubi, entrepreneur et secrétaire d’Etat chargé du numérique, résume la situation à laquelle est confrontée l’Europe : « Quand on regarde les Etats-Unis, on voit les GAFA. Quand on regarde la Chine, on voit le BATX. Quand on regarde l’Europe, on voit… Spotify« .

Notre autonomie est donc en danger car nous n’avons pas d’équivalent de taille, et les réglementations sur la protection et l’utilisation des données peuvent représenter un frein nous empêchant de concurrencer les américains et chinois[10]. Laurent Alexandre explique ce qui nous attend : « si l’Europe n’a pas l’équivalent des GAFA ou des BATX, nous allons être très pauvres dans 50 ans. L’Europe est pratiquement absente de la principale source de création de richesse du XXIème siècle, l’intelligence artificielle. On va donc être vassalisés, on va être colonisés, et surtout, on va être pauvres. (…) Si on est absents de l’économie moderne, on va devenir un continent sous-développé dans quelques décennies. »[11] Autrement dit les opportunités que permettent l’IA seront réservés aux Américains et Chinois, exit les européens. PwC a d’ailleurs calculé que « 70% des retombées économiques (de l’IA) à l’échelle de la planète » [12] seront pour l’Amérique du Nord et la Chine.

Le vieux continent a besoin de preuve pour croire qu’il peut être mis sur la touche. Qui aurait pu imaginer que Nokia, européen, et fleuron mondial des télécoms, allait subir une telle décadence ? Personne. Pour l’IA c’est exactement pareil. Si on ne prend pas le train pendant qu’il est encore à quai, il partira sans nous. C’est un peu ce que nous dit Roland Berger : d’ici à 2025, si l’Europe rate le coche de la transformation digitale, c’est 605 milliards d’euros de gains perdus versus 1 250 milliards d’euros de gains potentiels si l’Europe y arrive[13].

 

Conclusion

L’Homme commence à prendre conscience qu’il peut être dépassé par la machine, celle-ci le dépassant déjà dans plusieurs domaines[14] (rapport de l’Artificial Intelligence Index). Prenons l’exemple des champions Kasparov (échecs) et Lee Sedol (Go) battus contre les IA Deepblue et AlphaGo.

Les prochaines évolutions dans le monde seront encore plus spectaculaires : démocratisation de la voiture autonome, progrès de la reconnaissance visuelle et vocale, une IA capable de créer d’autres IA (projet AutoML de Google), un cerveau augmenté avec des micro-processeurs dans celui-ci comme le veut Elon Musk, etc.

Enfin, j’aime citer Nick Bostrom (qui a écrit le livre “Superintelligence”) quand il dit : « En connaissant le pire, il est ainsi plus facile de l’éviter ». L’IA ne peut pas être empêchée, mais doit être encadrée (cf. les Trois lois de la robotique d’Isaac Asimov) sans pour autant limiter son développement face aux Américains et Chinois. Les opportunités qui en découlent sont extraordinaires pour notre génération.

[1] Norme ISO/IEC 2382-28:1995

[2] https://blog.businessdecision.com/bigdata/2017/09/intelligence-artificielle-data-science/

[3]https://www.huffingtonpost.fr/2015/09/13/futur-intelligence-artificielle-humanite-immortalite-25-ans-2040_n_8123014.html

[4] Chatbot ; jeux vidéos ; médecine ; reconnaissance vocale et visuelle ; robotique

[5] https://usbeketrica.com/article/elon-musk-intelligence-artificielle-dangers

[6] https://iatranshumanisme.com/2017/09/03/intelligence-artificielle-dimensions-socio-economiques-politiques-et-ethiques/

[7] https://www.contrepoints.org/2017/12/04/304629-laurent-alexandre-nos-enfants-complementaires-intelligence-artificielle

[8] https://www.lesechos.fr/20/04/2017/LesEchos/22429-145-ECH_l-ia-entre-dans-notre-quotidien.htm

[9] https://www.pwc.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/2017/juillet/intelligence-artificielle-un-potentiel-de-15700-milliards-de-dollars.html

[10] https://www.zdnet.fr/actualites/la-guerre-de-l-ia-annonce-t-elle-l-ere-glaciaire-pour-la-vie-privee-39860150.htm

[11] https://www.contrepoints.org/2017/12/04/304629-laurent-alexandre-nos-enfants-complementaires-intelligence-artificielle

[12] https://www.pwc.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/2017/juillet/intelligence-artificielle-un-potentiel-de-15700-milliards-de-dollars.html

[13] https://atelier.bnpparibas/life-work/article/transformation-digitale-industrie-opportunite-1-250-milliards-euros

[14] https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/030966213564-ces-domaines-ou-lintelligence-artificielle-depasse-deja-lhomme-2135131.php

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