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Être payé 2000 dollars… pour démissionner le premier jour !

Connaissez-vous Zappos ? C’est une firme américaine basée à Las Vegas spécialiste de la vente en ligne de chaussures pour femme. Jusque-là, rien de bien démentiel.

Sauf que cette entreprise est réputée pour un procédé pour le moins surprenant. Lorsqu’un collaborateur est embauché au sein de l’entreprise, il suit d’abord un programme intensif de quatre semaines pendant lequel il est immergé dans la culture et la stratégie atypiques de Zappos. A la fin de ce programme, le nouvel arrivé est confronté au dilemme suivant : intégrer effectivement l’entreprise, où être rémunéré pour ses quatre semaines de formation et toucher un bonus de 2000$ pour la quitter. Ce procédé n’a rien d’une lubie passagère : aux débuts de Zappos, cette prime de départ avait été fixée à 100$, pour atteindre par la suite 500$, 1000$ et donc, enfin, 2000$.

 

La culture d’entreprise comme avantage comparatif

Et devinez quoi ? Moins de 3% des néo-employés acceptent cette offre alléchante. Dès lors, comment comprendre cette stratégie de recrutement si particulière et surtout le taux extrêmement faible d’employés qui sautent sur cette occasion unique ?

Cela tient en réalité de l’ADN même de Zappos, qui a fait de sa relation client son principal avantage comparatif. La firme du Nevada va bien au-delà de son cœur de métier dans son approche : les clients reçoivent régulièrement des cadeaux personnalisés de la part des employés, qui peuvent rester parfois plusieurs heures au téléphone avec eux. Cette dévotion totale pour les clients de l’entreprise, celle-là même qui permet à Zappos d’être archi rentable depuis de longues années (au point qu’Amazon en a fait l’acquisition en 2009 pour quelque 1,2 milliard de dollars), passe donc avant tout par l’implication des employés. Ces derniers sont en effet incités à donner de leur personne pour incarner la marque, créant ainsi une relation extrêmement privilégiée avec les clients.

Par conséquent, l’erreur de casting dans la sélection des profils est tout à fait proscrite. Pour s’en prémunir, Zappos a donc trouvé cette parade : si l’employé accepte l’offre, c’est que sa vision des choses ne correspond pas aux valeurs de l’entreprise, et donc qu’il aurait fini par décevoir. Or, de manière générale et a fortiori pour Zappos, un recrutement raté peut coûter très cher (même si cela est difficilement quantifiable, certaines études évoquent quelques centaines de milliers de dollars pour les grosses entreprises).

 

Une redéfinition de la relation employeur-employé ?

Il y a quelques mois, nous avons relayé les résultats d’une enquête menée par Boston Consulting Group, l’IPSOS et la Conférence des Grandes Ecoles qui mettait en exergue l’importance des valeurs de l’entreprise ainsi que du « sens » et de l’intérêt de leur travail pour les diplômés actuels français. Toujours selon cette étude, les jeunes actifs hautement diplômés aspirent également à un management moins pesant hiérarchiquement et plus collaboratif.

De l’autre côté de l’Atlantique, Zappos s’inscrit précisément dans cette nouvelle perception du travail. Sa force réside dans le fait que ses employés prennent des initiatives et jouent le « dépassement de fonction ». Cela suppose nécessairement qu’ils adhèrent aux valeurs de l’entreprise et que le salaire ne soit pas leur seule motivation. L’entreprise a même poussé cette logique à son paroxysme en supprimant quasiment toute organisation hiérarchique en son sein, ce qui oblige chaque employé à être sans cesse force de proposition.

Si ce nouveau mode d’organisation rencontre aussi certaines limites, comme le précise cet article très intéressant paru dans Libération, Zappos présente tout de même l’intérêt de poser les jalons d’une véritable réflexion autour du rôle du travail et de son lien avec une vie épanouie. Son CEO, qui bien que milliardaire a choisi de vivre dans une caravane entouré de ses alpagas de compagnie, a d’ailleurs écrit un livre à ce sujet, intitulé « L’entreprise du bonheur ».

Le succès de Zappos fera-t-il des émules ? Si les codes de l’entreprise évoluent lentement, une entreprise au moins a franchi le pas depuis : quelques années après avoir racheté Zappos, Amazon a décidé de payer jusqu’à 5000$ les employés qui choisiraient de faire leurs cartons.

 

 

 

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