Scandale SAT
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Ces écoles qui paient pour améliorer leur sélectivité

Pour avoir une chance d’entrer à l’université, les étudiants américains doivent passer le SAT (Scholastic Assessment Test), afin d’évaluer leur niveau. Mais au fur et à mesure des années, cet examen a été de plus en plus décrié. Après l’affaire sur les admissions qu’ont connu les États-Unis au printemps 2019, voici qu’un nouveau scandale sur le SAT vient d’éclater. Explications.

 

Printemps 2019, de nombreuses célébrités se retrouvent au cœur d’un scandale concernant l’admission dans les grandes universités américaines. Certaines d’entre elles avaient payé William Rick Singer pour falsifier les scores de leurs enfants au SAT et ainsi améliorer les chances de leurs enfants d’intégrer une prestigieuse université.

 

Nouveau coup scandale pour le SAT

En cette fin d’année, le SAT est encore au cœur de la tourmente. En cause : College Board. Cet organisme à but non lucratif est l’heureux propriétaire du SAT. Et si la vocation première de cette entité n’est pas de s’enrichir, il faut avouer qu’elle a beaucoup de mal à ne pas cacher son vrai dessein.

49,50$ : c’est le prix que vous coûtera l’examen. Il faudra ajouter 15$ pour passer le SAT avec dissertation (une solution qui permet d’être mieux vu par les universités), 15$ supplémentaires sont demandés pour s’enregistrer par téléphone. Les candidats devront débourser 15$ pour obtenir les résultats par téléphone et 31$ pour avoir accès à des résultats archivés. Cependant, il est important de noter que College Board archive les résultats au bout de 9 jours.

La partie QCM du SAT est corrigée par une machine, tout comme la dissertation. Pour avoir droit à un correcteur humain, le candidat devra débourser 55$, mais il n’aura plus accès à ses résultats en ligne (on ne peut pas tout avoir !). Il en coûtera également 55$ pour qu’un humain relise votre dissertation.

 

Payer pour être mieux ranké !

Tous ces frais engrangés grâce aux candidats qui veulent booster leur chance de rentrer à l’université n’étant pas suffisants pour College Board, l’organisme a décidé de toquer à la porte des universités. Ainsi, depuis plusieurs années, il vend pour 47 centimes de dollar les coordonnées de tous ceux qui passent le SAT à de nombreux établissements à travers les États-Unis. Les universités envoient des formulaires de candidature aux personnes dont elles ont acheté les coordonnées, pour pouvoir ensuite rejeter leur demande.

 

Quel est l’intérêt ? De prime abord, il peut être compliqué de comprendre pourquoi des universités paient pour obtenir des informations à propos de candidats qui n’ont clairement pas le niveau pour intégrer leur établissement. Pour avoir une chance de comprendre cette astuce, il faut déjà se pencher sur la manière dont fonctionne le SAT.

Aux États-Unis, le SAT fonctionne comme un concours d’entrée en Grande École. Plus le score du candidat est haut, plus il peut intégrer des établissements prestigieux, ou elite schools, voire même des établissements de la fameuse Ivy League. Le niveau des candidats au SAT est directement corrélé au niveau de l’université et donc de ses diplômés. Et la boucle est bouclée !

Il y a donc un intérêt à être très regardant sur le niveau de ceux qui souhaitent rejoindre les établissements, car cela permet d’atteindre un meilleur niveau dans les classements. Et c’est là que tout se joue ! Si les universités n’ont pas toujours la main sur tous les critères d’un classement (ou n’ont qu’une faible emprise sur ces critères), elles peuvent facilement influencer un critère qui est très important pour elles : la sélectivité !

Concrètement, rejeter des candidats malheureux qui ont passé le SAT permet ensuite d’être considéré comme une université sélective. Prenons le cas de Vanderbilt University. En recevant un nombre important de candidature et en les rejetant massivement, l’établissement a pu afficher un taux d’admission de plus en plus faible au fur et à mesure des années. Il est passé de 46% en 2002 à 11% en 2017, laissant supposer au passage que le prestige de l’université s’est considérablement renforcé.

 

Faut-il abandonner le SAT ?

Beaucoup d’acteurs de l’écosystème se posent la question actuellement. De nombreuses universités ont abandonné le SAT comme critère de sélection à l’entrée. Une association angelena (gentilé de Los Angeles – vous venez d’apprendre quelque chose !) pour les droits civils fait pression sur l’Université de Californie pour qu’elle arrête de se baser sur le SAT pour ses recrutements. Cette proposition est actuellement en cours d’étude au sein de l’administration.

En tout près de 50 écoles et universités dont deux de la Ivy League ont laissé tomber cette méthode d’admission entre septembre 2018 et septembre 2019. D’autres établissements ont fait le choix de rendre le SAT optionnel. C’est notamment le cas de la moitié des écoles d’art. En tout, ils sont 360 à avoir choisi de ne plus se baser uniquement sur le score SAT pour recruter les étudiants.

En réalité, beaucoup jugent que le SAT favorise avant tout les étudiants les plus fortunés (capables de s’offrir des cours particuliers) et ne permet pas réellement de prédire leurs performances scolaires. Wake Forest a tenté l’expérience en 2009. L’école a décidé de rendre optionnel le SAT pour être admis et a constaté une hausse de la diversité dans le profil de ses étudiants de 90% par rapport à l’année précédente. Autre constat : il n’y a aucune baisse dans le niveau académique des candidats recrutés.

 

Tests d’admission : un problème de diversité ?

Le SAT n’est pas le seul examen a subir le feu des critiques. Beaucoup d’établissements abandonnent également ACT, un test similaire. Encore une fois, les universités ont majoritairement laissé tomber cette méthode d’admission pour attirer des profils plus divers au sein de leur établissement. Brown a également abandonné le GRE comme système de sélection pour 24 de ses programmes doctoraux, tout comme Princeton qui n’oblige plus les candidats de 14 de ses graduates, à passer le GRE et, ce, toujours pour les mêmes raisons.

Les représentants des organismes qui déploient ces examens regrettent bien sûr ces décisions. Un porte-parole d’ACT expliquait que ce test était le seul élément d’admission qui permettait d’avoir des informations standardisées sur des étudiants qui proviennent d’écoles et de zones géographiques différentes, un moyen de tous les mettre au même niveau.

Problème : les candidats ne sont pas tous égaux face aux examens. Certains peuvent se préparer mieux que d’autres, notamment quand on sait que l’accès à des annales est parfois payant pour certains tests. Ainsi, la seule standardisation qui s’effectue grâce à ces examens serait celle des profils recrutés : des candidats tous plutôt aisés qui ne s’interdisent pas de payer l’accès à plus d’exercices et à des professeurs particuliers.

 

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